Peu de gens le savent mais travailler dans le domaine de la puériculture est très recherché en Australie. Cela permet d'ailleurs très souvent d'obtenir la résidence permanente. D’abord partie pour découvrir le pays et apprendre l’anglais, Manon a fini par se lancer dans un bac +5 dans deux universités de Melbourne. Très vite, elle s’est vue offrir un contrat de travail et un sponsor pour travailler en Australie.
Une baby-sitter passionnée
Après son baccalauréat en 2011, Manon ne perd pas de temps et s’envole pour l’Australie en janvier 2012. Elle choisit l’option de beaucoup : celle du visa-vacances-travail pour un an. Elle pose ses valises à Melbourne, où habite sa cousine avec sa fille. "Je n’étais pas partie pour faire des études car je savais que c’était assez cher. Mi-2012, je vivais avec ma cousine qui avait une petite et j’ai tellement aimé ça que j’ai passé un diplôme pour être puéricultrice", explique-t-elle.
Elle se lance d’abord dans un bachelor à Swinburne University, pendant deux ans, puis dans un master à Holmesglen University pendant trois ans. La vie est chère, alors Manon va en cours la journée et travaille dans la restauration le soir. La semaine, elle se lance à mi-temps dans une crèche.
J’ai été embauchée dès mon premier stage. Avec mon visa étudiant, je ne pouvais travailler que 20h par semaine et dès la fin de mes études, ils m’ont embauchée à plein temps.
Manon
Son "graduate visa" en poche : Manon se voit offrir la possibilité de rester travailler trois ans, grâce à ses études australiennes. Ses diplômes lui permettent de travailler en crèche mais aussi d’enseigner à des enfants en maternelle et en primaire.
Programme français-anglais
En 2017, la famille de Manon décide de changer d’air et donc de ville. Elle s’installe à Adélaïde, la capitale de l’Australie-Méridionale, l’état à la frontière du Victoria. Manon et son compagnon décident, eux aussi, de s’y installer, en 2021 et de faire une pause par rapport à Melbourne. "Ça avait été une année difficile donc on voulait bouger et découvrir autre chose et s’installer ailleurs" raconte-t-elle. Une année difficile, car pendant la pandémie de Covid-19, Melbourne a été la ville australienne la plus sévère au niveau du confinement.
En 2021, pendant une année scolaire, Manon travaille dans une école primaire, au système éducatif assez particulier. Elle est institutrice et professeur de français. "Tout est basé sur les passions des enfants, sur (les domaines) où ils sont bons. Ils doivent créer des minis entreprises, réfléchir sur des sujets d’actualité comme le réchauffement climatique, etc...", décrit Manon. Et la jeune femme n'hésite pas à parler dans sa langue maternelle avec ses élèves, en mêlant notamment l'écologie et le français.
Par exemple, pour apprendre les vêtements, au lieu de faire des fiches, je leur avais demandé de rapporter un vieux tee-shirt et dessus on avait écrit des slogans en français comme "Protégez la planète" ou "Réutilisez vos affaires"
Manon
Forte de son expérience dans un autre Etat, Manon et son compagnon reviennent finalement vivre à Melbourne. La crèche Fawkner Park Children Centre, dans laquelle elle a toujours travaillé, lui offre un sponsor.
Basée dans le quartier de South Yarra, Manon est aujourd’hui assistante-directrice de la crèche et a pu développer un programme français-anglais pour ses élèves de 3 à 5 ans. Le français a été totalement intégré à la vie de la classe. "Au lieu de faire des petites séances où on apprend le français, quand je leur sers à manger, on apprend à dire merci ou s’il te plaît ou alors le nom des fruits et des légumes. On fait aussi beaucoup de chansons. C’est un programme qui a pour but de les exposer non seulement à une langue différente mais aussi à une culture différente et les ouvrir sur le monde", raconte Manon.
Dans l'établissement, Manon n'est pas la seule étrangère : sur une quarantaine d'employés, seuls deux sont Australiens. Ici, toutes les nationalités travaillent ensemble : italienne, estonienne, chinoise... Ce qui permet aux enfants de se familiariser à d'autres langues et d'autres cultures.