Calédoniens en Australie : Philip Saminadin, en charge de l’organisation des Evasans à Sydney [3/7]

Le 18 septembre 2022, Philip a quitté Nouméa pour Sydney.
A moins de 3000 km de la Nouvelle-Calédonie, l’Australie séduit de nombreux locaux. Beaucoup ont choisi de s’expatrier, pour une carrière professionnelle, une opportunité voire même un nouveau départ. Aujourd'hui, rencontre avec Philip. Il y a neuf mois, il a décidé de changer de vie. Sa famille à Nouméa; lui à Sydney. Représentant de la CAFAT, il gère chaque mois environ 80 patients qui nécessitent une évacuation sanitaire vers l’Australie.

Le 18 septembre 2022, la vie de Philip change du tout au tout. Après 22 ans en tant que responsable et instructeur sécurité à Air Calédonie, il se reconvertit et choisit de partir vivre à Sydney. Un choix professionnel, dicté par son histoire personnelle.

Philip possède la nationalité australienne; grâce à sa mère. Depuis sept mois, il est le directeur d’Australaccueil, la structure de la CAFAT, basée à Sydney. Il s’occupe désormais de gérer la partie administrative des Evasans de la Nouvelle-Calédonie vers l’Australie. 

Touché par le cancer

Ce n’est pas un hasard si aujourd’hui, Philip est aux petits soins pour les patients calédoniens. En 2012, il était lui aussi un patient en Evasan. Les médecins lui ont diagnostiqué un début de cancer des amygdales, qui nécessite sa présence à Sydney pendant trois mois. "J’y ai découvert le monde médical, tous les soins et les services qui sont proposés aux Calédoniens. Les années qui ont suivi, je me disais que je voulais apporter ma pierre à l’édifice et surtout faire connaître tout ce que l’on peut avoir comme soins et comme bénéfices en Australie" raconte Philip.

En 2012, les médecins calédoniens diagnostique un début de cancer des amygdales à Philip. Il part en évasan à Sydney, pendant trois mois, il a suivi une radiothérapie.

Lors de son hospitalisation, il est frappé par la détresse de certains face à la barrière de la langue, la peur de la maladie et l’inconnu d’un pays étranger. Il a souhaité, à cette époque, donner un sens à sa présence en Australie; il a donc aidé et accompagné comme il le pouvait, les patients. "Je me suis retrouvé à être leur guide, je leur ai appris par exemple à prendre le bus, à prendre le train, à se rendre en ville, à leur faire découvrir Sydney car beaucoup n’avait jamais pris ne serait-ce que l’avion" se souvient-il. 

Investi d’une mission

L’année dernière, en avril 2022, son médecin lui annonce que le cancer est officiellement un vieil ennemi. Au même moment, Sydney accueille le festival VIVID, le festival des lumières, dix ans après le premier, auquel Philip avait assisté lors de son Evasan. Alors pour "boucler la boucle" comme il dit, il profite de l’ouverture des frontières post-Covid et part en vacances avec sa femme. "La veille de notre départ, j’ai vu une publication sur Facebook, qui annonçait la recherche de personnel pour l’Australaccueil, soit la structure d'accueil de la CAFAT à Sydney. J’ai envoyé mon CV. La semaine suivante, je reprends le travail à Nouméa et je suis contacté par la CAFAT" raconte Philip.

C’est le début d’une nouvelle histoire. D’un commun accord avec sa famille, il quitte la Calédonie et part s’installer à Sydney. Il travaille désormais au coeur du centre des affaires, dans une entreprise "purement australienne, mais au service des Calédoniens." La structure requiert une quinzaine d’agents sur le terrain et six au bureau, des travailleurs de l’ombre comme aime le dire Philip. 

Philip, en chemise blanche au milieu du groupe, a pris la direction de l'Australaccueil, une entreprise australienne basée à Sydney, qui s'occupe de toutes les démarches administratives CAFAT pour les évasans.

Nous sommes là pour assister le patient, à partir du moment où il pose le pied en Australie jusqu’au moment où on le remet dans l’avion. Nous devons gérer tout ce qui se passe à Sydney : transport, hébergement, rendez-vous médicaux, assistanat en interprétation…etc.

Philip

Philip a recommencé une vie à zéro, sans pour autant oublier la sienne à Nouméa, où résident toujours sa femme, ses enfants et sa petite fille. Mais à 57 ans, ce nouveau départ a donné, dit-il, un sens à sa vie. "Avant j’allais au bureau en navette maritime depuis le Mont-Dore sud; maintenant à Sydney, je prends le ferry pour aller au travail" rigole-t-il. "Je me dis que le meilleur reste à venir" conclut cet épicurien, sourire aux lèvres. 

Depuis le 18 septembre 2022, Philip a quitté Nouméa pour s'installer et travailler à Sydney.