Calédoniens ailleurs : Clara Filippi, bientôt au service de son pays

Calédoniens ailleurs : Clara Filippi, bientôt au service de son pays
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Études, recherche d’emploi, envie d’ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l’aventure ailleurs ? Cette semaine, Clara Filippi, étudiante en relations internationales 
Clara a toujours voulu se mettre au service des autres. Un moyen pour elle de donner du sens à ses engagements. Son attachement à la Nouvelle-Calédonie et ses études l’ont amenée à vouloir œuvrer pour une cause tout aussi importante à ses yeux : son pays.

Si la Calédonienne a un temps imaginé devenir maîtresse, à la fin du lycée, elle est prise au dépourvu. Que choisir ? Où aller ? La bachelière - branche ES - décide de partir pour le Canada, incitée par ses amies. Même si l’étudiante estime « n’avoir pas été très bien renseignée », elle s’envole pour Montréal en août 2014. Inscrite dans la branche pré-universitaire du CEGEP du Vieux Montréal, Clara se rend rapidement compte qu’elle fait fausse route. « J’avais choisi sciences humaines mais j’ai été très déçue en constatant qu’avec les cours, c’est comme si je refaisais ma Première et ma Terminale. » Après quelques recherches, la jeune fille est admise dès janvier 2015 à l’université de la ville pour y passer un baccalauréat (l’équivalent d’une licence française ndlr) en sciences-politiques. « J’aimais bien l’histoire et la sociologie au lycée. Le parcours restait assez généraliste. » Si Clara choisit ce diplôme pour ne pas perdre une année universitaire, elle est rapidement séduite par les cours proposés. Le programme lui ouvre de nouvelles perspectives. « Je me suis spécialisée en relations internationales en troisième année. À l’époque, l’actualité et notamment les attentats de 2015 en France m’ont influencé. Je voulais travailler au Moyen-Orient et lutter contre le terrorisme. »
 
Après le Canada, la Calédonienne est étudiante en Belgique

Si l’étudiante reste sur cette idée de se mettre au service d’une cause, deux stages effectués lors de sa dernière année changent la donne. La Calédonienne intègre pour quelques mois le mouvement international ATD Quart Monde Canada situé à Montréal dont le mandat est de lutter contre la pauvreté et pour la dignité des personnes. Anciennement bénévole, Clara allait à la rencontre d’enfants défavorisés pour leur lire des livres. En tant que stagiaire, en 2018, elle y prépare la tenue d’un séminaire international. Le but : que toutes les délégations d’ATD travaillent sur des solutions pour que des enfants en grande précarité puissent apprendre. L’envie de s’investir pour son Caillou débute ici. « En voyant leur manière de travailler, en ne laissant personne de côté, en ne prétendant pas savoir à la place de ces personnes, je me suis dit qu’en Nouvelle-Calédonie, on ne pensait pas assez comme ça. Que parfois, on n’allait pas assez vers certaines personnes à cause de leur place sociale ou identité politique. » Diplômée en juin 2018, Clara revient au pays effectuer un stage au gouvernement, aux affaires coutumières et à l’environnement. Cette expérience lui apporte cette réflexion : « Quand j’étais au Québec, nous étions tous Calédoniens, il n’y avait pas de racisme, que de l’entraide. Je me suis dit que j’avais envie de rentrer pour faire en sorte que ce que l’on a ailleurs, on le retrouve au pays. »
 
C'est grâce à ses études et expériences professionnelles que Clara a choisi de travailler pour son pays

C’est en Belgique que la jeune femme choisit de poursuivre ses études. Une envie d’ailleurs doublée d’une volonté d’avoir un diplôme européen. Elle intègre le master « relations internationales à finalité diplomatie et résolution des conflits » à l’université catholique de Louvain. Durant son année de licence, sa participation à une simulation de rencontre internationale pour l’Organisation de l’aviation civile internationale lui a donné envie de se spécialiser dans la négociation et la défense des intérêts d’un pays. Des compétences que l’étudiante s’imagine très bien appliquer pour son pays. Clara se spécialise rapidement en géo-stratégie en Asie Pacifique et effectue un stage au Centre d’études des crises et des conflits internationaux (CECRI) dans la section indo-pacifique. Une expérience qui lui permet de rédiger une note d’analyse sur la Chine en Océanie, « Comment la France contre-t-elle l’influence chinoise en Océanie ? » Actuellement en deuxième année de master, Clara a choisi pour sujet de mémoire « la réconciliation en Nouvelle-Calédonie ». Cette descendante de déporté algérien travaille plus exactement sur « Comment réconcilier passé colonial et vivre ensemble dans un pays biculturel où la gestion politique du passé est encore inachevé ? » « C’est pour moi un moyen de mieux connaître l’histoire de mon pays, de présenter une autre manière de le voir et pour défendre un travail de mémoire qui aiderait à apaiser ces oppositions que l’on a en Nouvelle-Calédonie. » L’avenir, c’est bien sûr sur son Caillou que l’étudiante de 23 ans l’imagine. « J’ai envie de défendre les intérêts de mon pays. »

par ambre@lefeivre.com