Calédoniens ailleurs : Angélique Fahrner, le goût du savoir

Calédoniens ailleurs : Angélique Fahrner, le goût du savoir
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Etudes, recherche d’emploi, envie d’ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l’aventure ailleurs ? Cette semaine, Angélique Fahrner, sommelière. 
 
Apprendre et partager. Voilà comment se caractérise le parcours d’Angélique. « Je ne suis pas née avec un rêve, j’ai rencontré des gens qui m’ont appris à savoir ce que j’aimais », indique celle qui aujourd’hui s’épanouit dans son métier. A 29 ans, la Calédonienne est sommelière dans un prestigieux restaurant de San Francisco.

Adolescente, la restauration est loin des projets d’avenir d’Angélique. A l’époque, la lycéenne souhaite devenir mécanicienne dans l’armée et suivre les traces des hommes de sa famille. Mais son père l’en dissuade estimant qu’il « n’y a aucun avenir là-dedans ». Après un bac L - « j’aimais beaucoup dessiner » - obtenu en 2007, la jeune femme s’envole rejoindre sa sœur à Bordeaux. Après un an de petits boulots, elle rentre en Nouvelle-Calédonie pendant quelques mois, travaillant comme femme de chambre, ne sachant toujours pas quoi faire comme métier. Son petit ami de l’époque la convainc de revenir à ses premières amours et le couple s’installe à Liège, en Belgique, pour faire de la mécanique d’armement à l’école Léon Mignon. Mais l’étudiante arrête au bout de deux ans pour raisons personnelles. Angélique intègre alors une école hôtelière non loin de Bruxelles. « J’avais fait pas mal de petits boulots dans ce domaine, je me suis rendue compte que c’était ma deuxième passion. » 
 
Angélique a suivi une formation de sommelière à Avignon avec des voyages de formation, ici en Bourgogne. 

Initiée aux vins par la famille de son ex-petit-ami, elle se prend de passion pour le précieux nectar grâce à ses cours d’œnologie. « Tout le panel qu’on peut retrouver dans un seul et même cépage, de quelque chose d’équilibré à déséquilibré. Pour moi, c’est comme la mécanique, on peut faire quelque chose de différent à partir d’un même produit. » Diplômée en 2013 après un stage d’un an dans un hôtel du Cap en Afrique du Sud, la Calédonienne retourne à Bordeaux et travaille dans l’oenotourisme au Château Pape Clément pendant un an et demi. « J’ai eu la chance de travailler avec Pierre Gros, grand sommelier, qui m’a tout appris. Il m’a convaincu de faire une école de sommelier. » Angélique se forme ainsi pendant huit mois. En parallèle, elle envoie une candidature au restaurant le Geranium à Copenhague. 
 
en haut avec le chef Rasmus Kofoed, en bas avec les chefs Dominique Crenn et Anne-Spohie Pic
 
Retenue pour un stage, la Calédonienne intègre l’équipe du chef  Rasmus Kofoed, trois étoiles au Guide Michelin et lauréat du Bocuse d’Or en 2011. Si la pression est énorme, l’établissement étant classé 19e meilleur restaurant au monde, la jeune femme fait rapidement ses preuves et obtient une place. « Je suis partie avec un énorme stress mais j’ai eu beaucoup de chance. Les Danois sont calmes, pédagogues et aiment apprendre. Notre équipe de 50 personnes était une grande famille, on m’a pris par la main et on m’a tout appris. » Emballée par cette nouvelle vie, Angélique apprécie particulièrement l’échange avec les clients. « Ils viennent vivre une expérience de 4-5 heures, c’est une expérience très moderne de l’étoilé, on interagit beaucoup. » 
 
(photo de gauche) Au restaurant Geranium, Angélique ouvrait les vins via la méthode traditionnelle dite du Port Long. (photo de droite) A l’atelier Crenn, la Calédonienne est lead sommelière

Deux ans plus tard, une nouvelle rencontre lui permet de découvrir de nouveaux savoirs. « J’ai fait la connaissance de Dominique Crenn, chef à San Francisco et première femme à décrocher trois étoiles au Guide Michelin aux USA. Elle défend les femmes dans un monde d’hommes. J’ai tout de suite accroché avec elle. Elle m’a proposé d’être manager sommelier. » En 2018, elle débute ainsi à l’Atelier Crenn, gérant une cave, une équipe de sommeliers, la carte des vins, les accords avec les mets et un budget.  Alors que son visa se termine dans trois mois, Angélique sait déjà que son avenir lui apprendra encore beaucoup. « J’aimerais un jour ouvrir un petit bar à vin ou un restaurant sur le Caillou. Un endroit sans prétention où les gens se sentent bien. Je fais ce métier pour rendre les gens heureux. » 

par ambre@lefeivre.com