Le centre pénitentiaire de Nouméa déclaré insalubre et surpeuplé par une autorité française

Sept contrôleurs mandatés par la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) ont visité le centre pénitentiaire de Nouméa, du 14 au 18 octobre dernier. Un constat d’atteintes graves aux droits fondamentaux des personnes incarcérées dans l'établissement a été établi. 
Adeline Hazan, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté a mis en œuvre une procédure d’urgence. C’est la deuxième fois que le centre pénitentiaire de Nouméa est pointé du doigt par cette autorité indépendante. 
 

Des conditions de vie déplorables


Le constat reste le même qu’il y a huit ans, voire pire dans certains quartiers de la prison, malgré les mesures prises. Plus de 300 prisonniers supportent des conditions dégradantes. Mal ventilées, la chaleur à l’intérieur des cellules est décrite comme étant "insupportable en été", notent les contrôleurs. Durant la saison des pluies, les remontées d’égout déposent excréments et détritus. À cela s’ajoute, une maintenance défaillante, des installations électriques dangereuses, et une hygiène insatisfaisante ; les draps sont changés tous les deux mois le plus souvent.
 
 

Un premier signal d’alarme en 2011


En octobre 2011, le contrôleur général des lieux de privation de liberté avait déjà fait usage de la procédure d’urgence, dénonçant des conditions de vie constituant une violation grave des droits fondamentaux des personnes détenues. Il recommandait des travaux immédiats. 

Comme le préconisait le premier rapport,  les deux quartiers du centre de détention ont bien été détruits. Faute de reconstruction des bâtiments, des containers maritimes tiennent désormais lieu de cellule. Depuis, les deux tiers des détenus s’entassent dans des containers métalliques, divisés en cellules de 12 m2 : une solution provisoire qui dure. Deux cellules sur trois sont des containers.

Des douches ont été installées dans les cellules de la maison d’arrêt, des sanitaires que les détenus, tentent d’isoler avec le plastique qui enveloppe les matelas. Il y a bien eu des travaux de peintures pour remettre en état les murs sales; ces travaux ont été stoppés net faute d’argent. Depuis, aucun projet de rénovation et de construction n’a vu le jour.   
 
Photos prises en 2019 au Camp-Est par la mission de la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté.

 

Une prison surpeuplée


Ces conditions de détention dégradantes sont aggravées par la sur-occupation pénale. Pour 474 places, le Camp-Est accueille 578 détenus. Un taux d’occupation de plus de 121 %. Alors que la législation prévoit un emprisonnement individuel, dans les chambres prévues pour deux, des matelas sont posés sur le sol. 

Malgré la promiscuité, il n’y a pas de salle de sport et les activités sont quasi inexistantes. Malgré la précarité et le manque d’hygiène, « le climat dans la prison reste calme » relèvent les contrôleurs, en parti grâce à des surveillants bienveillants et des détenus conciliants.

Les contrôleurs renouvellent leurs recommandations de reconstruire des bâtiments, pour mettre fin à des conditions de vie qui constituent une violation grave des droits fondamentaux des personnes détenus.

En Nouvelle-Calédonie, L’État a déjà été condamné pour ces conditions de détention.