Calédoniens ailleurs : Mathieu Becker, changer de vie en un battement d’ailes

Calédoniens ailleurs : Mathieu Becker, changer de vie en un battement d’ailes
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Etudes, recherche d'emploi, envie d'ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l'aventure ailleurs ? Cette semaine, Mathieu Becker, pilote de ligne.
« Si c’était à refaire, je ne changerais rien de mon parcours ». Après des années passées chez Air Calédonie, Mathieu vole sur Flydubaï, une des deux compagnies dubaïotes. Un changement de vie radical qui découle du parcours audacieux du Calédonien.
 
« J’ai toujours été attiré par les avions mais adolescent  je pensais que c’était un métier inaccessible pour moi ». Titulaire d’un bac S, Mathieu s’inscrit en physique à l’Université de Nouvelle-Calédonie. Trois mois plus tard, le métis indonésien sait que ce choix n’est pas le bon. Prêtant mains fortes à son père, Eric Becker, sportif bien connu des Calédoniens, c’est lors d’un vol de reconnaissance pour organiser la Dream Raid, que Mathieu décide de réaliser son rêve. Dès lors, le jeune homme met toutes les chances de son côté. Il s’informe auprès des pilotes de chez Aircal pour connaître les démarches à faire et les diplômes à obtenir. Il passe son brevet de pilote privé à l’aéroclub calédonien. Sûr de son choix, Mathieu décide de faire une école privée. Pour financer le coût élevé de ses études, le jeune homme obtient des crédits bancaires. Il arrive ainsi à Paris en 2007 pour suivre les cours théoriques de l’Institut Mermoz. Un an plus tard, titulaire de l’Air Transport Pilote Licence (ATPL), il s’installe à Agen passer sa pratique chez Airways College.  
Pilote pendant plus de 7 ans en Nouvelle-Calédonie, Mathieu a travaillé pour Nouméa Sky Dive puis Aircal
Lors de vacances sur le Caillou, Mathieu prend contact avec le DRH d’Aircal pour se présenter. Le Calédonien sait combien la concurrence est rude et les postes limités. « C’était un coup de poker de ma part et c’était pour moi à l’époque la seule lumière que je voyais ».  Cette démarche paye, une campagne de recrutement de pilotes devrait bientôt avoir lieu.  Dans ce but, après l’obtention de son diplôme de pilote professionnel, Mathieu se forme à Toulouse chez ATR. Là encore la formation coûte chère, très chère. « Je me suis inscrit à la fac pour avoir un statut étudiant et pour avoir un prêt bancaire étudiant ».  De retour en Nouvelle-Calédonie en décembre 2009, Mathieu doit prendre son mal en patience. Il devient le pilote de Nouméa Sky Dive et pendant un an, le jeune homme fait « du largage de parachutistes ». En janvier 2011, Air Calédonie l’embauche. « J’ai eu une chance énorme ».  Pendant six ans, Mathieu survole le Caillou quotidiennement. « Ce fut une expérience géniale, très formatrice. Pour une première compagnie, je ne pouvais pas espérer mieux ».  Une expérience d’autant plus inoubliable qu’au sein de la compagnie il rencontre sa future femme, Sarah, chef de cabine.   
Installé à Dubaï depuis décembre 2016, le Calédonien travaille pour Flydubaï
En 2015, l’idée de découvrir l’aviation internationale fait son chemin. Longues heures passées à démarcher les compagnies, remise à niveau d’anglais, Mathieu se donne là encore les moyens de réussir. Le Calédonien porte son choix sur Flydubaï. Sélection sur CV, test à effectuer, entretiens et essais sur simulateur à Dubaï, de Nouméa à l’émirat, le Calédonien valide chaque étape. Accepté, Mathieu arrive en décembre 2016 à Dubaï avec sa famille. Le rythme est intense, l’adaptation quelquefois dure. « Tout était nouveau pour moi et parfois je me suis demandé ce que faisais là ». Depuis le Calédonien s’est acclimaté et apprécie cette nouvelle expérience de travail et de vie. Si Mathieu espère passer commandant de bord d’ici deux ans, il est fier du chemin parcouru. « J’ai commencé en bas de l’échelle, j’ai gravi les étapes une par une, je suis fier d’avoir travaillé pour mon pays, j’ai le parcours que je voulais ». 
Le Nouméen vit avec sa femme Sarah, et sa fille Hanaé à Dubaï

par ambre@lefeivre.info