Chasse à la baleine: l'Australie gronde le Japon, mais ne tape pas du poing sur la table

Sea Shepherd affirme que son équipage a pris sur le fait les Japonais en train de tuer une baleine de Minke dans les eaux australiennes de l'océan Antarctique.
Selon les Travaillistes et les Verts, le gouvernement australien n'est pas assez ferme avec les Japonais. Les deux partis d'opposition demandent au gouvernement de hausser le ton, après la publication de photos qui montrent les baleiniers japonais en action dans l'océan Antarctique.
Dimanche, Sea Shepherd a diffusé des images de la dernière prise de la flotte japonaise, une baleine de Minke. Selon l'ONG de défense de la faune et de la flore des océans, l'équipage du Nisshin Maru aurait tué cette baleine dans les eaux australiennes de l'océan Antarctique  (également connu sous le nom d'océan Austral).  
 
Canberra interdit formellement la chasse à la baleine dans l'ensemble de son domaine maritime. 
 
Sea Shepherd a publié ces images à point nommé, car le Premier ministre japonais était justement en visite en Australie ce week-end. Le scandale déclenché par ces photos avait surtout pour objectif de forcer à l'action le gouvernement australien. 
 
En mars 2014, la cour internationale de justice (CIJ), saisie par Canberra, a ordonné au Japon de cesser cette chasse. C'était l'Australie qui avait porté plainte contre le Japon auprès de la CIJ, car une partie des eaux de l'océan Austral lui appartiennent. Mais la flotte japonaise continue à chasser la baleine dans l'océan Antarctique, même si elle a du faire quelques concessions face à la pression internationale - en tuant moins de baleines.
 
Samedi, Malcolm Turnbull a donc fait part de sa « déception » à Shinzo Abe. Depuis la diffusion des photos de flagrant délit prises par Sea Shepherd, le gouvernement australien a cette fois-ci exprimé sa « profonde déception »
 
Josh Frydenberg, le ministre de l'Environnement, a rappelé dans un communiqué que « l'Australie est opposée à toute forme de chasse à la baleine, qu'elle soit à but commercial ou soi-disant scientifique. On n'a pas besoin de tuer les baleines pour les étudier. Nous poursuivrons nos efforts auprès de la commission baleinière internationale pour bloquer la chasse à la baleine à but commercial et soi-disant scientifique, faire respecter le moratoire sur la chasse à but commercial, et promouvoir les mesures de conservation des baleines. »     
 
Depuis dimanche, Sea Shepherd pilonne le gouvernement australien dans les médias, dénonçant son attentisme. Cela fait des années que l'ONG réclame le déploiement d'un navire australien dans le sanctuaire marin australien de l'océan Austral, pour surveiller les activités de pêche - et de chasse - illégale. Mais Canberra s'y refuse toujours. 
 
« Le gouvernement australien a promis d'agir pour protéger les baleines - quand les Libéraux étaient dans l'opposition, ils disaient que du sang était versé dans l'océan, mais que Canberra fermait les yeux. Et aujourd'hui, on a la preuve que cette baleine a été tuée dans le sanctuaire australien de l'océan Antarctique, et le gouvernement australien garde le silence », s'insurge Jeff Hansen, le directeur de Sea Shepherd. 
 
De leur côté, les Travaillistes et les Verts aussi exigent que Malcolm Turnbull fasse preuve de leadership face au Japon. 
 
« Le Premier ministre devrait exiger que M. Abe se charge de faire payer l'amende due par une entreprise japonaise de chasse à la baleine au gouvernement australien - une amende d'1 million de dollars australiens. L'Australie devrait aussi exiger de M. Abe qu'il respecte les décisions des cours internationales, qui ont jugé illégal le programme baleinier japonais, et qu'il respecte aussi les eaux territoriales australiennes dans l'océan Antarctique », réclame le sénateur vert australien Nick McKim. 
 
En 2015, la cour fédérale australienne a en effet condamné l'entreprise Kyodo Senpaku Kaisha pour chasse illégale dans les eaux australiennes de l'océan Antarctique. Mais le baleinier japonais ne s'est toujours pas acquitté de l'amende d'1 million de dollars.