Trois anciens présidents du sénat coutumier pour porter un message du Conseil national des grands chefs. Une mise au point avant la séquence présidentielle qui s’annonce. "Nous souhaitons indiquer au président Macron qu'il sera accueilli, dès son arrivée, à Tontouta par la grande chefferie de Païta, assistée de l'ensemble des grands chefs du pays, avec Inaat Ne Kanaky, afin de respecter les usages coutumiers de l'endroit", annonce Hippolyte Sinewami-Htamunu, président du Conseil national des grands chefs.
Une question de légitimité
Ce n'est pas une première. Ce fut le cas déjà lors du voyage officiel de François Hollande en 2014 avec un accueil coutumier à Tontouta. Une question de légitimité pour Justin Gaïa, membre du Conseil national des grands chefs. "L'accueil doit être fait par des gens légitimes, en ce qui concerne la légitimité coutumière, [des gens] qui sont les souverains, qui sont les chefs."
Querelle entre le sénat coutumier et le Conseil des grands chefs
De quoi relancer la querelle entre le sénat coutumier, institution née de l’Accord de Nouméa, et le Conseil des grands chefs, Inaat Ne Kanaky, institué lors du dernier congrès de Nonhoué en 2022. "Les institutions coutumières ne sont que la représentation des chefferies", poursuit Hippolyte Sinewami-Htamunu. "C'est nous qui les avons mis à ces places-là, c'est nous qui avons désigné des membres dans les aires, nous qui avons désigné aussi les sénateurs."
Les claquettes politiques hors de la case
Un problème de légitimité qui se heurte à l'institution officielle qu’est devenu le sénat coutumier depuis 1998. Un sénat que les grands chefs accusent d’être infiltré par les partis politiques. "Pourquoi les grands chefs se sont soulevés ? Parce qu'aujourd'hui, ils voient dans le Sénat coutumier, une forme d'instrumentalisation par des personnes qui sont dans les partis politiques", précise Hippolyte Sinewami-Htamunu.
"Quand on raisonne au plan politique, il y en a qui sont indépendantistes et il y en a qui sont loyalistes et la seule valeur qui nous rassemble c'est la coutume, ajoute Justin Gaïa. C'est ça la force du droit coutumier. Les vieux disaient avant que quand tu entres dans la case, tu laisses tes claquettes politiques dehors."
A la veille d’ouvrir les discussions sur l’avenir institutionnel, le Conseil national des grands chefs appelle à l’unité et revendique une place à la table des négociations.
Le reportage de Bernard Lassauce et Franck Vergès :