Caisse locale de retraites : les cotisations vont augmenter et les pensions baisser mais cela ne suffira pas

Les locaux de la Caisse locale de retraite, dans le centre-ville de Nouméa.
Le 1er octobre, les cotisations salariales et patronales de la fonction publique territoriale vont augmenter de 1%. Et les pensions baisser d'autant. Ce sont deux des mesures décidées par le conseil d'administration de la Caisse locale de retraites, vendredi. Elles ne suffiront pas à sortir de la crise financière.

Le déficit de la Caisse locale de retraites (CLR) est estimé à 240 millions de francs par mois. Dont 117 millions de francs pour la part structurelle. Les recettes sont devenues insuffisantes pour payer les pensions des plus de 5 000 retraités de la fonction publique calédonienne. Chaque mois, elles s'élèvent  à 1,8 milliard de francs.

La sonnette d'alarme est régulièrement tirée. La cessation des paiements annoncée. Dominique Frontier, le président du Syndicat des retraités, l'assure : "sans mesures, en novembre, on n’avait plus de pensions. Il faut être clair." Alors, vendredi, au conseil d'administration de la CLR, il a accepté de voter l'augmentation de 1% des cotisations salariales et patronales, la baisse des pensions de 1% et une révision des abattements prévus en cas de retraite prise plus tôt. Le tout à partir du 1er octobre.

Un recours disproportionné aux contractuels ?

La fédération des fonctionnaires s'est abstenue. Son représentant, Joao d'Almeida, compare la CLR à  une barque qui prend l’eau." Pour lui, avec ces mesures, "on essaie d’écoper sans jamais colmater la brèche". La brèche serait l'intégration massive de contractuels, qui cotisent à la Cafat (et non à la CLR) tout en travaillant pour la fonction publique calédonienne. Ils seraient 13 000, en CDD ou en CDI, pour 10 000 titulaires.

"Le ratio viable devrait se situer aux alentours de 2,5 ou 2,7 cotisants pour un retraité. Il est descendu à 1,7. S'il continue de diminuer, toutes les réformes qui pourront être mises en place ne serviront à rien, leurs effets seront annihilés par ces pratiques de recrutement non conformes à la loi", argumente-t-il.

C'est inconcevable de pénaliser les gens qui payent leurs cotisations alors que certains établissements publics ne les paient pas.

Christophe Coulson, président de l'UT-CFE CGC

Du côté de l'UT-CFE CGC, Christophe Coulson, président du syndicat, pointe un autre problème : les arriérés de paiement des collectivités publiques. "C'est inconcevable de pénaliser les gens qui payent leurs cotisations alors que certains établissements publics ne les paient pas. Il y a aussi des communes aujourd’hui. Le mal s’étend. Ce n’est pas à nous, agents ou retraités, de combler ce qui n’est pas recouvré par les instances." Vendredi, il s'est opposé aux mesures. 

Un recul de l'âge de départ à 62 ans "paraît inévitable"

"Des mesures impopulaires mais responsables", défend Vaimu'a Muliava, membre du gouvernement chargé de la fonction publique et de la modernisation de l'action publique. "Si nous arrivons à résoudre nos problèmes conjoncturels, c’est-à-dire les impayés, ce sera déjà un grand pas." Vers un acte 2 de réformes. Dans lequel le recul de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans "va se poser très sérieusement. En France, on est à 64 ans. En Nouvelle-Calédonie, pour les retraités Cafat, nous avons voté 62 ans. Ça paraît inévitable pour les fonctionnaires de la Nouvelle-Calédonie."

Une aide de l'Etat "repousserait le mur à août 2024"

En attendant, le gouvernement scrute l'aide de l’Etat. Elle pourrait être de 2 milliards pour la CLR, indique Vaimu'a Muliava. "Ça repousserait le mur à août 2024, ce qui nous permettrait d’enclencher les réformes de l’acte 2 sans les problèmes structurels. En espérant qu’à partir de là, les hôpitaux pourront s’acquitter de leurs cotisations. Car cette situation est aussi liée à celle du Ruamm", rappelle-t-il. Difficile de voir le bout du tunnel.