Calédoniens ailleurs : Kevin Saihu, le chemin retrouvé

Calédoniens ailleurs : Kevin Saihu, le chemin retrouvé
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Etudes, recherche d'emploi, envie d'ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l'aventure ailleurs ? Cette semaine, Kevin Saihu, étudiant en théologie.
« Mon chemin était déjà tout tracé, mais j’ai fait plein de détours, j’ai tenté plusieurs choses ». A 36 ans, Kevin a enfin trouvé sa voie. Un changement radical de vie plus tard, le Calédonien est étudiant en théologie. De son expérience passée, le Kanak y puise sagesse et maturité.
 
Après l’obtention de son bac S, Kevin se destine à des études scientifiques sur les conseils de ses parents.  « C’était une période où je me cherchais, je voulais trouver ma voie à travers les choses que l’on me proposait ». Par le biais de la Province des Iles, il part à Nancy débuter des études de médecine. Un choix malheureux qui l’incite à changer de voie deux ans plus tard. Il s’installe alors à Avignon suivre un DUT génie bio option agronomie. Là encore, cette voie ne lui convient pas. Un an plus tard, il est de retour en Nouvelle-Calédonie, résigné. « J’étais resté sur des échecs avec mes études, j’ai décidé de trouver du travail ».  Suivant toujours les recommandations de ses parents, le Calédonien, originaire de Lifou par son père et de Houaïlou par sa mère, postule aux concours et vacances de poste de la fonction publique. Bibliothécaire à la médiathèque de Dumbéa, éducateur-spécialisé, Kevin essuie plusieurs échecs et revers mais ne se laisse jamais abattre.  
Le Calédonien, le jour de son départ en Europe

Il multiple les petits boulots notamment comme soutien scolaire et décroche finalement le concours d’adjoint administratif. Affecté au service des élections à la mairie de Nouméa en juin 2011 le jeune homme peut enfin souffler. « Je n’étais plus là à me demander ce que j’allais devenir. Je pouvais faire des projets ».  Heureux mais pas pleinement satisfait, Kevin évolue dans ce service pendant cinq ans. En 2016, tout bascule. Des rencontres et des drames personnels vont bouleverser le quotidien de ce croyant, depuis toujours investi au sein de son église. « J’ai rencontré des personnes, des hommes de Dieu qui m’ont interpellé sur l’importance de la vie, sur le fait de faire ce que l’on aime. Puis un cousin est décédé.  Et puis il y a eu les inondations à Houaïlou où des membres de ma famille ont disparu ».  Une prise de conscience qui incite Kevin à littéralement changer de vie. « Depuis l’enfance, j’avais reçu un appel pour être un homme de Dieu mais je l’avais refoulé. Là, l’appel que Dieu avait déposé sur mon cœur a ressuscité ».
Installé à Bruxelles, Kevin est en licence de théologie biblique

En quelques mois, le Calédonien rend logement et voiture, prend un congé sans solde et s’envole pour l’Europe le jour de Noël. Installé à Bruxelles,  il suit des cours de licence en théologie biblique au Continental Theological Seminary (CTS).  Enfin épanoui, Kevin est un bon élève qui multiplie les activités. Impliqué au sein du comité missionnaire, il fera partie la rentrée prochaine de la chorale du CTS. Le futur, il l’imagine ailleurs encore et toujours tourné vers l’église. Après la licence, il souhaite continuer ses études jusqu’en doctorat au Canada et devenir formateur. « Je ne regrette pas d’avoir fait ce choix. J’ai trouvé le bon chemin, le chemin qui me rend le plus heureux ».

Kevin, qui souhaite devenir formateur, prend régulièrement la parole au Continental Theological Seminary
Calédoniens ailleurs : Kevin Saihu, le chemin retrouvé

par ambre@lefeivre.info