Calédoniens ailleurs : Manon Le Gentil, multiplier les efforts pour suivre ses rêves

Calédoniens ailleurs : Manon Le Gentil, redoubler d'efforts pour suivre son rêve
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Etudes, recherche d'emploi, envie d'ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l'aventure ailleurs ? Cette semaine, Manon Le Gentil, médecin en Australie.
 
« J’ai toujours su que je voulais être médecin. Ma vocation a toujours été d’aider les gens, j’étais passionnée par les maladies. » A 24 ans, Manon est une enthousiaste junior doctor. Installée à Alice Springs pour quelques mois, la Calédonienne profite de la vie qu’elle s’est choisie, elle qui s’est donnée les moyens de réaliser son rêve.

Bachelière avec mention en 2010, l’étudiante se pose la question de faire une première année de médecine à Nouméa avant de continuer à Paris. « Mais c’était trop loin pour moi. Des amis m’avaient parlé du dépaysement que l’on pouvait ressentir. J’ai envisagé l’Australie qui offre une qualité de vie exceptionnelle. »  La jeune fille de 17 ans fait alors toutes les démarches pour poursuivre sa scolarité là-bas, épaulée par l’agence Brock. Mineure, il lui faut un tuteur. Manon porte son choix sur la Bond University à Gold Coast. En famille d’accueil, elle reçoit trois mois de cours intensifs d’anglais. Détentrice d’un IELTS, elle débute son bachelor of biomedical science. « Les premiers mois ont été vraiment difficiles. Mais l’ambiance était bonne et j’étais bien entourée par les profs. » Très motivée, Manon passe son diplôme en accéléré – en deux ans au lieu de trois – et termine en mai 2013. « J’ai eu une super graduation. »
 
Manon a fait le choix de devenir médecin en Australie. Elle exerce pour quelques mois à Alice Springs

Une autre paire de manches l’attend alors : réussir le Graduate Medical School Admissions Test (GAMSAT), le concours nécessaire pour intégrer le bachelor qui ouvre les portes aux études de médecine. « Ce fut une préparation intensive, j’étais seule, c’était très dur de se motiver. » Elle, qui a toujours pu compter sur le soutien de sa famille, décroche le fameux sésame quelques mois plus tard. Cette travailleuse acharnée intègre alors le bachelor of medicine and bachelor of surgery à l' University of Queensland en janvier 2014. Pendant quatre ans, la Nouméenne ne relâche pas ses efforts enchaînant deux ans de théorie puis de deux ans de pratique. « J’ai fait quinze service différents et huit hôpitaux à Brisbane. »  La Calédonienne, qui a aussi fait un stage en gastro à Gaston Bourret, est diplômée en décembre 2017. Elle trouve son premier travail en février de l’année suivante. Pour se faire, Manon a signé un contrat avec le gouvernement australien, le Commonwealth internship.  L’administration lui assure une place dans un établissement privé (les hôpitaux publics étant réservés en priorité aux Australiens) et lui demande en échange d’exercer une année en zone rurale.
 
Selon l'agence Brock, Manon est la 1ère Calédonienne à poursuivre et devenir médecin en Australie

Employée au Greenslopes Private Hospital, la Calédonienne enchaîne les rotations dans le Queensland et le Territoire du Nord. Basée à Brisbane, Manon a travaillé à Kingaroy, bourgade située à trois heures de la ville avant de revenir à Brisbane puis de repartir à Alice Springs pour vingt semaines. Junior doctor pendant deux ou trois ans, Manon fera ensuite sa residency, où elle pourra se spécialiser. « J’hésite entre urgentiste et pédiatre. » La Calédonienne a en tout cas un bel avenir devant elle. Les possibilités d’évolution de carrière en Australie sont conséquentes alors que le pays manque de médecins.

par ambre@lefeivre.info 
 
A cinq mois du référendum d’autodétermination, découvrez chaque semaine, le regard que porte le « Calédonien ailleurs » de la semaine sur cette échéance. Manon a répondu à nos questions.
Comment appréhendez vous le référendum ? Etes vous sereine, inquiète ? 

Je suis assez déçue. J’ai fait ma procuration et ils font tout pour compliquer les choses. Je trouve cela injuste. Je suis inquiète pour ma famille, j’espère qu’il n’y aura pas de problème en novembre.

Reviendriez-vous vivre en Nouvelle-Calédonie quelque soit le résultat du vote ? 

Ce n’est pas dans mes projets de revenir vivre en Nouvelle-Calédonie. On a une qualité de vie incroyable en Australie. En tant que médecin, j’ai plus d’opportunités là-bas.

Dans vingt ans, comment voyez-vous la Nouvelle-Calédonie ?

Elle sera sûrement indépendante. J’espère que les gens n’auront pas à repartir.