La remarquable biodiversité et la beauté préservée des lointaines Chesterfield sont-elles compatibles avec les croisières de luxe? Non, martèle Ensemble pour la planète qui a lancé une pétition afin de mobiliser le public contre ce projet. Oui avec la réglementation adéquate, répond le gouvernement.
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«Trésors cachés de Nouvelle-Calédonie». Derrière cet intitulé, on trouve la promotion d’une croisière «inédite» de quatorze jours et treize nuits en Océanie, au mois d’avril 2019. Un produit de luxe proposé par la compagnie maritime du Ponant à partir de 5910 euros (plus de 700 000F CFP), sur le yacht Lapérouse doté de 92 cabines et suites.
Résumé dans ce reportage d'Olivier Jonemann et de Gaël Detcheverry. Avec par ordre d'apparition le docteur en biologie marine Bertrand Richer-Desforges, la présidente d'EPLP Martine Cornaille et le porte-parole du gouvernement Nicolas Metzdorf.
Avant l'arrivée à Nouméa
Port de départ: Auckland en Nouvelle-Zélande. Port d’arrivée: Nouméa en Calédonie, et juste avant cette conclusion, la société propose à ses éventuels clients de faire «pour la toute première fois, escale aux îles Chesterfield, archipel perdu en mer de Corail où abondent oiseaux et tortues de mer».Alerte lancée en octobre 2017
Laisser faire du tourisme dans un paradis situé à 200 milles nautiques de la Grande terre, refuge pour des milliers d'oiseaux marins et lieu de ponte des tortues vertes ? Voilà qui en fait hurler plus d’un. Dès octobre 2017, Ensemble pour la planète tirait la sonnette d'alarme sur ce projet de croisière(s) de luxe aux Chesterfield, dans le parc naturel de la mer de Corail.Plus de 1200 signatures
En milieu de semaine, l’association a lancé une pétition en ligne adressée à Philippe Germain, président du gouvernement. Son nom: «Protégez le parc naturel de la mer de Corail en disant NON au tourisme de croisière !» A 15h30 ce samedi, elle affichait 1248 signatures.«Beaucoup trop»
«Bien que les îles éloignées des Chesterfield et Bellona seront sans doute classées en réserve naturelle voire, pour une portion, en réserve intégrale, ils veulent maintenir leur décision d'y faire débarquer des touristes, pose Martine Cornaille, présidente d'EPLP. Et notamment ceux de la compagnie du Ponant, le tourisme de luxe, avec un paquebot qui transporte environ 200 passagers. C'est beaucoup trop pour ces sites qui sont extrêmement précieux, rares, extrêmement fragiles.»«Protéger intégralement»
L'association craint le piétinement des nids, à terre, et des coraux, en mer. Elle estime donc qu'en la matière, «la Nouvelle-Calédonie doit exercer sa responsabilité et protéger intégralement [les] récifs pristines», c'est-à-dire situés à au moins 20 heures de navigation d'une zone habitée, «et les îles éloignées».Un tourisme à «cadrer», pour l'exécutif
A ce stade, l'exécutif calédonien n'a pourtant pas l'intention d'interdire cette halte de croisière aux Chesterfield. «On travaille surtout sur une réglementation, expliquait hier encore son porte-parole Nicolas Metzdorf, qui permettrait de cadrer ce tourisme de croisière de luxe sur nos récifs extérieurs. Parce qu'il faut permettre le développement économique de notre région, tout en respectant l'environnement. C'est pour ça que le gouvernement travaille actuellement sur une réglementation qui va permettre aux bateaux de croisière de profiter de notre beau lagon et de notre belle mer, tout en respectant notre environnement et en ne faisant pas de dégât sur notre plus belle richesse qui est la mer.»Résumé dans ce reportage d'Olivier Jonemann et de Gaël Detcheverry. Avec par ordre d'apparition le docteur en biologie marine Bertrand Richer-Desforges, la présidente d'EPLP Martine Cornaille et le porte-parole du gouvernement Nicolas Metzdorf.