“Changer pour survivre" : comment les agriculteurs calédoniens adaptent leurs pratiques au changement climatique

Les récoltes des agriculteurs sont touchées par la sécheresse et le changement climatique.
Sécheresse, changement climatique : les agriculteurs de Nouvelle-Calédonie font face à un manque d'eau de plus en plus criant. Certains, membres du Réseau pour une agriculture innovante et responsable (Repair), développent des techniques moins gourmandes en eau, pour préserver la ressource.

Exploiter 300 hectares de terre sans rivière ni forage, c’est le défi quotidien de Stephen Moglia à Moindou. Cette année, son exploitation souffre particulièrement de la sécheresse. “Voilà 23 ans que l’on est là, on n’a jamais connu cette situation. Avec la Niña de ces dernières années, on ne savait plus quoi faire de l’eau. Et là, en six mois, on est passé de trop à plus rien du tout."

Depuis plusieurs années, une "politique de l'eau partagée" est en cours d'élaboration pour permettre de préserver la ressource au niveau de la Nouvelle-Calédonie, mais l'examen du texte, initialement prévue le 20 novembre au Congrès, a été reporté. De leur côté, les agriculteurs s'adaptent pour faire face aux sécheresses, qui pourraient être de plus en plus sévères à l'avenir, selon le Groupe international d'experts sur le climat.

Réservoirs d'eau de pluie

Pour limiter sa consommation, Stephen Moglia a ainsi investi dans deux retenues collinaires. Ces réservoirs d’eau de pluie sont indispensables à la poursuite de son activité. “La seule ressource en eau que l’on a sur l’exploitation, c’est ce type de structure. Sans ça, on aurait dû arrêter le maraîchage ”, explique l'agriculteur.  

Autres solutions, “le goutte-à-goutte”, le “paillage plastique” pour “freiner l’érosion et l’évapotranspiration” et les “sondes d’humidité pour vraiment optimiser l’arrosage au maximum”. Stephen Moglia estime qu'il a ainsi pu diviser par deux sa consommation d'eau : "Il faut qu'on adapte nos pratiques face au changement climatique. On n'a pas le choix si on veut survivre."

Il faut qu'on adapte nos pratiques face au changement climatique. On n'a pas le choix si on veut survivre.

Stephen Moglia

Du côté de Bouraké, où Agnès Lorrain est installée depuis deux ans, les cultures aussi jaunissent. “C'est le problème de Bouraké. Les plantes bénéficient de soleil, mais souffrent énormément du vent, de toute cette sécheresse dans laquelle on est en ce moment", déplore-t-elle. L’agricultrice "inquiète pour l'avenir" mise sur l’agroforesterie, une technique qui doit lui permettre à terme de moins arroser. “Pour nous, c’est vital, mais cela représente un gros travail.”

Ces initiatives ont aussi un coût : Stephen Moglia a ainsi dû investir 20 millions de francs pour la construction d'une deuxième retenue collinaire.

Le reportage de Charlotte Mannevy et Christian Favennec :

©nouvellecaledonie