Des « écoles sûres » : c'est le nom d'un programme mis en place dans 500 établissements australiens pour promouvoir la tolérance envers les élèves homosexuels, lesbiennes, bisexuels et transgenres. Des élus conservateurs font pression sur le Premier ministre pour qu'il suspende le projet.
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C'est Tony Abbott qui avait lancé ce programme « des écoles sûres » lorsqu'il était Premier ministre. Aujourd'hui, il a signé une pétition demandant qu'une enquête parlementaire soit menée et que le programme soit mis sur pause en attendant ses conclusions.
Le mois dernier, pourtant, Malcolm Turnbull avait fait un geste envers les élus les plus conservateurs en acceptant d'ordonner une révision de Safe schools. Le rapport doit être publié très bientôt, mais George Christensen, député conservateur du Queensland, ne veut pas attendre. C'est lui qui est à l'origine de la pétition. Il affirme que des parents sont inquiets :
« Des parents sont venus me voir, ainsi qu'un enseignant qui travaille dans une école qui offre ce programme. Les gens sont inquiets, et je pense que le gouvernement devrait demander l'avis des parents, des professeurs et de tous ceux qui sont concernés. »
Le programme aide les enseignants à lutter contre l'homophobie et à aborder la question de la diversité sexuelle avec les élèves pour éviter toute discrimination au sein des écoles. Mais pour George Christensen et les autres élus qui ont signé sa pétition, Safe schools distille une « idéologie arc en ciel » dans les écoles.
Cette polémique révèle aussi les dissensions qui existent au sein de la majorité, puisque de nombreux élus libéraux sont favorables au programme. C'est le cas d'Ewan Jones :
« Ma femme est enseignante, mon frère était prof. De nombreux amis de ma femme sont enseignants. Ils voient ça comme un outil qu'on leur donne et qu'ils peuvent utiliser comme ils le souhaitent pour faire au mieux au sein de leurs écoles, auprès de leurs classes et pour les élèves. Est-ce que je suis d'accord avec tout ce qu'il y a dans le programme ? Non. Je pense qu'il y a des choses inappropriées, mais je ne veux pas l'interdire, je ne veux pas empêcher les enseignants d'avoir accès à un maximum d'informations pour qu'ils puissent prendre ensuite la meilleure décision possible. »
Du côté des travaillistes et des verts, aucune voix discordante ne s'est fait entendre jusqu'à présent : tous soutiennent ce programme. Robert Simms est sénateur écologiste :
« Je n'ai pas fait mon coming-out avant d'avoir une vingtaine d'années, et je pense que c'est en partie parce que ça n'a pas été facile à l'école, pour moi. L'idée de multiplier les enquêtes sur ce programme jusqu'à obtenir le résultat que vous souhaitez fait du tort à la santé et au bien-être des jeunes LGBT (lesbiennes, gay, bisexuels, transgenres), c'est vraiment atterrant. »
Cet après-midi, le Premier ministre, Malcolm Turnbull, a invité tous les membres du Parlement à « faire attention aux mots qu'ils choisissent et à garder en tête l'impact que leurs déclarations peuvent avoir sur des jeunes et leurs familles ». Il ne s'est, en revanche, pas exprimé sur le fond du débat.