Calédoniens ailleurs : Jean-Philippe Vaimatapako, la rage de vivre, la danse pour vaincre

Calédoniens ailleurs : Jean-Philippe Vaimatapako, la rage de vivre, la danse pour vaincre
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Études, recherche d’emploi, envie d’ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l’aventure ailleurs ? Cette semaine, Jean-Philippe Vaimatapako, danseur. 
Parfois bafoué, souvent blessé, Jean-Philippe s'est battu pour s'en sortir. Le jeune homme a développé un appétit féroce pour la vie. Son exutoire : la danse.

Initié aux danses traditionnelles polynésiennes au sortir de l'enfance, le Calédonien d'origine wallisienne se passionne rapidement pour la discipline. Un loisir tout trouvé pour s’échapper d’une scolarité et d'un quotidien familial pesants. « Ça me permettait de me mettre dans une bulle, de me retrouver, de me recentrer. » Celui que tout le monde connaît sous le nom de « Pypo » se rêve professeur de danse. « J’ai tout de suite eu envie de transmettre ma passion. » Mais le lycéen se fait une raison et choisit l’hôtellerie et la restauration. Un CAP en poche en 2006, Jean-Philippe rentre à seize ans sur le marché du travail. Chef de rang pendant quatre ans, il continue de danser durant son temps libre. Il découvre ainsi le dance hall (des danses jamaïcaines ndlr) et intègre plusieurs troupes. Avec le groupe Noise Basement Unity et la compagnie Nyian de Richard Digoué, l’artiste en herbe se produit dans des festivals et évènements locaux. En 2009, les aléas de la vie l’obligent à s’éloigner des parquets de danse.
 
Jean-Philippe débute avec les danses traditionnelles avant de se prendre de passion pour le dance hall

Un an plus tard, le revoilà sur scène. Son énergie et son envie toujours intactes. Pour lui, ces prochaines années seront consacrées à réaliser son rêve : devenir professeur de danse. « Pypo » décide de s’envoler pour Marseille. En un an, le Calédonien se débrouille pour obtenir deux diplômes en tant que formateur en dance hall, donner des cours dans cette spécialité et enchaîner les petits boulots. Toutefois, des raisons personnelles le font revenir en Nouvelle-Calédonie rapidement et c’est à Koné que le danseur s’établit. Une époque heureuse s’ouvre pour Jean-Philippe. « J’étais patenté comme prof de danse. Je donnais des cours aux jeunes de Koné et Pouembout. Je travaillais toujours dans l’hôtellerie. C’était juste parfait pour moi. » En 2017, une déception amoureuse l’oblige à rebattre les cartes de son avenir. Le Calédonien qui a déjà connu tant de coups durs, tant d’infortunes, ne baisse pas les bras.
 
Le Calédonien s'est diversifié avec la danse contemporaine notamment

Direction, une fois de plus, la métropole pour donner un nouveau souffle à sa vie. L’occasion de se former, de gagner en technicité. Il prend ainsi des cours de remise à niveau en danses contemporaine et classique. Durant la formation, le Calédonien rencontre d’énormes difficultés du quotidien. Des ennuis qui le poussent à se poser les bonnes questions. « Je me demandais si j’avais fait le bon choix. Je me demandais si je devais galérer encore plus pour atteindre mon objectif final. » Mais Jean-Philippe a connu trop de déconvenues pour renoncer. Encore une fois, sa rage de vivre, son envie de vaincre lui donnent la force de continuer. Il s’organise à nouveau pour jongler entre ses cours en tant qu’élève et professeur et les petits boulots. Aujourd'hui, avec deux diplômes de formateur en danse contemporaine, l’artiste continue de se former et fait partie d’une troupe. Le Calédonien a les yeux remplis d’espoirs et de promesses quand il regarde vers l’avenir. « Je rêve d’ouvrir une école de danse sur Koné. D’y être professeur et directeur et de former nos jeunes. » Ce rêve-là, il va tout donner pour le réaliser. 

par ambre@lefeivre.com