Baleines : faut-il mieux protéger le récif Antigonia ?

La maison du lagon propose des croisières d'observation des baleines
Le haut-fond situé au Sud de l’île des Pins abrite de nombreuses baleines en cette saison. S’il fait partie du parc de la mer de Corail, il n’est pas interdit de s’y rendre, mais des scientifiques demandent une meilleure protection de la zone.

Alors que la saison d’observation des baleines à bosses bat son plein en baie de Prony, il est une zone plus éloignée et plus secrète, où ces mammifères marins viennent se reproduire en nombre, pendant l’hiver austral. Baptisée Antigonia, ce haut-fond, situé à une centaine de kilomètres au sud-est de l’île des Pins, attire aujourd’hui quelques bateaux de croisière. Mais les scientifiques, eux, ne voient pas ça d’un très bon œil.  

Des croisières vers Antigonia

Le récif Antigonia, le biologiste marin Bastien Preuss y est déjà allé. Gérant d’un club de plongée, il organise bientôt trois excursions dans le Grand lagon Sud, avec une escale sur ce mont sous-marin exceptionnel, classé par l’IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature) comme "important marine mammal area" (zone importante pour les mammifères marins). 
Lui même scientifique, Bastien Preuss prône une gestion participative du parc naturel de la mer de Corail, incluant les prestataires touristiques. Faute de réglementation dans cette zone, il compte s’inspirer de ce qui se fait en province Sud et à travers le monde, en matière de whale watching.  
" Notre objectif, ce n’est pas du tout d’embêter la baleine et de palmer comme un dératé derrière. De toute façon, elle nage beaucoup plus vite qu’un plongeur. C’est vraiment de laisser l’opportunité à l’animal de venir s’il a envie, et pour le bonheur des plongeurs" explique Bastien Preuss.  

Antigonia se trouve au sud-est de l'île des Pins

Une activité touristique régulée ?

Protéger le récif Antigonia, le comité de gestion du parc naturel de la mer de Corail s’est déjà penché sur la question.
Le syndicat des activés nautiques et touristiques n’est pas opposé à une régulation, du moment que l’accès reste autorisé.  
" Aujourd’hui, on comprend bien qu’on ne peut pas aller en toute impunité dans ces endroits où il peut y avoir un impact avec ce genre d’activités, mais on estime que l’activité touristique, l’impact peut être moindre et régulé par le biais d’autorisations comme c’est proposé aujourd’hui pour le reste du parc naturel de la mer de Corail, si tant est que ces autorisations voient le jour pour les whale watchers et les charters du syndicat des activités nautiques" souligne Pierre-Olivier Bertheau, son coordinateur.  

Un sanctuaire pour les baleines ?

Au niveau international, Antigonia est reconnu comme une zone de grande valeur scientifique. Claire Garrigue milite pour que ce haut-fond soit sanctuarisé. 
" On sait que le lagon Sud est aussi une zone de reproduction, que le lagon Sud est relativement fréquenté par les plaisanciers et les opérateurs touristiques pour l’observation des baleines" précise la chercheuse à l’IRD. " Donc ce serait bien de laisser d’autres endroits aux baleines pour qu’elles puissent vivre leur vie en toute quiétude". 
Opération Cétacés a déjà réalisé des missions scientifiques là bas pour tenter de comprendre les raisons de cette concentration de baleines sur ce mont sous-marin.

Entre développement touristique et protection de l’environnement, le parc naturel de la mer de Corail doit encore trouver son équilibre. 
Un dossier dans lequel le nouveau gouvernement devra se replonger prochainement.