Chômage : un soutien financier de l'Etat, "seule solution" selon le président du conseil d'administration de la Cafat

Patrick Dupont, le président du conseil d'administration de la Cafat, était l'invité du JT mardi 4 juin. ©nouvellecaledonie
Invité du journal télévisé ce mardi 4 juin, le président du conseil d'administration de la Cafat, Patrick Dupont, a dépeint une situation intenable pour les régimes sociaux calédoniens sans intervention de la part de l'Etat.

Le montant des allocations chômage devrait exploser dans les prochaines semaines en dépit d'une baisse importante des cotisations sociales. Invité du journal télévisé ce mardi 4 juin, Patrick Dupont, le président du conseil d'administration de la Cafat a notamment insisté sur le nécessaire soutien de l'Etat.

NC la 1ère : Avec ce scénario d'une hausse importante des allocations chômage et d'une baisse tout aussi importante des cotisations, est-ce que la Cafat peut ne serait-ce qu'envisager d'absorber le choc ?

Patrick Dupont : Pour l'instant, les chiffres qui sont cités - 7000 emplois détruits et 15 000 possiblement perdus d'ici quelques mois - sont malheureusement encore provisoires. Si les barrages ne sont pas levés, on aura encore plus de chômeurs et on va dépasser le ratio d'un salarié sur quatre au chômage. 

Le régime représente en temps normal à peu près 3 milliards de francs de prestations par an. Là, on parle d'à peu près 13 à 14 milliards si on part sur un chiffre de 15 000 personnes. La Cafat n'a pas les moyens de supporter une telle dépense, la Nouvelle-Calédonie n'a pas les moyens. Le seul qui ait les moyens d'assister le territoire dans cette dépense, c'est l'État.

Même en cas de soutien de l'État, ne doit-on pas s'attendre à une augmentation des cotisations dans les prochains mois ?

Le système économique est quasiment à plat. Vous imaginez bien que dans ces conditions, on ne peut ni augmenter les cotisations patronales, ni celles des salariés. La seule solution qu'on peut avoir, aussi bien pour le régime chômage que pour les autres branches, c'est une assistance de l'État.

En quoi le nouveau dispositif chômage, évoqué par le gouvernement il y a une semaine, consisterait exactement ?

Le régime chômage actuel, c'est une prestation plafonnée à 70% du SMIG, soit environ 120 000 francs. Aujourd'hui, les projets amenés par le gouvernement consistent à augmenter ce plafond pour atteindre deux fois et demi le SMIG.

Ce plafond beaucoup plus important permettrait de pouvoir garder les compétences dont on aura besoin pour faire repartir l'économie. Mais bien évidemment, plus on augmente les prestations, plus on augmente le coût que cela va générer. Encore une fois, il n'y a que l'État qui peut intervenir sur cette partie là.

Comment accéder à ces droits ? Y'a-t-il des démarches particulières à suivre ?

Il y a deux régimes différents : le chômage partiel et le total. Celui du chômage partiel se destine aux entreprises qui peuvent se remettre rapidement dans un délai de deux ou trois mois. Ce sont des entreprises peu touchées, dont la clientèle peut éventuellement revenir. Le chômage partiel, ce sont les entreprises qui s'en occupent directement. Les salariés n'ont rien à faire.

En revanche, le chômage total, ça veut dire qu'il n'y a plus de relation entre l'entreprise et le salarié. Dans ce cas là, l'entreprise devra faire la démarche auprès de la Cafat. Nous essayons parallèlement d'être proactifs, de pouvoir avoir de la part des entreprises la liste des salariés qui auront été licenciés ou qui auront eu une interruption de leur contrat de travail.

Ces informations sont-elles déjà collectées ?

Nous n'avons pas encore ces informations mais nous pensons les avoir assez rapidement, d'ici la semaine prochaine ou la semaine suivante. Ceci étant, cela ne peut se faire qu'à partir du moment où nous aurons le feu vert de l'Etat pour le financement, et que les nouveaux textes auront été votés à la fois au gouvernement et au Congrès à travers la commission permanente. Il y a encore tout un travail législatif et de négociation à faire. On espère qu'il sera fait rapidement.

Vous parlez beaucoup du soutien de l'Etat. Vous attendez-vous à ce qu'il s'élève à 100% des dépenses ?

Les négociations sont en cours au niveau de la Nouvelle-Calédonie et de l'Etat mais on connaît tous les difficultés financières du territoire. Si l'aide de l'Etat n'est pas de 100%, elle sera tout de même très majoritaire.

Ce week-end, une vingtaine de patients calédoniens ont pu embarquer pour l'Australie grâce à un vol groupé d'Evasan. D'autres ont fait le chemin inverse à partir de Sydney. Avez-vous de la visibilité sur les prochains vols ?

Jusqu'à présent, nous n'avions pas beaucoup de visibilité car c'était du cas par cas avec des discussions entre la Nouvelle-Calédonie, l'État et Aircalin. Avec la reprise des vols sur Sydney, on peut espérer peut-être un peu plus de souplesse dans les allers-retours des Evasan. Par contre, nous sommes préoccupés en ce qui concerne les Evasan vers la Métropole, qui pour le moment sont toujours bloquées.