Australie : un policier acquitté pour le meurtre d'un adolescent aborigène

Le procès a dû être reporté plusieurs fois à cause de la crise sanitaire.
Un policier australien jugé pour le meurtre d'un adolescent aborigène a été acquitté vendredi, une décision qui a suscité la colère des proches de la victime et de membres de sa communauté.

Zachary Rolfe, 30 ans, était accusé du meurtre de Kumanjayi Walker, abattu de trois balles lors de son arrestation en 2019 dans une ville reculée de l'Outback australien. Cette affaire avait entraîné une vague de manifestations.


Vendredi, un jury de Darwin a déclaré à l'unanimité le policier non coupable du meurtre de M. Walker, 19 ans, estimant que les trois coups de feu tirés étaient légitimes. "Nous sommes profondément attristés et déçus", a déclaré à la presse Samara Fernandez-Brown, la cousine de la victime, disant avoir le sentiment que le procès n'a pas été "équitable".

C'est un encore un jour triste. Je dis simplement: quand allons-nous obtenir justice? Quand?

Ned Jampijinpa Hargraves, un membre de la communauté. 

A sa sortie du tribunal, le policier s'est réjoui de ce verdict. "Beaucoup de gens souffrent aujourd'hui - la famille de Kumanjayi et sa communauté - et il n'était pas nécessaire d'en arriver là", a-t-il ajouté.

Blessé avec une paire de ciseaux

Lors du procès, qui a duré quatre semaines, le jury a entendu plus d'une quarantaine de témoins afin d'établir si la réaction du policier avait été ou non appropriée lors de l'arrestation.
Au lieu de mettre ses mains dans le dos, le jeune homme aurait blessé l'agent à l'épaule avec une paire de ciseaux et une bagarre se serait engagée, au cours de laquelle Zachary Rolfe a fait feu.
L'accusation a fait valoir que le premier tir avait neutralisé Kumanjayi Walker et que le policier n'aurait pas dû tirer une deuxième et troisième fois.

Aucun policier condamné jusqu'ici dans ce type d'affaires

Le jury s'est rangé du côté de la défense, qui a notamment fait valoir que le policier avait ainsi réagi car il craignait que son partenaire ou lui-même ne soient tués par l'"arme tranchante" brandie par le jeune homme.

Plus de 500 aborigènes et insulaires du détroit de Torres sont morts en garde à vue depuis 1991, date à laquelle des registres détaillés ont été établis, dont onze au cours des sept derniers mois. Jusqu'à présent, aucun policier n'a jamais été condamné dans ce type d'affaires.