Calédoniens ailleurs : Céline Vu, pour l’amour de la langue française

Calédoniens ailleurs : Céline Vu, pour l’amour de la langue française
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Etudes, recherche d’emploi, envie d’ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l’aventure ailleurs ? Cette semaine, Céline Vu, étudiante en sciences du langage.
 
Incollable sur la conjugaison, intraitable sur l’orthographe, rigoureuse sur le vocabulaire, Céline est profondément attachée à la langue française. Une passion des mots qui a influencé ses choix d’études. 

Son goût pour la langue de Molière remonte à l’enfance. La Calédonienne, dont le français n’est pas la langue maternelle excelle dès l’école primaire dans cette matière. « Je me souviens qu'en CM1 j’étais la seule à n’avoir eu aucune faute à une dictée. La maîtresse était venue me faire la bise pour me féliciter ! » Une fierté pour la fillette doublée d’une petite victoire. « Je subissais les moqueries des autres élèves sur mes origines et je me suis dit : ‘quitte à surpasser tout le monde, autant le faire à fond’. » Dès lors, la métisse vietnamo-chinoise travaille assidûment le français. Dictionnaires, ouvrages pour enfants, règles d’orthographe et de conjugaison, Céline dévore tout. Les cours qu’elle donne dès ses huit ans aux boat people chinois l’aident en plus à mémoriser toutes les règles de français. Petit à petit, l’idée de devenir professeur fait son chemin. Au lycée, l’envie de travailler dans l’édition la taraude également. Après l’obtention de son bac en 2015, c’est pourtant vers l’orthophonie qu’elle se dirige. « Ca m’est venu du jour au lendemain. J’avais cette envie d’aider quelqu’un, j’étais bonne en français et je savais que le métier était demandé en Nouvelle-Calédonie. »
 
 Céline a développé un véritable attachement à la langue française qui n’est pas sa langue maternelle 

En septembre 2016, l’étudiante intègre ainsi une prépa privée à Toulouse. Si l’expérience est enrichissante, les cours sont durs et la pression pas facile à gérer. Céline se présente à cinq concours qu’elle rate tous. « Je n’étais pas assez préparée. Je me suis aperçue que les concours ne portaient pas sur ce qu’on avait appris en classe. » Loin de se laisser abattre, la jeune femme repart pour une seconde année de prépa. Elle quitte le sud de la France pour la capitale. Elle décide de s’inscrire en parallèle à l’université Sorbonne Nouvelle Paris 3 en licence sciences du langage. « J’ai trouvé que c’était assez lié à l’orthophonie. Il y a pas mal de métiers qui gravitent autour. Avec les formations proposées, on peut travailler avec des autistes, des handicapés... » A la deuxième tentative, la Calédonienne obtient l’écrit à Limoges mais rate l’oral en juin 2018. « Ca m’a fait mal. J’étais dégoûtée car je n’avais pas eu de questions sur les motivations ou sur les techniques. C’était surtout pour éliminer un maximum de gens. » 
 
La Calédonienne poursuit des études en sciences du langage à Paris 

Malgré sa « honte » d’avoir échoué – « j’étais persuadée que j’allais réussir le concours d’orthophoniste » - Céline se console avec son choix de licence. Epanouie dans son cursus universitaire, l’étudiante a pu constater que les sciences du langage offraient de nombreux débouchés. Actuellement en deuxième année, la jeune femme envisage plusieurs carrières : travailler dans le traitement automatique des langues (comme l’assistant vocal d’Apple Siri) ou dans la phonétique clinique pour contribuer à créer des prothèses personnalisées de gorge. L’étudiante, qui aimerait rentrer sur le Caillou par la suite, garde le professorat dans un coin de sa tête. Par-dessus tout, ce que Céline souhaite, c’est transmettre son attachement à la langue française tout en aidant les autres. 
 

« C’est important pour moi de transmettre ce patrimoine qu’est la langue française. Ce qui me motive vraiment, c’est d’avoir un impact sur les autres, c’est l’objectif de mon choix de métier. » 


par ambre@lefeivre.com