Ces dernières années, la tendance est à la fabrication de bières artisanales. Mais pour certains, c'est un véritable métier, qui demande rigueur et professionnalisme au quotidien. A l’origine, rien ne prédestinait Kévin à devenir brasseur.
Depuis une dizaine d’années, le Calédonien a choisi de se laisser porter par les opportunités trouvées sur son chemin. De Nouméa à Margaret River, en passant par Melbourne et Byron Bay, rencontre avec cet épicurien.
Nouveau départ
Il y a presque dix ans, en 2014, Kévin découvre au hasard des petites annonces d’emploi, qu'une grande brasserie de la place, à Nouméa recherche un brasseur, avec l’équivalent d’un BAC +2. Après une licence en biologie à l’université de la Nouvelle-Calédonie, le jeune homme a envie de changement et postule.
Pendant deux ans et demi, il apprend au contact de ses collègues. "J’étais opérateur. C’était très intéressant, je suivais vraiment tout le processus de fabrication de la bière, du broyage du malt jusqu’à la filtration finale", explique Kévin. Il était loin de se douter que cette expérience impromptue allait lui ouvrir quelques années plus tard les portes de l’Australie.
En 2016, il quitte la brasserie et décide de tenter l’aventure du visa-vacances-travail du côté de Byron Bay, sur la côte Est de l'Australie. Un mode de vie qui séduit le Calédonien, d’autant plus qu’une marque de bière emblématique de la ville s’apprête à ouvrir une grande usine. "Je travaillais dans une ferme de tomates à ce moment-là et j’ai envoyé beaucoup de CV et des lettres de motivation mais sans la résidence permanente, ils ne pouvaient pas m’embaucher", précise Kévin.
Quelque peu déçu et ayant atteint la limite d’âge pour la deuxième année de visa-vacances-travail, il n’abandonne pas son rêve australien pour autant. Il part rendre visite à un ami dans la région de Margaret River, au Sud de Perth, y rencontre celle qui deviendra plus tard sa femme avant de finalement se lancer dans des études de musique à Melbourne.
Musicien, moniteur d’accrobranche et brasseur
Kévin a plus d’un tour dans son sac. Musicien, passionné de batterie, il étudie à l’USC jusqu’en 2020. La formation lui permet de travailler plusieurs mois d’affilés et de s’arrêter plusieurs mois. "Je faisais des allers-retours dans le Western Australia pour voir ma compagne. On s’est mariés en 2019 et on a acheté notre maison. Quand le Covid est arrivé, tous les cours ont pu se faire en ligne donc j’ai terminé ma dernière année à Margaret River" raconte Kévin.
Brasseur, agriculteur, musicien et même moniteur d’accrobranche, Kévin multiplie les expériences professionnelles mais dans un coin de sa tête, reste toujours cette envie de brasser. "Un jour, j’étais sur un spot de surf et j’entends des locaux qui disent qu’une grande brasserie de la région recherche du personnel. Ca a piqué ma curiosité", se souvient-il. Au même moment, des sites d’offres d’emplois publient plusieurs fois : Margaret River recherche des brasseurs.
J’ai passé des entretiens, ils m’ont laissé ma chance. J’avais oublié depuis quelques années mais j’ai capté les choses assez vite. J’ai commencé à mi-temps au début et puis ils m’ont proposé un contrat en novembre dernier.
Kévin
Objectif atteint pour le Calédonien : presque 10 ans après sa toute première expérience, il s’épanouit dans ce métier pas aussi facile qu’on ne le pense. "C’est très physique comme métier, très complexe. On monte et on descend des échelles, il faut comprendre le processus de fermentation, c’est de la biochimie finalement. Il y a beaucoup d’étapes à suivre et ce n’est pas évident", raconte Kévin.
Récemment, le Calédonien a même brassé une bière tout à fait insolite, qui lui a rappelé les saveurs de sa jeunesse sur le Caillou : une boisson saveur omaï, à la prune séchée et acidulée. L’année prochaine, Kévin fera partie du jury d’un grand concours qui détermine les meilleurs bières de la région, comme une récompense pour le chemin parcouru.
L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.