Il y a en Australie des régions reculées, loin des buildings et des centres d’affaires bondés. Dans le grand Nord du Queensland, à quatre heures de route de Cairns, se trouvent la petite ville de Hope Vale, sa communauté aborigène et son dispensaire. C’est ici que travaille Laurena, une jeune Calédonienne férue d’aventures devenue infirmière.
Entre études, voyages et expérience Covid
Laurena quitte pour la première fois la Nouvelle-Calédonie en 2010 pour Sydney, juste après son baccalauréat. Après une école de langue, elle se lance rapidement dans des études d’aide-soignante au TAFE. Mais la vie est chère. Alors, elle déménage sur Brisbane quelques années plus tard, et passe son diplôme d'infirmière en trois ans. Elle obtient son premier poste en 2018 dans le service de cardiologie, de l'hôpital de Logan, au Sud de la ville. "Après ça, je suis rentrée en Calédonie pendant un an, pour des soucis de visa. J’ai fait une année sabbatique et j’ai rencontré Damien, mon chéri. On a décidé de repartir en Australie, avec cette fois-ci un visa-vacances-travail", explique Laurena.
En février 2020, le Covid débarque dans la vie de tout un chacun. Le couple se trouve en vacances au Vanuatu. Ce jour-là, leur vol pour Brisbane décolle à 18 heures de Port-Vila. Quelques heures plus tard, lorsque l'horloge sonne minuit, l’Australie ferme ses frontières.
"J’étais barista pendant quelques temps et puis on a quitté la grande ville, on a acheté un 4x4 pour partir à l’aventure. On a travaillé dans des fermes, entre Hervey Bay et Townsville. Et après la période Covid, le Queensland commençait à rouvrir ses frontières. En accord avec l’immigration par rapport à ma formation, je travaillais dans les cliniques pour faire passer les tests Covid, à Mackay, Cairns et Hatterton" raconte Laurena.
Cette expérience unique lui permet de renouer avec son métier. Et d’intégrer en 2021 le dispensaire de la petite ville de Hope Vale, où 98 % des patients sont aborigènes.
Médecine tropicale
Depuis un an et demi, Laurena est infirmière spécialisée, pour les régions reculées. Elle a dû suivre une formation supplémentaire pendant neuf mois, en pharmacologie clinique, qui lui permet plus d’autonomie dans ses soins, comme par exemple la prescription d’antibiotiques. Le dispensaire compte cinq infirmières et deux médecins, mais ces derniers ne travaillent que jusqu’à 17 heures. En dehors de ces horaires, les infirmières sont seules, d’astreinte, pour s’occuper de la communauté.
Il y a toujours un chauffeur avec nous, quand on part sur le terrain. Il fait partie de la communauté, il connaît les patients c’est notre intermédiaire. On est équipés d’un téléphone satellite dans l’ambulance, c’est un 4x4 aménagé spécialement.
Laurena
L’homme de la communauté assure également la sécurité des infirmières, car les tensions peuvent être fréquentes. Munie de son sac à dos reconverti en trousse de secours, la jeune femme n’hésite pas à aller aux contacts des habitants. Parmi les soins les plus fréquents : la prescription d’antalgiques ou encore les points de suture après une morsure de serpent ou de dingo. Parfois même, il lui faut prendre des décisions capitales. "Il y a deux mois, une dame faisait une crise cardiaque. On a été assisté en visio-conférence par un médecin du centre médical et il nous a expliqué comment s’y prendre, pour poser des cathéters" raconte-t-elle.
Sur le terrain, c’est elle qui prend parfois la décision d’envoyer l’hélicoptère ou bien de prendre la route direction le centre médical de Cooktown, à 40 minutes de la ville. Cette vie pas comme les autres, Laurena en profite chaque jour. Avec les années d’études cumulées et son expérience en région isolée, elle a de grandes chances d’obtenir sa résidence permanente.
On se concentre beaucoup sur la médecine tropicale. C’est très enrichissant professionnellement. Tout ce que j’apprends ici, je pourrais le ramener avec moi un jour en Calédonie ou au Vanuatu.
Laurena