Calédoniens ailleurs : Cassandra Togna, Européenne convaincue

Calédoniens ailleurs : Cassandra Togna, Européenne convaincue
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Études, recherche d’emploi, envie d’ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l’aventure ailleurs ? Cette semaine, Cassandra Togna, étudiante. 
 
Brexit, montée des populismes, scepticisme envers les institutions... Alors que l’Union européenne connaît une forte zone de turbulences, certains continuent de croire en elle, d’aussi loin qu’ils viennent. C’est le cas de Cassandra. Métisse kanak et auvergnate mais aussi Européenne, la jeune femme de 25 ans revendique et assume ce triple héritage. La Calédonienne originaire de la tribu de La Conception s’est construite entre volonté de connaître encore plus ses origines océaniennes et envie de profiter de ce système unique au monde. 

Au lycée, Cassandra rêve d’être anthropologue. Petite fille d’Octave Togna, ancien directeur du Centre culturel Tjibaou, elle s’intéresse à l’histoire de son Caillou et aux relations internationales et politiques entre la Nouvelle-Calédonie et les autres pays. Après son bac ES en 2012, elle intègre à l’université de Lyon 2 une licence majeur anthropologie, mineur sciences politiques. En troisième année, elle s’éloigne de ses premières amours pour se concentrer sur la sociologie politique. Cassandra bénéficie du programme Erasmus, étudiant pendant un an à l’Université de Leipzig en Allemagne. « Je m’intéressais surtout à la sociologie du vote et aux cours sur l’Union européenne. » Diplômée, des aléas administratifs l’empêchent de prendre la rentrée suivante en master. 
 
Cassandra a sillonné une partie de l’Europe 

L’étudiante décide alors de faire un service civique. Pendant six mois, elle accompagne l’équipe enseignante d’une école primaire métropolitaine en tant que soutien scolaire et animatrice en arts plastiques et sport. « Cela m’a permis de remettre les pieds sur terre, de s’éloigner des aspects politiques de mes études. Quand on parle d’avenir, on parle de la jeunesse. C’est intéressant de voir comment ça se passe dans le système français. » Elle retourne ensuite à Leipzig pour être assistante de langues pendant un an dans une école bilingue. « Ce fut une année d’observation et de comparaison entre le système éducatif français et allemand. De constater la place de l’enfant dans la société. » En 2017, Cassandra décide de reprendre ses études, toujours tournée vers l’UE. Elle intègre le master pro d’études européennes et internationales, parcours métiers des politiques et des programmes européens et repart outre-Rhin pendant un semestre, cette fois-ci à l’université de Tübingen. L’étudiante trilingue se spécialise dans les relations entre la Nouvelle-Calédonie et l’Union européenne. « Ca m’intéressait de connaître le regard allemand sur notre pays car l’Allemagne n’a pas de pays d’Outre-mer. Les étudiants ne comprenaient pas le statut spécifique de notre territoire. »
 
La métisse kanak a fait plusieurs séjours en Allemagne, à l’université ou comme assistante de langues 

L’année suivante, après six mois de cours, Cassandra décide de faire son stage de fin d’études au sein du service de coopération régional et relation extérieur, pôle Europe, à Nouméa. « Je voulais faire ce stage en Calédonie car nous sommes dans un cadre de renégociation de la proposition de décision d’association Outremer (DAO) post 2020 entre l’UE et les Pays et Territoires d’Outremer (PTOM). » Une manière pour elle également d’allier héritage culturel et avenir institutionnel. A la fin de son stage, Cassandra hésite entre rester sur le Caillou ou retourner en métropole. « Je vais peut-être passer les concours administratif après mon diplôme. J’aimerais rester dans la coopération entre l’UE et les territoires d’outre-mer. » 

par ambre@lefeivre.com