Australie : la filière du lait est en crise

Le prix du lait dégringole au niveau mondial et les producteurs australiens en font les frais. Il y a un mois, les deux principales coopératives ont brutalement baissé les prix versés aux éleveurs. Le secteur est donc en crise et en pleine campagne électorale, le gouvernement décide d'intervenir.
Un demi-milliard de dollars : c'est la dotation du programme d'aide aux producteurs annoncé par le gouvernement libéral. Ils pourront emprunter à taux réduits (2,66% au minimum) jusqu'à un million de dollars pour leur permettre de rembourser leurs dettes. Pour le ministre de l'Agriculture, Barnaby Joyce, c'est ce dont les éleveurs ont besoin :
 
« Qu'il s'agisse de prêts à taux réduits, d'argent mis sur la table ou bien de mise à niveau des infrastructures d'irrigation, tout cela va aider les fermiers à survivre à cette crise. Et cette crise prendra fin, parce qu'il n'y a pas de ralentissement de la demande au niveau mondial, il y a surproduction en Europe et ça va se résoudre. Nous allons nous assurer que les producteurs de lait australiens travaillent non seulement pour notre pays, mais aussi pour exporter à l'étranger. »
 
Il y a, effectivement, surproduction, mais aussi une contraction de la demande de la Chine et de la Russie. Or, l'Australie exporte principalement vers la Chine et le Japon.
 
Pour aider les producteurs, le gouvernement met aussi à leur disposition neuf conseillers financiers et va créer un indice des prix du lait pour que les fermiers puissent anticiper.
 
Mais cette annonce du gouvernement ne satisfait pas les producteurs. Ils sont des centaines à avoir manifesté aujourd'hui à Melbourne, Adélaïde et Brisbane pour obtenir l'imposition d'une taxe sur les bouteilles de lait. Alex Roberston est vice-président du groupe Farmer Power :
 
« Venir et dire aux fermiers 'écoutez, on va vous permettre d'emprunter à bas coût', c'est juste une insulte. Ces gens ne peuvent pas emprunter davantage, ils sont au bout du rouleau. Le gouvernement peut choisir de mettre la main à la poche et gaspiller de l'argent pour une cause perdue ou bien imposer une taxe, ne pas jeter de l'argent par les fenêtres et laisser les choses se réguler. »
 
La crise concerne des centaines d'éleveurs qui vendent leur lait à Murray Goulburn, la première coopérative laitière australienne, et à Fonterra, l'autre grande du secteur. Fin avril, Murray Goulburn a annoncé qu'elle ne verserait plus 5,60 dollars par kilo de matière sèche, mais 5 dollars. Quelques jours plus tard, Fonterra a suivi le mouvement. Et ce nouveau prix est rétroactif : les producteurs devront rembourser les « trop-perçus » depuis juillet dernier, ce qui équivaut bien souvent à des milliers de dollars.

La population australienne s'émeut des problèmes rencontrés par ses fermiers. Dans les supermarchés, les consommateurs portent leur choix sur les briques de lait les plus chères. Et une pétition en ligne appelant le gouvernement à aider les producteurs de lait a recueilli 160 000 signatures. Cette pétition a été lancée par une adolescente de 16 ans, Chloe Scott :
 
« Le mieux que l'on puisse faire, c'est de s'assurer que d'ici deux mois, il n'y aura plus de litre de lait en vente à 1 dollar sur les étals des supermarchés. »
 
Les fermiers affirment que ces 12 prochains mois, il leur coûtera plus cher de produire du lait que de le vendre.