Calédoniens ailleurs : Audrey Coulson, « la barbière de Levallois »

Calédoniens ailleurs : Audrey Coulson, « la barbière de Levallois »
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Études, recherche d’emploi, envie d’ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l’aventure hors du Caillou ? Cette semaine, Audrey Coulson, coiffeuse-barbière. 
 
On connaissait « Le Barbier de Séville », opéra-comique de Beaumarchais, qui narre les péripéties de Figaro. Voici le portrait de « La Barbière de Levallois » qui retrace le parcours d’une jeune Calédonienne captivée par son métier et qui a tout quitté pour vivre sa passion. 

Rien ne prédestinait Audrey à exercer un tel métier, encore moins loin de son île natale. Au sortir du lycée, la jeune fille originaire de Bourail, s’oriente vers une licence d’éco-gestion à l’université. Six mois plus tard, c’est la déconvenue. « J’y étais allée par défaut. » Six mois supplémentaires sont nécessaires à l’étudiante pour trouver sa voie. « J’ai fait des questionnaires d’analyse de la personne pour savoir quels métiers me correspondaient. Trois sont ressortis : garde républicain, assistant mortuaire, et coiffeur. » Audrey choisit d’effectuer un stage de coiffure. « Parce que j’aimais le contact clientèle et le côté manuel. » Son immersion d’une semaine dans un salon est une révélation. « Je me suis demandé pourquoi je n’y avais pas pensé plus tôt. J’aime les endroits en lien avec l’esthétisme et le style. »  
 
Grâce à son travail, Audrey a reçu le trophée de l’apprentissage avant de venir s’installer à Paris 

Après un job d’été avec la MIJ, la Nouméenne intègre le centre de formation des apprentis (CFA) fin 2009. Deux ans plus tard, diplômée d’un CAP, Audrey décide de continuer. L’idée d’avoir son propre salon un jour lui trotte déjà dans la tête. Elle obtient son brevet professionnel en 2013 s’étant spécialisée en stylisme/ visagisme. Une qualification d’un an facultative, mais conseillée pour les futurs propriétaires de salon. Son obstination fait mouche. Elle gagne avec trois autres étudiants le trophée de l’apprentissage. Une récompense qui lui permet d’effectuer un stage de trois semaines chez L’Oréal à Paris tous frais payés. L’expérience lui ouvre de nouveaux horizons. Elle qui a toujours préféré coiffer les hommes – « cela demande plus de précision et je préfère la coupe à la couleur » - découvre le travail de la barbe. La Calédonienne s’emballe pour cette discipline tout en étant séduite par la vie parisienne. Décision est prise : elle sera barbière dans la capitale. De retour sur son Caillou, Audrey s’organise pour changer de vie. En avril 2016, là voilà ciseaux à la main à peaufiner le style d’un jeune Parisien. Pendant deux ans, elle officie en tant que coiffeuse dans un salon mixte. 
 
Depuis 2018, la Calédonienne est coiffeuse-barbière dans un salon à Levallois-Perret 

Décidée à atteindre ses objectifs, elle est embauchée par la suite dans un salon exclusivement réservé à la gente masculine « Les maîtres-barbiers perruquiers ». Dans un décor raffiné et une ambiance feutrée, Audrey s’éclate à couper et raser toute la journée. « J’adore mon travail. La barbe s’est démocratisée. Les hommes assument de se faire chouchouter et aiment l’ambiance du salon. » Si elle officie à Levallois-Perret (une commune qui jouxte Paris ndlr), la Calédonienne a trouvé son compte en vivant tout à côté de la capitale. « La ville est calme, les clients pareils. Il y a une super ambiance. » Si Audrey a la Nouvelle-Calédonie dans la peau (elle s’est fait tatouer la Grande Terre derrière l’oreille), pas question pour elle de rentrer. Elle compte bien d’ici cinq ans ouvrir un salon à son image, calme et stylé. 

Audrey se préparant à s’occuper de la barbe d’un client : 
Audrey se préparant à s’occuper de la barbe d’un client

par ambre@lefeivre.com