Le groupement les Voix du Non s'est réuni samedi à Téné, à Bourail, pour acter le début de la campagne. L'occasion pour les membres des comités locaux de se mettre en ordre de marche avec une priorité les actions de proximité. Invité du JT ce samedi soir, Christopher Gygès s'est aussi exprimé sur l'affaire Steiger et sur l'obligation vaccinale. Voici ce qu'il faut retenir de cet entretien.
Une campagne de proximité
L'essentiel de l'entretien s'est concentré sur le lancement de la campagne référendaire, qui se veut plus proche des gens que les deux précédentes. En s'appuyant sur les comités locaux, des opérations de porte-à-porte vont commencer sur tout le territoire à partir du 28 août. Ensuite, la permanence de campagne sera ouverte au public. "C'est quelque chose qui va beaucoup changer par rapport à la première et à la deuxième campagnes. On se rend compte que quand on fait des grands meetings, de grandes réunions publiques, c'est beaucoup de convaincus qui viennent. Là, on va vraiment aller à la rencontre des Calédoniens. On va aller leur expliquer pourquoi il faut voter Non, pour leur quotidien et pour l'avenir de leurs enfants."
Objectif notamment : aller chercher les abstentionnistes. Ils étaient 15 755 en 2020 en province Sud.
Peut-être qu'on n'a pas suffisamment écouter ces dernières années et notamment les abstentionnistes.
Une volonté d'unité affichée
Le groupement les Voix du Non veut réunir les différentes nuances du Non. Mais force est de constater, si l'on s'attache aux représentants politiques loyalistes, qu'ils n'étaient pas tous présents à Téné ce samedi. A noter par exemple, l'absence de Pierre Frogier et de son fils Brieuc, mais aussi des réprésentants de Calédonie ensemble. Réponse ? Des questions d'agenda. "Calédonie ensemble avait prévu de faire son séminaire de lancement de campagne début septembre, ils n'avaient pas prévu de venir à cet événement. Par contre, je vous garantis qu'il y aura bien des événements en commun avec Calédonie ensemble et avec d'autres personnes qui sont partisanes du Non. On pense à des gens de la société civile et à des gens de l'Éveil océanien."
Des rencontres communes avec Calédonie ensemble devraient avoir lieu dans les îles, dans le Nord et dans les quartiers sociaux. "On ne va pas s'arrêter à un événement pour faire une photo. On croit vraiment que mettre un bulletin Non dans l'urne le 12 décembre prochain est le bon choix et on le fera ensemble." Des publications différentes sont cependant prévues.
Entendre toutes les voix du Non
Pour Christopher Gygès, il est essentiel pour cette troisième campagne d'entendre et de s'adresser à toutes les voix du Non. Qui sont d'après lui multiples. "Les gens peuvent voter Non pour différentes raisons. On ne vote pas Non de la même façon quand on est jeune à Nouméa, quand on a 70 ans à Koumac ou quand vit dans les îles Loyauté." Le message adressé sera donc différent. "Il y a des personnes qui votent Non parce qu'elles ont le coeur Bleu Blanc Rouge, mais il y a aussi des gens qui sont fiers d'être Calédoniens avant d'être Français. On veut aussi aller parler aux indépendantistes. On souhaite leur dire qu'ils peuvent être indépendantistes et voter Non le 12 décembre prochain s'ils considèrent qu'ils ne sont pas prêts. Ce n'est pas se renier, c'est juste faire un constat lucide sur l'avenir."
C'est notamment pour cela que le drapeau Bleu Blanc Rouge ne sera pas mis en valeur de la même manière pour cette campagne. "C'est l'axe qu'on a choisi pour cette campagne. Il y a des Calédoniens qui considèrent qu'ils sont Calédoniens avant d'être Français et qui votent non parce que leur quotidien serait détérioré."
Il faut respecter les différentes voix du Non et ne pas en respecter qu'une seule.
Une campagne apaisée et positive
Changement de ton affiché dans les semaines qui viennent donc, avec un argumentaire qui ne serait plus basé sur la diabolisation du Oui ou la peur. "C'est une campagne de respect et de compréhension vis-à-vis des uns et des autres. Quand je dis qu'un indépendantiste peut voter Non, on y croit vraiment. Quand on fait le constat lucide et qu'on se pose les bonnes questions en se demandant : “Est-ce qu'on a assez de cadres locaux?” La réponse est non. “Est-ce qu'on a assez de médecins calédoniens?” La réponse est non. “Est-ce qu'on peut financer le système de santé?” La réponse est non."
Même si on est indépendantiste, on peut voter Non le 12 décembre prochain.
L'objectif est aussi de convaincre ceux qui hésitent avec des arguments "positifs et apaisés". "Voter Non ça nous permet de garder le passeport français et ça permet aux jeunes Calédoniens de continuer de partir faire des études en France avec des diplômes qui sont reconnus et avec des frais de scolarité qui sont les mêmes que pour les gens de Métropole. C'est aussi permettre de garder la solidarité nationale dans le cadre de la santé. On voit comme on a besoin de cette solidarité aujourd'hui, avec le vaccin ou le sas sanitaire."
Une campagne qui va notammment s'appuyer sur le document du Oui et du Non fourni par l'Etat. "Il y a une campagne de vérité du document Oui Non. Nul ne pourra dire qu'il ne savait pas au 13 décembre, puisqu'on a un document qui nous détaille expressément les conséquences du Oui et du Non."
Un projet construit pour l'après
Le directeur de campagne des Voix du Non assure qu'il faut voir plus loin pour convaincre. Avec une campagne de projets. "Le Non porte vraiment cette volonté de garder le niveau de vie qu'on a en Nouvelle-Calédonie, parce que tout le monde reconnaît qu'on a un niveau de vie exceptionnel aujourd'hui, mais aussi de progresser. Ça sera la deuxième partie de campagne. Un Non qui sera porteur de projets, puisqu'on souhaite vraiment porter un projet pour l'avenir et pas simplement dire qu'il faut voter Non pour voter non."
L'occasion pour Christopher Gygès de faire le point sur les éventuelles futures institutions en cas de Non le 12 décembre et sur le corps électoral. "Nos institutions sont arrivées à bout de souffle [...] le projet du Non doit changer certaines choses, notamment les institutions pour qu'on soit plus réactif, plus à l'écoute des Calédoniens. Il faut vraiment réformer tout ça."
Sur la question du corps électoral, il estime "qu'il n'est pas normal qu'il y ait un certain nombre de gens qui vivent en Nouvelle-Calédonie et qui ne peuvent pas voter. Ce que l'on souhaite, c'est qu'on revienne à l'esprit de l'accord de Nouméa. C'est à dire un électorat glissant, et qu'on puisse avoir une certaine durée en Calédonie pour pouvoir voter."
L'obligation vaccinale envisagée si les Calédoniens ne se font pas vacciner
Interrogé sur sa position concernant l'obligation vaccinale, Christopher Gygès ne ferme pas la porte. "On voit ce qui se passe en Polynésie. On a voté à l'unanimité en séance du gouvernement pour rendre l'obligation vaccinale pour venir en Nouvelle-Calédonie. Aujourd’hui si les Calédoniens ne se vaccinent pas, on devra certainement passer par une obligation vaccinale. Pour le moment, on passe par un certain nombre de stades. L'important, c'est de protéger les Calédoniens et que le variant Delta n'entre pas en Nouvelle-Calédonie."
Les violences conjugales, grande cause territoriale
Christopher Gygès s'est aussi exprimé sur l'affaire Steiger. Il estime que la démission du colonel de gendarmerie est une bonne chose. "En Nouvelle-Calédonie, il y a 22% de femmes qui sont victimes de violences conjugales. C'est un chiffre inacceptable et c'est pour ça qu'on a fait le choix de mettre en grande cause territoriale la lutte contre les violences conjugales. On travaille beaucoup avec la gendarmerie et le parquet et on voit qu'il y a des gendarmes particulièrement investis sur cette cause. Donc cette décision était la bonne, parce que cette situation était incompatible avec sa fonction."
L'intégralité de l'intervention de Christopher Gygès, avec Nadine Goapana, au JT du samedi 21 août :