Calédoniens en Australie : Estelle Urbain, à la tête d’un centre équestre à Gold Coast [6/7]

Chaque matin, le réveil sonne à 4h30. Après sa séance de sport quotidienne, Estelle entame sa journée de travail dès 7h. Son train de vie est bien différent des jeunes de son âge. Pas d'école mais un travail à plein temps, au coeur d'une propriété. Ses missions au quotidien : enseigner l’équitation, dresser les chevaux, s’occuper de la vie du centre équestre et bien d’autres tâches, qui incombent à une directrice.

Une histoire de famille

Estelle vit en Australie depuis qu’elle a sept ans. En 2009, ses parents - sa maman possède la nationalité australienne - font le choix de s’expatrier pour offrir "plus d’opportunités" à leurs enfants. Déjà en classe bilingue à Nouméa, Estelle n’a pas de difficultés à s’adapter à une nouvelle langue. "Je me souviens que c’était dur par rapport à mes copains surtout; ma famille habite toujours à Nouméa. C’était un peu le choc qu’il n’y ait que mes parents, mon frère et moi" confie-t-elle.

La famille s’installe rapidement sur une propriété et décide d’acheter des chevaux, pour au final, ouvrir un club. "En Australie, la culture des chevaux est très différente de la Calédonie. Ici, ce n’est pas facile pour tout le monde de monter à cheval. C’était très rare de trouver un club à l’époque" explique Estelle, qui vit sur place depuis l’âge de 10 ans. 

Quand on lui demande depuis quand elle monte à cheval, elle répond qu’elle est en quelque sorte "née sur le dos d’un cheval." 

Mes parents se sont rencontrés à cheval et je monte depuis que j’ai deux ans.

Estelle

Des souvenirs gravés dans sa mémoire, tout comme Jacquo, son poney aux yeux vairons, son fidèle compagnon quand elle avait trois ans. Un cadeau offert par ses parents, le rêve de beaucoup de petites filles et le début d'une longue histoire. 

Un métier 7 jours sur 7 

Avant d’être directrice du centre équestre, Estelle se lance d'abord dans les études pour devenir vétérinaire. Elle fait une classe préparatoire pendant trois mois, avant que le Covid fasse son apparition. "Tous les cours se faisaient du coup en ligne et ce n’était pas pour moi. J’aime apprendre sur le terrain, je n’aime pas rester assise pendant des heures. C’est toujours mon rêve de devenir vétérinaire mais je n’arrive pas à rester en place" explique-t-elle. 

Alors quand ses parents décident de repartir vivre en Calédonie, Estelle reste et prend les rennes du centre. Depuis 2017, elle vit avec son frère de deux ans son cadet, sur la propriété familiale, tout comme les trois autres employés du club. Un métier du lundi au dimanche, chaque jour de l’année, de 7h à 19h, car même quand elle ne donne pas de cours ou fait du dressage, elle prend soin de ses 28 chevaux, s'occupe des carrières et gère toute la partie administrative du centre. "J’aime apprendre aux gens ce que moi je sais. Il y a des jours plus durs que d’autres, c’est un métier difficile et très physique mais ça a toujours fait partie de ma vie" explique Estelle. 

Le centre compte une centaine de membres et s’adapte même à la demande de certains clients. "J’ai fait monter à cheval une dame de 96 ans. Elle voulait faire ça toute sa vie, elle était très contente, il n’y a pas de limites. J’ai aussi reçu une dame qui était aveugle, elle voulait juste être sur un cheval et se balader donc je l’ai fait" se souvient-elle.

Si Estelle gère l'entreprise familiale d'une main de maître, ses parents ne sont jamais bien loin, toujours là pour soutenir leur fille en cas de besoin. La jeune fille peut aussi compter sur le professionnalisme de l'équipe du club et sur son frère, qui l'aide en réalisant quelques travaux de maintenance et d'entretien. 

Une volonté de fer

La jeune Calédonienne doit aussi faire face à la réalité du monde hippique en Australie, moins structuré que la Calédonie. Il n’est pas facile d’acheter des chevaux de qualité car selon Estelle, huit chevaux sur dix sont des purs sangs. De beaux spécimens mais "très difficile à monter ou à dresser."  

A tout juste 20 ans, Estelle est une véritable business girl, consciente de sa chance et de sa vie pas comme les autres. Elle l’avoue : elle ne se voit pas faire autre chose que travailler à plein temps.

Ma mère a ouvert son premier business quand elle avait mon âge. Depuis que j’ai 17 ans, je n’habite plus chez mes parents. On a toujours eu cette attitude indépendante que nos parents nous ont appris.

Estelle

Même si sa vie va 100km/h, Estelle conserve toujours ce lien avec le Caillou. La plupart de ses amis sont Calédoniens et vivent, comme elle, en Australie. Ses parents eux font régulièrement l’aller-retour avec la benjamine de la famille.