Calédoniens ailleurs : Cyprien Alavoine sème les graines de l’agriculture de demain

Calédoniens ailleurs : Cyprien Alavoine imagine l'agriculture de demain
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Etudes, recherche d'emploi, envie d'ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l'aventure ailleurs ? Cette semaine, Cyprien Alavoine, étudiant ingénieur en agronomie.
 
Amoureux des bêtes et des grands espaces, attaché aux étendues qu’offre la province Nord, Cyprien termine ses études d’ingénieur en agronomie à Dijon. Même s’il ne s’imaginait pas suivre ce parcours-là, cette voie le satisfait pleinement.

Né à Koumac mais originaire de Koné, le Calédonien a toujours vécu au grand air. Cavalier émérite, sacré plusieurs fois champion d’équitation dans le Nord et sur le territoire, il envisage au lycée  de devenir vétérinaire. « J’avais envie de travailler avec les animaux. » Bachelier en 2011, il s’inscrit en métropole dans une prépa Biologie Chimie Physique et Sciences de la Terre (BCPST) dans le but de passer les concours agro et véto. Si son installation à Toulouse se passe bien, les choses se compliquent côté cours la première année. « J’avais pris pas mal de retard en bio et en chimie. Continuer en deuxième année, ce n’était pas possible. »
 
Amateur de rugby, cavalier émérite, Cyprien aime le grand air

Sur les conseils d’un professeur qui estime qu’il a le profil parfait pour faire un DUT, Cyprien change de voie et s’inscrit dans un cursus Génie biologique option agronomie. Un changement pas forcément facile à assumer. « Au départ, ça a été une claque car je n’avais jamais connu d’échecs scolaires. Mais quand je suis arrivé en DUT, je me suis dit : ‘mais pourquoi tu n’y es pas aller directement.’ » Ses deux années de cours se passent très bien et le Calédonien termine avec un stage dans une entreprise en Bretagne qui réalise des essais zootechniques pour des firmes de nutrition animale. Une expérience décisive pour la suite de son parcours. Il décide de passer les concours C2, réservés aux meilleurs élèves de DUT et BTS pour intégrer une école d’ingénieur. L’amateur de rugby abandonne aussi l’idée de devenir vétérinaire. « Avec mon stage, je me suis dit que je n’avais pas forcément besoin d’être véto pour travailler avec les animaux. Il y avait aussi la production animale, tout ce qui est lié à l’élevage. » 
 
Le Calédonien s’est spécialisé dans la nutrition animale

A la rentrée 2015, il rentre dans une école de Dijon. Cyprien parfait son parcours avec un semestre à l’université de Floride comme assistant chercheur et une année de césure durant de laquelle il obtient un master 2 à l’IAE, l’école universitaire de management de la ville.  « Je voulais étoffer mon CV et découvrir encore plus l’univers de l’entreprise. » Car le Calédonien, qui vient de terminer un stage dans une grande entreprise spécialisée dans les solutions algo-naturelles pour la nutrition animale et débute sa dernière année à l’école, a de la suite dans les idées. « Je ne compte pas rentrer tout de suite en Nouvelle-Calédonie car j’ai envie d’engranger un maximum d’expérience. Pourquoi pas ne pas devenir ensuite entrepreneur sur le Caillou ? Ma formation est axée environnement et problématiques liées à l’élevage. Je pourrais faire de l’import ou du conseil dans la nutrition animale par exemple… »

par ambre@lefeivre.com
 
A deux mois du référendum d’autodétermination, découvrez chaque semaine, le regard que porte le « Calédonien ailleurs » de la semaine sur cette échéance. Cyprien a répondu à nos questions.

Comment appréhendez vous le référendum ? Êtes-vous serein, inquiet ? 

Je suis assez content, depuis le temps qu’on n’en parle. Mais j’ai l’impression que ça a été un peu précipité surtout pour établir des procurations. La Nouvelle-Calédonie a toujours évolué lentement mais sûrement, je suis confiant. En province Nord par exemple, Paul Néaoutyine a fait des choses formidables en misant sur les bons chevaux. Il a investi dans des usines en Corée par exemple.

Quelle vie voulez-vous construire en Nouvelle-Calédonie ? 

J’ai goûté à la vie en métropole qui est complétement différente. La Nouvelle-Calédonie est un peu trop protectionniste à mon goût, c’est une belle île mais difficile d’accès. Après, j’ai envie d’apporter ma pierre à l’édifice mais dans quoi, c’est encore trop tôt.

Comment la Nouvelle-Calédonie doit se développer ? Dans quels domaines ? 

L’agriculture en France et en Nouvelle-Calédonie, il y a encore un gros écart. Au niveau de l’élevage, on est très bien, on produit de la viande à ses moindres coûts mais on pourrait exploiter différemment les terres.On a beaucoup de problèmes pendant la sécheresse, on ne fait pas de réserves, on a des problèmes de gestion des terres maraîchères et d’eau. Les exploitations ne voient pas forcément le fait d’envisager à plus long terme leurs ressources, c’est aussi un problème d’éducation.  J’ai l’impression qu’en Nouvelle-Calédonie, l’élevage est plus une passion mais dans certains domaines on est déjà à la pointe, ne serait-ce qu’en génétique avec le lycée agricole de Pouembout.