« Bombardées » en compétition au 17e FIFO

Florence d’Arthuys, auteure et réalisatrice de documentaires vivant sur le Caillou depuis deux ans, présente le documentaire à succès « Bombardées », au Festival international du film documentaire océanien (FIFO), en œuvre à la maison de la culture à Tahiti. 
Il s'agit du premier documentaire consacré aux femmes battues sur le territoire, avec un titre évocateur sur le Caillou. « Bombardées » est présenté par sa réalisatrice Florence d'Arthuys au 17e festival international du film documentaire océanien en œuvre à Tahiti.

Elle découvre le territoire il y a tout juste deux ans, pour une enquête sur le cannabis. Florence d’Arthuys, vit alors à l’année sur Paris. De son propre aveux, les six mois qu’elle passe sur le Caillou changent sa vie.
 

« J’ai littéralement été foudroyée par ce pays », Florence d'Arthuys, réalisatrice de « Bombardées ».


Elle décide alors de venir s’installer en Nouvelle-Calédonie, où elle se plonge rapidement dans ce qu’elle aime et sait faire : de longues enquêtes sur les problèmes de société. Lors du premier documentaire, elle constate la violence entraînée par l’alcool et la consommation de cannabis et voit ce que subissent certaines femmes. Ce sera son sujet : parler de ces femmes « bombardées », comme le disent les calédoniens. Une expression locale très claire, qui décrit ce qu’elles subissent, tant physiquement que psychologiquement. 

Bombardées (bande annonce) :


Enquête


Pendant plusieurs mois, elle va d’abord enquêter, vivre avec les femmes dans le seul centre de Nouméa qui les héberge, et petit à petit les convaincre de témoigner. « Il m’a fallu beaucoup de temps pour qu’elles me fassent confiance et qu’elles acceptent de parler. Elles étaient en dehors de leur environnement familial, sur un terrain neutre, ce qui les a aidées aussi ».

Dans son documentaire, on suit plusieurs de ces femmes. L’une d’entre elles a subi des violences pendant plus de quarante ans, avant de trouver le courage de partir. Une autre a été sauvée par ses enfants qui se sont couchées sur elle, empêchant leur père de continuer à frapper. Adèle raconte l’enfer : « De jour en jour, il changeait. L’alcool et le cannabis étaient comme des poisons ». Caroline ne peut plus courir, son genou est détruit, il lui a aussi cassé des doigts à la barre à mine.

Mais il y a aussi cette autre famille, qui culpabilise car ils ont vu leur proche mourir sous les coups de son mari. Maureen avait 29 ans. « On voyait les traces de bleus quand elle rentrait à la maison. On aurait pu la sauver… souffle une de ses sœurs. On culpabilise. Si seulement elle s’était ouverte à nous ! J’aimerai que les femmes brisent le tabou », explique une autre. 
 

Prise en charge


« Bombardées » montre aussi les bourreaux. À la gendarmerie de Nouméa, un homme est interrogé. « Je voulais qu’elle arrête de parler. Je l’ai frappée », reconnaît avant d’expliquer que c’est elle qui l’a provoqué : « Elle m’a dit : vas-y, vas-y », assure-t-il sous les yeux sceptiques du représentant de la loi. Celui-ci tourne son ordinateur et lui montre une photo du visage défiguré de sa femme : « Quand elle pleure, elle a les yeux qui gonflent », justifie-t-il, énervant tout à fait le gendarme. Les hommes sont quant à eux également pris en charge de leur côté, dans des groupes de paroles. 

Un premier documentaire présenté au Festival international du film documentaire océanien, qui « contribuera au réveil des consciences et encouragera les femmes à parler », espère la cinéaste.
 

« Blue boat », la pêche illégale en Nouvelle-Calédonie également en compétition

L’autre film calédonien en compétition porte sur les pêcheurs clandestins vietnamiens. « Blue boat » raconte leurs parcours. 

"Blue Boat", la bande annonce :
La cérémonie de remise des prix du FIFO se déroule ce samedi en Polynésie.