Le haut-commissaire de la République a annoncé ce dimanche, qu’il saisirait au 1er avril la chambre territoriale des comptes. Objectif : arrêter un budget 2021 pour la Nouvelle-Calédonie. Une situation inédite, qui permettra au gouvernement de faire face à ses dépenses obligatoires.
À deux semaines de la date butoir, l’annonce faite par Laurent Prévost, haut-commissaire de la République en Nouvelle-calédonie était donc inéluctable.
L'État saisira au 1er avril 2021, la Chambre territoriale des comptes, pour arrêter un budget 2021 pour le territoire. « Et c’est plutôt un service à rendre, pour que le pays puisse fonctionner le plus normalement possible sur le plan économique et financier », assure le haut-commissaire.
Le reportage de Bernard Lassauce et Claude Lindor :
Dans la classe politique les réactions sont diverses. Cette situation sans précédent, qui plus est dans une période de crise économique est ainsi diversement analysée selon les camps.
Périlleux
« On a passé une année 2020 qui était très compliquée, on avait une économie perturbée par la gestion de la crise et les événements autour de Vale. Le gouvernement a différé l'examen du budget au premier trimestre. Nous n'avions pas les éléments, pour pouvoir affirmer avec certitudes quelles étaient les recettes fiscales de la Nouvelle-Calédonie. Donc présenter un budget dans ces conditions, c'est périlleux », assure Philippe Blaise du groupe Avenir en Confiance.
Fâcheux
« Bien sûr que c’est fâcheux. Mais les circonstances sont celles que vous connaissez. Depuis le 1er janvier 2021, la Nouvelle-Calédonie n'a toujours pas voté son budget 2021. Le 31 mars, il y aura un budget de la Nouvelle-Calédonie, qui sera fait par l’État, et exécuté directement par le gouvernement que ce soit le 16e gouvernement ou le 17e gouvernement », poursuit Louis Mapou du groupe Union Nationale pour l'Indépendance.
Inquiétudes
« Nous sommes très inquiets de l’incapacité du précédent gouvernement à arrêter le budget au 31 décembre et de celle du nouveau à élire son président, pour rentrer rapidement dans l’action. Avec un budget limité, le pays va vivre des conséquences douloureuses », ajoute Philippe Dunoyer de Calédonie Ensemble.
Contactée, l’Union Calédonienne n’a pas souhaité ou pu s’exprimer ce lundi.
Urgence
Cette intervention de l’État prévue dans la loi organique revêt un caractère d’urgence, comme le rappelle le haut-commissaire. « Cela sert à ce que la Calédonie puisse fonctionner le plus correctement possible et en particulier, pour ses investissements. Parce que sinon à partir du mois d’avril, la Calédonie ne peut plus engager de dépenses d’investissements si il n’y a pas de budget arrêté ».
Ce budget à minima ne sera exécuté qu’en fonction des recettes perçues en 2020. C’est selon les sources, entre 20 et 30 milliards de francs cfp de moins que les équilibres présentés en février, lors du débat d’orientation budgétaire.