La crainte de la Chine rapproche le Japon et l'Australie autour d'un pacte de sécurité

Le pacte de sécurité vieux de 15 ans entre le Japon et l'Australie a été ressorti et réajusté en fonction de la rivalité sino-américaine.
L'Australie et le Japon ont signé samedi un pacte de sécurité destiné à contrer la montée en puissance militaire de la Chine. Un vieil accord de 15 ans a été remanié incluant entre autres le renforcement de leur coopération militaire et énergétique dans le contexte géopolitique actuel.

En visite en Australie, le Premier ministre japonais Fumio Kishida a rencontré son homologue Anthony Albanese à Perth (ouest) pour remanier l'accord vieux de 15 ans, rédigé à une époque où attaques jihadistes et prolifération des armes représentaient les principales préoccupations.
"Cette déclaration historique envoie un signal fort à la région sur notre alignement stratégique", a déclaré M. Albanese, saluant le pacte signé entre les deux pays.

Les Premiers ministres australien et japonais regardent dans la même direction, celle de la Chine.

Sans toutefois citer directement la Chine et la Corée du Nord, le Premier ministre japonais a qualifié l'accord de réponse à un "environnement stratégique de plus en plus dur".
Il s'agit de la première visite d'un Premier ministre japonais en Australie depuis 2018.
Les deux nations du Pacifique devraient se concentrer en particulier sur le partage des signaux et renseignements géospatiaux glanés à partir de satellites d'écoute électronique ou SIGINT (SIGnal INTelligence).

Aucun des deux pays ne dispose actuellement de vastes réseaux de renseignements étrangers, comme la CIA américaine ou la DGSE française.
Bryce Wakefield de l'Australian Institute of International Affairs estime que Tokyo et Canberra disposent toutefois tous deux de moyens sophistiqués en matière de collecte d'informations par interception des communications.

L'accord pourrait aussi servir selon lui de modèle au Japon pour développer des liens de sécurité plus profonds avec des pays comme la Grande-Bretagne.

Le pacte est également considéré comme un pas supplémentaire vers l'adhésion du Japon à la puissante alliance dite "Five Eyes" dans le renseignement entre l'Australie, la Grande-Bretagne, le Canada, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis.

Les deux Premiers ministres tenant chacun un koala, symbole de douceur.

Mais des obstacles subsistent. Par le passé, une coopération plus étroite a été entravée par des préoccupations de longue date concernant la capacité de Tokyo à traiter des documents confidentiels sensibles et à les transmettre en toute sécurité.
Les Premiers ministres Kishida et Albanese se sont engagés à renforcer leur coopération militaire et énergétique.

Le Japon est un important acheteur de gaz australien et il a largement parié sur l'énergie hydrogène produite en Australie.
Le pacte de sécurité signé entre Tokyo et Canberra en 2007, lorsque Pékin était beaucoup plus faible militairement et moins affirmé dans ses relations avec le monde, a également été renforcé.

Depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping, l'armée de Pékin est devenue beaucoup plus forte et sa posture plus agressive.
Au cours de la décennie de règne de Xi Jinping, la Chine a fait de son armée l'une des plus puissantes au monde et a amassé un arsenal nucléaire et balistique.