Avec ou sans sucre, les effets désastreux des sodas sur la santé

Des boissons sucrées en Nouvelle-Calédonie.
En Nouvelle-Calédonie, le diabète, causé par l’excès de sucre, est la première cause de longue maladie. Et les boissons sucrées ou édulcorées sont particulièrement dans le collimateur des autorités de santé. Explications.

En 2013, la loi "Lurel" mettait en lumière les taux de sucre vertigineux des sodas vendus en Outre-Mer : jusqu’à 30 % de plus qu’en Métropole. Bien que le texte n’ait jamais été étendu à la Nouvelle-Calédonie, les fabricants assurent mener depuis cette date une politique de réduction du taux de sucre dans les produits qu’ils fabriquent. 

"On dépend des recettes internationales pour les marques internationales que l’on produit localement, explique Marie-Amélie Molia, de la GBNC. Un certain nombre d’entre-elles sont déjà inscrites dans cette démarche et ça peut aller parfois jusqu’à 50% de réduction du taux de sucre dans les recettes." Pour les marques locales, la GBNC assure avoir également adopté cette démarche, avec des réductions de sucre de l’ordre de 40 à 45%.

La société Le Froid, qui est le producteur notamment de Coca Cola, n’a pas souhaité nous répondre. 

Attention aux substituts du sucre

Pour pouvoir diminuer le taux de sucre, beaucoup de marque utilise des substituts. C’est le cas sur les boissons « sans sucre » ajouté qui contiennent par exemple des édulcorants E950 (aspartame) et E951 (acésulfame). 

Or, ces produits chimiques, même s’ils n’augmentent pas le taux de sucre dans le sang, sont dangereux pour la santé. "Les édulcorants sont aussi des produits sucrants qui vont avoir l’avantage de ne pas faire monter la glycémie, explique Emilie Simonet, diététicienne, mais malheureusement ces substances chimiques de synthèse vont entretenir les envies de sucre et également ouvre l’appétit. Donc ça pousse à grignoter derrière. "

Non seulement ces édulcorants ouvrent l’appétit et entretiennent une appétence pour le sucré, mais en plus ils entraînent un risque accru de cancer, selon l’Inserm. Boire des boissons sucrées, ou des sodas, est donc une habitude dangereuse pour la santé. "On a vraiment de grosses problématiques de santé actuellement, poursuit Emilie Simonet, avec des gens qui deviennent diabétiques de plus en plus jeunes, parce que finalement dès le plus jeune âge, on propose ces boissons aux enfants alors qu’ils n’ont pas besoin de ça. Les sodas, ce ne sont pas des jus de fuit, c’est juste de l’eau avec du sucre, des colorants et des arômes. Et ça pose problème pour plus tard."

 La taxe sucre toujours pas adoptée

Depuis plusieurs années, les politiques parlent d’instaurer une taxe sur le sucre. Malheureusement, c’est pour l’instant un vœu pieux. "Partout dans le monde, il y a cette fameuse taxe sur les boissons sucrées qui va pousser les consommateurs à moins consommer, mais surtout les industriels à revoir la formulation des produits proposés à la population, note le docteur Dominique Megraoua, médecin de prévention à l’Agence sanitaire et sociale. La Calédonie a pris un peu de retard, on peut imaginer que ça fasse partie de l’arsenal des lois qui permettent aux politiques d’améliorer l’environnement et les choix des Calédoniens."

La prise en charge des personnes souffrant du diabète représente pour nos comptes sociaux, un coût de 10 milliards par an. Une nourriture plus équilibrée, et des mesures plus contraignantes pour les industriels, pourraient aider à réduire le déficit du RUAMM.

Le reportage de Brigitte Whaap et Claude Lindor :

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