Le principe, en lui-même, est singulier : la possibilité pour chaque territoire ultramarin de recevoir, tous les deux ans, une compétition à laquelle participent des sportifs venus des Antilles, de l'océan Indien et du Pacifique. En créant le championnat de France des comités d'Outre-mer, le cyclisme a su instaurer un évènement atypique, qui continue d'innover aujourd'hui. Pour la 17e édition, ce week-end en Nouvelle-Calédonie, une course féminine est instaurée et va se courir paralèllement à celle des hommes.
La première édition en Martinique
L'histoire, elle, débute en 1996. Sous la pluie, à Rivière-Salée en Martinique, 45 cyclistes composent le peloton de la première édition de l'épreuve. Le programmme, inchangé depuis : une course en ligne, puis une de côte, avant un contre-la-montre individuel final. La Nouvelle-Calédonie s'est déplacée avec pas moins de sept coureurs : Franck Bonnard, Frantz Dubois, Sylvio Esposito, mais aussi Johan Jaquet, les frères Gino et Pierre-Yves Moisson, ainsi que Roger Nishikawa. Dès la première course, un circuit de 126 kilomètres, les Guadeloupéens posent leur empreinte avec un triplé et le succès de Zadigue. Franck Bonnard prend la 6e place. " C'est un très, très bon niveau. Les Guadeloupéens ont impressionné et les Réunionnais aussi, avec quelques coureurs très forts, témoigne à l'époque Sylvio Esposito.
Le lendemain, Dubois et Bonnard sont encore dans le coup dans l’étape de col de 46 kilomètres. Ils ne peuvent cependant rester au contact du Réunionnais Richard Barret, 4e la veille, et 3e de cette seconde course au milieu de quatre Guadeloupéens. La découverte des routes martiniquaises ne se fait pas sans mal, pour les Calédoniens. "On a eu 26 à 28 bornes de col. C'était très dur, aussi dur que l'Etoile du Nord chez nous. C'est ce qui a fait la sélection, et ce qui nous a écrémé par l'arrière, aussi", analyse Esposito.
2e du contre-la-montre lors du dernier jour, le Réunionnais Richard Barret assure son titre de champion de France des Outre-mer. Il est le premier à mettre son nom au palmarès.
2000 : les championnats Outre-mer débarquent sur le Caillou
En 2000, la Nouvelle-Calédonie est le cinquième territoire à accueillir la compétition après la Martinique, la Guyane, la Réunion et la Guadeloupe. Il y a de l'affluence au bord des routes, et notamment au Mont-Dore où les coureurs vont devoir passer à quatre reprises par le col de Plum. Le Guadeloupéen Jean-Claude Luce amorce la première offensive sérieuse et s'échappe avec le Réunionnais Stéphane Lucilly, et sept autres coureurs dont le Calédonien Jean-Marc Rivière. Piégé, Olivier Bonnace parvient à combler ses 40 secondes de retard en une dizaine de kilomètres. La victoire se joue au sprint : Jean-Marc Rivière devance Bonnace et Lucilly.
Le lendemain, direction les Koghis à Dumbéa. Les Cagous dirigés par Daniel Gisiger multiplient les attaques avec Jean-Charles Goyetche et Gaël Bonnace. Lucilly doit patienter avant de tenter sa chance. Peine perdue, il est immédiatement marqué par Olivier Bonnace qui finit par le distancer, et s'imposer au sommet devant Goyetche puis le Réunionnais. Le maillot jaune conservera sa place de leader au terme du contre-la-montre. Dans un vélodrome de Magenta plein à craquer, il termine les 17 km de l'exercice avec le meilleur temps (23mn27) devant le Guyanais Loïc Torvic (24mn06) et son partenaire calédonien Jean-Charles Goyetche (24mn18). C'est la première fois qu'un Cagou est couronné. "Je voulais surtout faire une belle course, me montrer. J'ai réussi à faire ce que je voulais, je suis content. Je gagne deux étapes sur trois, et je rate la victoire de peu sur la course en ligne. Ce n'est pas grave", confie le champion.
Retour au bercail en 2011
Onze ans plus tard, les championnats de France des comités d'Outre-mer reviennent sur le Caillou, avec cinq territoires représentés. C'est la génération de Thierry Fondère, Kevyn Maïtere, Laurent Debaene, Antonin Marécaille ou encore Tommy Vanoudendycke, aujourd'hui président du comité régional de cyclisme de Nouvelle-Calédonie. Dans la course en ligne partie de Tontouta, une échappée composée de sept coureurs prend le large dès la première demi-heure. Elle compte jusqu'à trois minutes d'avance, avant d'être reprise par un groupe où l'on compte de nombreux Réunionnais. L'arrivée se joue au sprint à Boulouparis : Sébastien Elma (Réunion) prend le dessus. Après la course de côte, Maïtere s'est repositionné en 2e position au général, derrière un autre coureur de l'île Bourbon, désormais en jaune, Jean-Denis Armand.
Dans le contre-la-montre entre Païta et Dumbéa, il ne parvient pas, cependant, à détrôner son prédécesseur au classement. "Toutes les étapes étaient super, bien tracées. Je n'avais jamais roulé en Nouvelle-Calédonie. Il y avait vraiment de tout, c'est le plus bel endroit où j'ai couru. Je ne pensais pas que je remporterais ce championnat", explique Armand après son sacre. " Le premier jour, on peut facilement se faire piéger et perdre la course, témoigne Maïtere. Le deuxième jour, les plus forts sortent, à moins de faire des courses de tactique."