L'Australie veut investir dans des usines à charbon "propre"

Josh Frydenberg affirme que l'Australie encourage à aller vers la technologie du charbon "propre".
Depuis quelques mois, ce terme revient chaque fois qu’il est question de production d'énergie. A l’origine, on doit cette expression à une opération de marketing lancée par l'industrie du charbon pour désigner les centrales où les émissions de CO2 seraient capturées et stockées. 


Il n’existe aucune centrale de ce type en Australie ... pour le moment. Pour autant, le Premier Ministre australien a annoncé mercredi que le gouvernement avait investi 590 millions de dollars dans le charbon propre depuis 2009. "Nous avons tout intérêt à démontrer que nous pouvons fournir à la fois des émissions plus faibles et une puissance de base fiable grâce à une technologie de pointe de charbon propre", a-t-il déclaré.
 
Des centrales à « charbon propre » désignent les usines qui fonctionnent à une température plus élevée et produisent environ 25% d’émissions en moins. 25% de CO2 en moins par rapport aux centrales les plus polluantes. Car il faut garder à l’esprit que les centrales à charbon dites propres, sont en réalité moins sales. Elles produisent encore environ 740kg de CO2 par Mega Watt heure – soit presque deux fois plus que des centrales thermiques au gaz qui, elles, libèrent environ 400kg de CO2 par Mega watt heure. Et beaucoup plus que l’éolien et le solaire qui n’en produisent aucun.
 
Le développement de centrales à charbon plus efficaces et moins polluantes devrait faire partie du futur mix énergétique, mais seul, il ne permettra pas à l'Australie ou au monde de respecter les objectifs du changement climatique. Il faut aussi garder à l’esprit que le coût du réaménagement des centrales au charbon vieillissantes de l'Australie en centrales à haut rendement et à faible émission d'énergie serait énorme. Cela s’en ferait ressentir sur le portefeuille des contribuables. De plus, Les banques se méfient du financement de nouvelles centrales au charbon à un moment où la pression monte sur les prêteurs pour se détourner des combustibles fossiles, Turnbull et ses ministres ont indiqué que le gouvernement pourrait les financer. Il faut dire que le pays a récemment retrouvé sa foi dans ce minerai. Notamment, en décembre, le ministre de l'Environnement, Josh Frydenberg avait donné son feu vert à l'agrandissement du port d'Abbott Point, situé sur la côte du Queensland pour exporter le charbon extrait du Bassin de Galilée.
 
Frydenberg a déclaré aujourd’hui que la technologie du charbon propre était utilisée dans toute l'Asie, avec plus de 700 centrales dites de charbon propre construites en Inde. "L'Australie, en tant que plus grand exportateur de charbon au monde, devrait examiner comment nous pouvons mettre en œuvre des technologies similaires", a-t-il déclaré.
 
Le ministre a aussi affirmé que les énergies renouvelables continueraient à jouer un rôle sur le marché australien, mais a appelé à plus d'investissements dans le stockage d'énergie de remplacement. Il a aussi ajouté que le gouvernement restait déterminé à atteindre son objectif en matière d'énergie renouvelable en 2020.
 
Pour la directrice de l’ONG indépendante du Conseil du climat australien, Amanda McKenzie, le système énergétique australien est vieux et inefficace, et il s'agit d'investir dans de nouvelles centrales électriques. " Les énergies renouvelables sont maintenant moins chères à construire que les nouvelles centrales au charbon ", a-t-elle déclaré.