Australie-Papouasie-Nouvelle-Guinée : un traité de sécurité bilatérale pour contrer l'influence chinoise

Anthony Albanese, le Premier ministre australien (à droite) s'est rendu en Papouasie Nouvelle-Guinée le 12 janvier 2023. Il a pu échanger avec le premier ministre du pays, James Marape (à gauche) concernant le traité de sécurité.
Canberra devrait signer d’ici quelques mois un traité de sécurité avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée. L’annonce a eu lieu lors de la visite du Premier ministre australien à Port-Moresby, à la mi-janvier. Les liens entre les deux pays sont anciens.

Visite historique en Papouasie-Nouvelle-Guinée pour Anthony Albanese, le Premier ministre australien, avec à la clef, une annonce importante : les deux pays vont finaliser un traité de sécurité bilatérale d'ici fin avril. Le texte serait signé en juin. "L’une des choses que cela permettra de faire, est d'accroître l'interopérabilité [ndlr : la capacité à communiquer] entre nos deux forces de défense. Il s'agira également d'accroître les échanges, de s'entraider et d'apprendre les uns des autres" a-t-il dit.

Des amis de longue date

Cela confirme une entente cordiale et ancienne entre Port-Moresby et Canberra, symbolisée par un discours du chef du gouvernement australien devant le parlement papou. Une première pour un dirigeant étranger. Pour Anthony Albanese, c'est un moment qu'il considère comme "l’un des honneurs de sa vie." Face aux parlementaires, il a chaleureusement souligné l’amitié entre les deux peuples.

Nous sommes des amis. Nous sommes des compagnons. Nous sommes des partenaires. Nous sommes égaux. Nous sommes des voisins qui se tiennent les uns aux autres et qui s'entraident en cas de besoin.

Anthony Albanese, Premier ministre australien

Le poids de l’aide économique australienne à la Papouasie-Nouvelle-Guinée

La coopération économique va aussi se développer. L'Australie est déjà le principal donateur d'un pays qu'elle a administré avant qu'il n'accède à l'indépendance; c'était en 1975. La Papouasie-Nouvelle-Guinée est aussi le premier bénéficiaire des fonds d’aide australiens : plus de 387 millions d’euros, soit environ 46,5 milliards de francs CFP; c’est 30% de l’aide de Canberra dans le Pacifique. De son côté, le secteur privé australien a investi plus de 22 milliards d’euros, soit 2655 milliards de francs CFP. "Pour que la PNG puisse participer à une région indo-pacifique plus sûre, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, elle-même, doit être plus forte économiquement" a indiqué James Marape, le Premier ministre papou. 
 

Une PNG meilleure, plus forte et plus sûre, c'est une Australie meilleure, plus forte et plus sûre dans la région indo-pacifique. On ne peut pas parler de l'Indo-Pacifique sans faire progresser l'agenda de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, car nous sommes au cœur et au centre de cette confluence, la confluence indo-pacifique.

James Marape, Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée

Contrer l’influence grandissante de la Chine dans la région

Le Premier ministre australien.

Pour le gouvernement papou, il n’est pas question de couper les ponts, en particulier économiques avec la Chine. Le sujet est sensible… car de fait, à travers cette coopération et ce traité de défense, Canberra veut aussi contrer l’influence grandissante de Pékin dans la région. Notamment depuis que l’Empire du Milieu a signé un pacte de sécurité avec les Iles Salomon en 2022. L'inquiétude des Occidentaux est bel et bien présente, ils craignent que cela ouvre la voie à une présence militaire dans la région. Même si la tension entre l’Australie et la Chine a baissé, il n’est pas question de baisser la garde. 
 
"Nous avons tous un rôle à jouer dans la réalisation de cette vision et, dans ce contexte, tous ceux d'entre nous qui servent en tant que parlementaires ont une occasion unique et une responsabilité particulière de défendre la démocratie dans laquelle ils servent" a confié Anthony Albanese.

L'Australie entretient des relations de longue date, notamment en matière de défense, avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée. En octobre 2022, l'île-continent avait déjà conclu un traité de sécurité avec le Japon; puis avec le Vanuatu en décembre. Dans la région, la liste des pays concernés par ce type d’accord avec Canberra devrait encore s'allonger.