Calédoniens ailleurs : Isabelle Atrua, le choix d’avancer et de transmettre

Calédoniens ailleurs : Isabelle Atrua, le choix d’avancer et de transmettre
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Études, recherche d'emploi, envie d'ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l'aventure ailleurs ? Cette semaine, Isabelle Atrua, jeune diplômée dans le domaine de l’éducation.
 
Pas à pas, au fur et à mesure qu’elle se construisait, malgré un parcours jalonné de hauts et de bas, Isabelle a affiné son projet scolaire et professionnel : celui de transmettre. Une notion essentielle pour la jeune femme qui croit en cette valeur pour venir en aide aux jeunes.

Au lycée, l’étudiante ne sait pas ce qu’elle souhaite faire. Anticonformiste et cherchant à comprendre la société, elle passe un bac ES à Lifou. En terminale, c’est aussi l’époque où elle découvre vraiment l’histoire du peuple kanak. « Ca m’a bouleversé. J’ai beaucoup lu, je me suis documentée. » Un bouleversement qui a des répercussions sur son avenir étudiant. Si l’idée de partir à l’étranger l’effleure, la jeune fille originaire de la tribu de Luecila-Hnapalu fait le choix de rester sur son île. Un moyen pour elle de participer à la vie de la tribu et à celle de sa famille nombreuse. Trois ans plus tard, Isabelle décide de s’envoler pour la métropole avec le soutien de ses parents. « J’ai suivi le chemin qu’un de mes papas avait tracé, il faisait ses études à Limoges. » La Calédonienne s’y installe pour passer une licence de sociologie. Suite logique de son bac et de son intérêt pour la société.
 
La Calédonienne a fait ses études à Limoges et à Strasbourg

Tout se passe bien jusqu’en deuxième année quand un drame personnel la conduit à la dépression. Le sport, la présence de ses amis, ses engagements humanitaires et associatifs ainsi que sa volonté de ne pas décevoir sa famille l’aident à sortir peu à peu la tête de l’eau au bout de deux ans. « J’ai fait le choix d’avancer. » Après l’obtention de sa licence, elle décide de partir à Strasbourg continuer ses études. « C’est l’une des meilleures académies de France. » Car la Kanak a décidé de se tourner vers l’éducation. « Il y avait un parcours enseignement dans ma licence, ça m’a tout de suite intéressé, notamment le côté transmission. » L’étudiante fait le choix de se consacrer au métier de conseiller principal d’éducation (CPE). Elle passe un master métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF). Si Isabelle est d’abord mitigée quant à son choix de master, elle voit rapidement les bénéfices que cela lui apporte. « J’ai appris beaucoup de choses notamment dans la maîtrise de la langue française, dans la démarche d’établir un projet et dans la pédagogie. » Pour elle, c’est une formation qui lui permet de s’impliquer dans la transmission et dans sa volonté d’aider les jeunes. 
 
Après une licence de sociologie, Isabelle vient d’obtenir un master métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation.

Mais l’étudiante souhaite acquérir des compétences supplémentaires. Diplômée en juin 2018, la jeune femme a fait la démarche personnelle de faire un stage en tant que conseillère d’insertion professionnelle dans une mission locale. « Pour moi, cela a un lien avec la formation, l’enseignement, l’apprentissage et la transmission. » Si la Calédonienne a terminé son stage le 30 novembre, elle réfléchit déjà à la suite. En plus de préparer le concours de CPE, elle a dans l’idée de faire un stage en tant que chargée de projet dans une collectivité, en quartier prioritaire de la ville. Une multitude de projets qui ont pour but de consolider son avenir professionnel.
 

« J’aimerais être chargé de projet ou coordinatrice d’équipe et de projet dans le domaine de l’insertion professionnelle et sociale. Ma licence et mon master m’ont permis de me rendre compte qu’il faut décloisonner l’insertion professionnelle et la transmission des savoirs. J’aimerais monter des projets pour combiner ces aspects de transmission culturelle  et transmission des savoirs avec l’insertion et la formation professionnelle. Par exemple, en tribu, cela pourrait déboucher à des métiers faits localement. »


par ambre@lefeivre.com 
 
Isabelle fait le choix d’approfondir sa connaissance du drehu par ses propres moyens. Pourquoi ?
"Si je suis en recherche de moi-même, c’est parce qu’il y a une partie de moi que je ne connais pas. Je ne maîtrise pas tout à fait la culture kanak notamment ma langue. Je prends des cours particulier pour être une locutrice supplémentaire de la langue kanak. Apprendre une langue kanak, c’est une démarche personnelle, je prends ma responsabilité en tant qu’actrice pour éviter la perdition de la langue. On se fait infantiliser par les nouvelles technologies, il ne faut pas attendre qu’elles nous apportent le savoir, à nous d’aller le chercher."