Calédoniens ailleurs : Kevin Clayette, en route pour Hollywood

Calédoniens ailleurs : Kevin Clayette, en route pour Hollywood
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Etudes, recherche d'emploi, envie d'ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l'aventure ailleurs ? Cette semaine, Kevin Clayette, comédien.
 
A 25 ans, Kevin rêve de faire carrière à Hollywood. Ultra-motivé, le jeune comédien ne s’attendait pas du tout à suivre cette voie. Au sortir du lycée en 2010, un bac ES en poche, le Calédonien d’origine mauricienne ne sait quel métier choisir. Grand sportif, guitariste, intéressé par les langues et fan de cinéma, le Nouméen « aimait toucher à tout. » Après un an passé « à se tourner les pouces » de son propre aveu, Kevin décide de suivre un ami à Sydney pour faire une école de langues. En Australie, il obtient un IELTS et entend parler d’une école d’arts dramatiques, l’Australian Institute of Music and Dramatic Arts (AIMDA). « Je me suis dit ‘et pourquoi pas moi ?’. Cette école était faite pour moi, c’est ce qui me ressemblait le plus. »
 
Danse, chants, acting, Kevin a reçu une formation complète à l’AIMDA

Débutant en anglais tout comme sur scène, le Calédonien réussit pourtant l’audition, aidé par une de ses profs de l’école de langues. Pendant deux ans, à raison de 36 heures par semaine, l’apprenti comédien prend des cours d’acting, de dramaturgie, de mouvement, de voix, de lumière, de son. « Il y avait aussi les répétitions pour les pièces que nous préparions et comme j’étais non-anglophone, je traduisais tout et travaillais mon accent.» En 2013, il ressort diplômé d’un bachelor of performance. Dans le grand bain, Kevin entreprend alors de trouver un agent et de passer des auditions. Des débuts difficiles d’autant plus que le Calédonien doit jongler avec ses problèmes de visa. « J’ai fait un working holiday puis j’ai eu des visas étudiants. J’ai ainsi obtenu des diplômes en personal training (coach sportif ndlr) et en business. » En 2014, sa motivation commence à  payer. Épaulé par un nouvel agent, Kevin décroche le rôle principal dans un court- métrage, Doktor. Le film de science-fiction remporte un beau succès avec plusieurs prix à des festivals.  Sur petit écran, il obtient un rôle dans une série documentaire, Deadly Women. « Mon premier rôle avec l’accent australien. » 
 
Série à succès, comédie musicale, court-métrage, Kevin connaît un joli début de carrière en Australie

La carrière de Kevin prend un nouveau tournant quand le Calédonien devient guest regular dans la série culte australienne Neighbours. « J’ai joué dans une douzaine d’épisodes. » Dans la foulée, l’acteur décroche un rôle dans une comédie musicale, Emo The Musical, « une sorte de Roméo et Juliette des temps modernes et version australienne. » Une formidable expérience pour le jeune homme. « Pour la première fois, j’ai dû chanter et j’ai incarné un personnage gay. » Avec sa notoriété grandissante, Kevin passe plusieurs gros castings. Il tente notamment sa chance pour le film Aladin et Aquaman. « Pour ce projet tenu secret, j’ai passé quatre auditions. » N’étant finalement pas retenu, voyant son visa expirer et la possibilité de rester en Australie compliquée voire impossible, Kevin décide de partir tenter sa chance à Hollywood. Il débarque à Los Angeles en mars 2018 pour y rester trois mois. « J’avais un visa touristique qui ne me permettait pas de travailler mais tout de même de passer des auditions. »
 
Magazine, avant-premières, Kevin avait commencé à se faire un nom en Australie

Aux États-Unis, il décroche un agent et passe une dizaine de castings. « C’étaient les montagnes russes, le meilleur du meilleur et le pire du pire. » Ne pouvant pas rester sur le territoire américain, Kevin décide de s’installer à Londres. « Je peux continuer de passer des castings, jouer en anglais et avoir un autre agent. Je compte bien capitaliser tout ce que j’ai fait en Australie. » Un retour en arrière qui n’en est pas vraiment un pour le comédien. « L’année dernière, j’étais dans une phase ascendante. L’année dernière, ça s’est cassé car j’ai été obligé de partir. Aujourd’hui, ce n’est pas que je doive tout recommencer de zéro mais je reconstruis quelque chose de nouveau. » Le chemin est encore long et semé d’embûches mais le Calédonien y croit. « Je suis fier de mon parcours, je me suis débrouillé seul pour arriver là où j’en suis. Je suis sur la bonne voie. »

par ambre@lefeivre.info 
 
A trois mois du référendum d’autodétermination, découvrez chaque semaine, le regard que porte le « Calédonien ailleurs » de la semaine sur cette échéance. Kevin a répondu à nos questions.
Comment appréhendez vous le référendum ? Êtes vous serein, inquiet ? 

Je suis assez déconnecté mais je suis inquiet car le peu de fois où je suis rentré à Nouméa, les dégradations avaient augmenté. On entend plus les vols qu’il y a eu la nuit. Je trouve que le climat de tension s’est renforcé.

Reviendriez-vous vivre en Nouvelle-Calédonie quelque soit le résultat du vote ? 

Le résultat du vote n’aurait pas d’impact sur le fait que je rentre ou pas. Je ne pense pas revenir de suite. Il n’y a pas d’opportunité professionnelle pour moi. Mes parents sont là-bas mais c’est le prix à payer pour que je puisse vivre mon rêve : vivre loin.

Comment la Nouvelle-Calédonie doit se développer ? Dans quels domaines ? 

C’est compliqué de répondre à cette question car je suis parti il y a sept ans et quand je suis parti à 18 ans, j’étais jeune et n’avais pas les mêmes préoccupations. Mais, j’aimerais qu’il y ait plus de projets qui se développent et qui permettent une meilleure cohésion au sein de la population.