Le Chinois arrêté à l’ile des Pins remis en liberté en attendant une éventuelle extradition

La Chine a demandé l’extradition de cet homme pour le juger pour escroquerie. La justice française qui doit se prononcer d’ici le mois d’octobre a décidé de le remettre d’ici là en liberté sous contrôle judiciaire dans l’attente d’une expertise médicale.  
Extradition vers la Chine ou non ? La question reste en suspend….
Il faudra attendre encore deux mois et demi pour que la chambre d’instruction de Nouméa se prononce sur le cas de ce  ressortissant chinois interpellé à l’île des Pins en avril dernier.
Visé par un mandat international, l’homme, qui vit à Sydney, avait été arrêté à sa descente du paquebot puis placé dans la foulée en détention.
Le délibéré, qui devait être rendu ce mercredi, ne sera finalement connu que le 9 octobre, l’homme devant subir une expertise médicale.
 

Un homme affaibli

Le sort de Shu Shuan Ning n’est pas encore scellé mais il peut être heureux de ne pas passer un jour de plus au Camp Est. « Détention qu’il vivait très mal », a expliqué son conseil, compte tenu « de la barrière de la langue » mais surtout des conditions, poursuit-il : « Il m’a dit qu’ils étaient six dans la cellule et qu’il dormait sous le lit ».
C’est d’ailleurs un homme affaibli qui s’est présenté ce matin à la barre, par rapport à l’audience de juin dernier. « C’est assez inquiétant », a souligné l’avocat général, Christian Pasta. Après en avoir délibéré, la chambre d’instruction a donc autorisé sa demande de remise en liberté jusqu’au 9 octobre au moins, date à laquelle elle rendra sa décision d’extradition. 
 

Des conditions à la remise en liberté

Plusieurs conditions à cette mesure : obligation de rendre son passeport, de pointer une fois par semaine au commissariat de police de Nouméa, interdiction de quitter la Nouvelle-Calédonie et même de sortir de Nouméa.
 

Une expertise médicale

Dans son arrêt, la chambre d’instruction indique que « la demande d’extradition ne se heurte à aucun motif obligatoire ». En clair, il n’y a pas de motif obligatoire de refus. Or sur les autres motifs, et pour l’aider à rendre son avis, elle demande à ce que le ressortissant soit soumis à une expertise médicale complète. Le rapport devra être rendu avant le 15 septembre. 
« La cour a ordonné une expertise médicale et demande au médecin d’évaluer son état de santé actuel et de dire si son état de santé est compatible avec une incarcération en Chine » explique Me Stéphane Bonomo, le conseil du ressortissant chinois. « Donc il va falloir éclairer le médecin pour savoir quelles sont les conditions de détention en Chine. C’est tout l’enjeu de l’expertise ». 

Des conditions de détention qui semblent très compliquées, relate l’avocat, d’après des rapports de plusieurs ONG. Il parle même de « torture » et craint que son client ne puisse pas avoir droit à un procès équitable. « Je refuse d’être extradé, je crois en votre justice, à la démocratie » a clamé Shu Shuan Ning, qui a fuit la Chine et qui vit depuis 2010 en Australie.
Le ressortissant chinois lors de l'audience du 26 juin.
 

Le soutien des Chinois de Calédonie

En attendant octobre, le ressortissant Chinois sera hébergé et nourri par la petite communauté chrétienne chinoise qui vit à Nouméa, explique Leng Giang. C’est elle qui lui a rendu visite durant ses 100 jours de détention.
« On a trouvé tout à fait normal en tant que chrétiens de lui tendre la main, même si je ne le connaissais pas » explique-t-elle. « J’ai vu les conditions au Camp Est, c’est dur pour lui. Il ne parle pas un mot de français. Cette isolation lui a fait beaucoup de peine ».  
 

Le contexte international

Me Stéphane Bonomo se dit serein pour son client, compte tenu d’un contexte international favorable. Après la Nouvelle-Zélande il y a quelques jours, la Suède vient de refuser, à son tour, d’extrader un ressortissant chinois vers son pays. Les récents événements à Hong Kong également peuvent peser dans la balance. 
Ecoutez les explications de Me Bonomo 

Ressortissant chinois itw Me Bonomo


Reste à savoir si la justice française, justice de la patrie des Droits de l’Homme suivra le même cap. Réponse le 9 octobre.    
Le point avec Olivier Jonemann et Claude Lindor 
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