La justice se prononcera le 24 juillet sur la demande d’extradition d’un ressortissant chinois

Le ressortissant chinois lors de l'audience du 26 juin.
L'affaire remonte au 17 avril dernier quand la gendarmerie exécute un mandat d'Interpol et arrête un ressortissant chinois à l'île des Pins. Ce mercredi, le tribunal jugeait du bien-fondé de son extradition en Chine. Une première dans les annales de la justice en Nouvelle-Calédonie.
Le sort du ressortissant chinois arrêté en avril dernier, à l’île des Pins, n’est pas encore scellé. L’homme qui était recherché par Interpol a été entendu ce mercredi matin par la Chambre de l’instruction. Mais les magistrats se sont donné quatre semaines pour trancher sur le dossier de ce sexagénaire, activement recherché par Pékin pour escroquerie.
Selon les autorités chinoises, cet homme de 64 ans aurait participé à un vaste système pyramidal, à la Madoff, en proposant des placements à des particuliers avec des rendements très élevés. 
Une infraction passible d’au moins dix ans d’emprisonnement en Chine. 
Dans la salle d’audience, ce matin, Giang Leng, une Chinoise installée depuis 27 ans en Calédonie, est venue lui apporter son soutien : « son avocat m’a contactée parce qu’on trouve que ce n’est pas très humain. On nous a demandé de venir au moins le soutenir moralement, pour montrer que la communauté chinoise est au courant et qu’il n’est pas tout seul. » 
 

Des risques de torture

A la barre, le sexagénaire se dit fatigué, angoissé. Il reconnaît son rôle d’intermédiaire mais nie avoir perçu les sommes placées par les investisseurs. Refusant d’être extradé, il dénonce un complot politique et des risques de torture, en essuyant quelques larmes.
Des craintes justifiées selon son avocat, Me Stéphane Bonomo.
« Aujourd’hui, je viens pour défendre un client qui, s’il était envoyé en Chine, risquerait des traitements qui ne sont pas conformes aux droits de l’Homme, et notamment, en raison de risques de torture, et de non-procès équitable, d’aveux de faits qu’il n’a jamais commis ». 
Me Bonomo, l'avocat du ressortissant chinois.
 

Le ministère public favorable à l’extradition

Mais pour Christian Pasta, l’avocat général, l’argument politique ne tient pas. Les conditions sont bien réunies pour répondre favorablement à la demande d’extradition de la Chine. Selon lui, les magistrats n’ont pas à s’ériger en juges des relations bilatérales entre Paris et Pékin.
Une position que ne partage pas Me Bonomo : « Je ne suis pas là pour accuser la Chine, j’ai lu simplement des rapports des Nations Unies et même de la France qui appellent la Chine à respecter les règles d’un procès équitable. J’alerte les juges qui devront trancher sur le fait de savoir si on le renvoie en Chine, s’il aura un procès équitable ». 
Me Stéphane Bonomo, l’avocat de la défense, doit demander rapidement une demande de remise en liberté de son client, qui est sous les verrous depuis plus de 70 jours.
 

Une résonance internationale

Il y a deux semaines, la justice néo-zélandaise a tranché dans un dossier similaire. La cour d’appel a refusé d’extrader vers la Chine un Sud-Coréen recherché pour meurtre en raison de risques de torture.
L’affaire évoquée à Nouméa trouve également une résonance internationale alors qu’Hong Kong connaît d’importantes manifestations contre un projet de loi autorisant l’extradition de ses habitants vers la Chine continentale.
L’affaire a été mise en délibéré au 24 juillet. 
Le reportage de Bernard Lassauce et Claude Lindor 
©nouvellecaledonie
Qui est l’homme dont la Chine demande l’extradition ?
Cet homme de 64 ans vit à Sydney depuis 2010 avec son fils et ses parents. Il y vit de petits contrats, de type livreur ou jardinier. 
Manager commercial d’une société d’investissement en Chine, il est recherché par la justice chinoise pour « absorption illégale de dépôts du public ». 
Une infraction passible d’au moins dix années d’emprisonnement en Chine. 
Il avait été arrêté à l’île des Pins en avril dernier alors qu’il se trouvait sur un bateau de croisière australien.