Les tensions entre Athènes et Ankara se sont aggravées depuis le lancement en août d'une campagne turque de prospection gazière dans une zone contestée de Méditerranée orientale riche en hydrocarbures. Grèce, France et Italie ont procédé récemment à des manœuvres militaires dans ce secteur. Eric Trappier, président-directeur général de Dassault Aviation, s'est réjoui du choix d'Athènes, "qui conforte, dit-il, la relation exceptionnelle que nous entretenons avec la Grèce depuis près d’un demi-siècle afin d’assurer sa souveraineté et sa sécurité". Simple coïncidence, au début de l'année 2020, un pilote de Rafale, originaire de Nouvelle-Calédonie, avait participé à un exercice de défense organisé avec l'armée de l'air grecque.
LARCO et la SLN, au temps de l'alliance franco-grecque du nickel
Avant l’achat des Rafale, la France et tout particulièrement la Nouvelle-Calédonie avaient contribué à la reconstruction de l’industrie métallurgique grecque. À Larymna, une petite ville côtière au nord d’Athènes, il ne restait plus rien de l’usine métallurgique détruite par l’armée allemande durant sa retraite en 1944. Pratiquant la politique de la terre brûlée, la Wehrmacht avait fait sauter les installations du complexe industriel. Les liens de longue date qui existaient entre l'Ecole des mines de Paris et celle d'Athènes allaient permettre de tout reconstruire, avec l'expertise de métallurgistes calédoniens de la SLN.
A Larymna, des livres marqués "SLN-Nouméa"
Au début des années cinquante, des ingénieurs et des techniciens de la Société Le Nickel (SLN), venus de Nouméa, ont donc participé à la construction de la nouvelle usine grecque, en s'inspirant des plans établis pour l’usine de Doniambo en Nouvelle-Calédonie. Que les deux grandes structures de métal aient un air de famille n'est pas étonnant. Au milieu des champs d'oliviers, dans la bibliothèque de leur usine, les Grecs conservent précieusement des ouvrages de géologie minière en français, portant le cachet "SLN Nouméa". Des livres offerts par les ingénieurs et métallurgistes calédoniens au moment de leur départ à la fin des années cinquante. Jusqu'en 1974, la compagnie minière et métallurgique grecque LARCO a été une filiale de la Société Le Nickel (SLN) qui deviendra ERAMET-SLN en 1985.Ici, en Grèce, la mémoire ouvrière a transmis cette histoire commune entre LARCO et la SLN, celle des métallurgistes grecs et calédoniens qui ont travaillé ensemble. Les collègues de la SLN sont restés plusieurs années et nous ont accompagné dans la reconstruction de notre usine, nous utilisons d’ailleurs le même procédé métallurgique pour produire le ferronickel.
Aujourd’hui, LARCO fait face aux mêmes difficultés que la SLN, confronté à un endettement de plus de 500 millions d’euros. Un administrateur judiciaire a été nommé, il s’efforce de trouver des investisseurs et des pistes pour sauver le plus grand producteur de nickel d’’Europe. LARCO pourrait se lancer dans le production d'alliages intermédaires. La demande et les prix pour les "mattes de nickel" sont élevés.