Calédoniens ailleurs : Clara-France Valet, une enfant du Caillou à l’Ecole Normale Supérieure

Calédoniens ailleurs : Clara-France Valet, une enfant du Caillou à l’Ecole Normale Supérieure
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Études, recherche d’emploi, envie d’ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l’aventure ailleurs ? Cette semaine,  Clara-France Valet, étudiante à l’ENS. 
 
Lundi 2 septembre, Clara-France atteindra ce qu’elle considère comme son Graal : rentrer au sein de la prestigieuse École Normale Supérieure (ENS) de Lyon. Pourtant, cette quête du Graal, bien que difficile, n’a pas été longue. C’est en prépa que la Calédonienne a découvert son existence. Si elle a décidé de relever ce défi, c’est parce que l’école correspond à ses aspirations professionnelles.

Dès le collège, on devine ce qui l’a conduit à passer ce concours.  L’adolescente se rêve dans un premier temps journaliste. La curiosité et le travail de recherche que demande ce métier la séduisent. Au lycée, « attirer par toutes les matières », elle choisit de passer un bac S. Bachelière mention Très bien en 2015, Clara-France penche pour une prépa littéraire. « En prépa, on suit plusieurs matières de manière intensive et c’est ce qui m’a plu. En outre, j’avais une préférence pour les lettres et l’histoire.» Elle intègre ainsi la seconde promotion de la Classe Préparatoire aux Grandes Ecoles, Lettres, Sciences Humaines du lycée Lapérouse (CPGE). Passionnée d’histoire depuis la Sixième, la Khâgneuse se spécialise dans cette matière. « Pour moi, c’est important de comprendre le passé pour comprendre la situation présente. Ainsi, je trouve qu’en Nouvelle-Calédonie, nous n’avons pas beaucoup de cours sur l’histoire de notre pays. » Sa première année – Hypokhâgne –  se passe sans problème. « L’idée de la prépa fait peur mais une fois qu’on prend le rythme, ça va. »
 
Clara, dans sa chambre universitaire en prépa à Rennes, avec le sweat de la classe (le slogan est une citation d'une des quatre oeuvres au programme en français)

C’est en deuxième année que Clara-France découvre l’ENS. « Là, le but de la prépa se concrétise. Les cours que nous suivons ont pour objectif de nous préparer à passer le concours de l’ENS : le concours Banque d’épreuves littéraires (Bel). » Si le Bel permet d’accéder à d’autres grandes écoles, la Calédonienne ne s’inscrit que pour l’ENS. « L’école a une réputation d’excellence, ouverte à la transdisciplinarité. Elle offre une culture large mais précise. Et puis les autres écoles m’intéressaient moins.» Surtout, l’institution offre un débouché qui correspond parfaitement aux vœux de Clara-France : celui d’enseignante-chercheuse. En avril 2018, les résultats tombent : elle est sous-admissible. « C’est-à-dire que je n’étais pas admissible pour les oraux mais j’avais obtenu des résultats suffisamment encourageants pour m’inciter à refaire ma Khâgne. » Quitte à « cuber », la littéraire choisit alors de changer totalement d’environnement. Retenue dans la classe prépa du lycée Chateaubriand à Rennes (la meilleure prépa de province ndlr),la Calédonienne reste plus motivée que jamais. « Je n’étais jamais allée en France avant. En montant dans l’avion, j’ai pris conscience de l’ampleur de ce que cette année allait être. »
 
C'est lors de ses vacances en Nouvelle-Calédonie que Clara a appris son admission à l'ENS

Passer d’une classe de 10 à 50 élèves, affronter la météo bretonne, jongler entre les cours, les colles et les devoirs sur table, l’étudiante garde le moral en toutes circonstances. Avril 2019, Clara-France découvre cette fois-ci qu’elle est admissible. En juin, elle passe les oraux à Lyon dans une chaleur caniculaire. Et c’est depuis son lit à Nouméa le 11 juillet, qu’elle apprend son admission à l’Ecole Normale Supérieure. Elle devient ainsi la première de la prépa littéraire de Nouvelle-Calédonie à intégrer l’ENS. Son objectif atteint, cette élève fonctionnaire stagiaire (à ce titre, elle sera payée 179 000 francs par mois ndlr) s’apprête à suivre une voie toute tracée.  « Je vais me spécialiser en histoire. J’aimerais travailler sur l’histoire de la colonisation. » 

par ambre@lefeivre.com