Calédoniens ailleurs : Florent Ledroit, à la croisée des sens

Calédoniens ailleurs : Florent Ledroit, à la croisée des sens
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Etudes, recherche d’emploi, envie d’ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l’aventure ailleurs ? Cette semaine, Florent, musicien, en création d’entreprise
 
C’est l’histoire d’un chercheur. Celle d’un homme qui se prenant de passion pour la musique, s’est questionné sur le pouvoir des sons. Des recherches qui ont amené Florent à s’interroger sur la spiritualité et la médecine. Pour lui, tout est imbriqué. 

Fils d’un ingénieur agriculteur et d’une professeure des écoles, le Calédonien grandit « dans une famille athée, pas musicienne ni mélomane ». Petit garçon, il découvre la musique via sa nounou indonésienne. Celle-ci lui fait découvrir les gamelans, ces percussions traditionnelles javanaises. Et déjà, Florent est captivé par cette musique rythmique. « Elle parlait directement à mon âme d’enfant. » Il se prend également de passion pour les musiques traditionnelles kanak. Mais c’est une expérience inhabituelle qui le conduit à considérer la musique autrement. « A cinq ans, j’ai vécu une expérience de mort imminente. J’ai pris conscience de la lumière de chaque être. C’est peut-être pour cela que je me suis plongé dans la spiritualité. » Cette soif s’exprime encore plus lors de son adolescence. 
 
Passionné de musique, Florent travaille sur le pouvoir des sons 

L’album « Legend II » de Bob Marley a des répercussions insoupçonnées au sein du garçon originaire du Mont Mou. « Ca me faisait quelque chose de profond. Ca m’a amené à me poser les bonnes questions, à chercher à comprendre l’humain, à ressentir l’essence de l’humanité. »Après son bac, le Calédonien tente une première année de BTS au lycée agricole de Pouembout, dans la continuité de ce que fait sa famille. Peu convaincu par son choix, il abandonne et se consacre à la fabrication et à l’apprentissage du didgeridoo, initié par un ami. L’année suivante, il entame une première année de médecine« J’ai toujours été passionné de bio. J’étais comme un poisson dans l’eau dans cette formation. » Mais l’appel de la musique est plus fort. Encouragé par une amie, il intègre en 2005 l’école de musique Jazz A Montpellier (JAM) tout en intégrant l’université de la ville pour étudier la musicologie et la musicothérapie. « J’étais un ‘électron libre’. J’ai pris ce que je voulais comme je voulais. » Tout à son art, le jeune homme s’initie aux musiques latines apprenant notamment les rythmes des congas (tambours ndlr). Plus Florent s’investit dans sa musique, plus il trace son chemin spirituel.  Après l’étude des cultes océaniens puis africains, le Calédonien lit les textes des trois grandes religions monothéistes avant de s’intéresser au vaudou puis aux croyances asiatiques et nordiques. 
 
Le Calédonien a suivi une formation de percussionniste 

Trois ans plus tard, devenu percussionniste, l’ex-étudiant rentre en Nouvelle-Calédonie avec son épouse flûtiste dans l’idée d’être professionnel de la musique. Entre une tournée et une résidence avec l’artiste Hervé Lecren, Florent se plonge dans l’étude des bambous tempérés. Ses recherches lui permettent de remettre à jour la flûte kanak« J’étais intéressé car cela touchait à la spiritualité kanak et au métier de luthier. » Deux ans plus tard, Florent et sa famille reviennent en métropole estimant « avoir fait le tour de ce qu’ils pouvaient faire » sur le Caillou. Installé à Lille, le musicien reçoit un supplément de formation au conservatoire de la ville. « Je voulais apprendre à lire et écrire la musique. »En parallèle, Florent monte avec son épouse « Terre et Vents des 5 Continents », une association pour promouvoir « la nature via les arts et les cultures du monde ». Ateliers, représentations, participation à l’exposition « L’art est une parole » au musée du Quai Branly, le couple fait découvrir au plus grand nombre le fruit de son travail. Fabricant ses propres flûtes, grelots, petites percussions ou encore basses, le Calédonien rencontre un certain succès au point d’envisager de les commercialiser. 
 
Artisan luthier, Florent est en pleine création d’entreprise 

Si l’artisan luthier se consacre à la création de son entreprise, il ne cesse de se questionner, de chercher. Il y a peu, le Calédonien a entrepris des recherches sur les liens qui existent entre médecine, spiritualité et musique. « Ce sont mes trois domaines de prédilection et j’avais constaté leur imbrication. Je voulais comprendre comment le son pouvait nous soigner. » Florent s’intéresse ainsi à la génodique, cette science qui étudie la mélodie des gènes. « C’est un savoir musical qui permet d’apaiser le cœur et l’esprit, jusqu’au toucher et réguler le fonctionnement global du corps. » Ces savoirs sont à la base des instruments qu’il confectionne et commercialise. De découverte en découverte, l’artiste se laisse porter par les questionnements de « son cœur ».« Je ne suis pas dans l’intrigue. Je suis dans le plus simple, comme les enfants. » 
 
 De par ses recherches, Florent s’est intéressé à la génodique 

par ambre@lefeivre.com