Christopher Gygès, membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, appelle tous les non-indépendantistes à "s'unir autour d'une force commune"

Interview de Christopher Gygès par Thérèse Waïa. ©nouvellecaledonie
Consultation des Calédoniens sur le PS2R, reprise des discussions sur l’avenir institutionnel, projet Starlink… Autant de sujets évoqués ce dimanche par Christopher Gygès. Le membre du gouvernement, en charge notamment de l’économie numérique, était l’invité du journal télévisé de NC la 1ère, ce 15 septembre.

À cinq jours de la clôture de la consultation en ligne des Calédoniens sur le PS2R, Christopher Gygès est venu exposer les attentes et le détail de ce plan de sauvegarde, de refondation et de reconstruction porté par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. C’était aussi l’occasion d’évoquer les négociations sur l’avenir institutionnel, alors que le FLNKS est plus que jamais divisé et la famille non-indépendantiste éclatée en plusieurs partis. Il était l'invité de Thérèse Waïa.


Plus de sécurité et moins d’impôts

Près de 1 400 personnes ont donné leur avis en ligne sur le plan de refonte de la Nouvelle-Calédonie. "Une vraie satisfaction" pour Christopher Gygès. "Ce n'est pas qu’un plan des politiques, c'est un plan aussi de la société civile", rappelle le membre du gouvernement.

Au cœur de leurs préoccupations : la sécurité, un "préalable", estime Christopher Gygès, "la situation sécuritaire n’[étant] pas réglée".

On a besoin d'avoir un chômage partiel et un fonds de solidarité jusqu’à la fin de l’année.

Christopher Gygès

Les Calédoniens demandent aussi plus de visibilité sur les aides économiques de l'État et du gouvernement, et sur leur durée. "On est à 45 milliards [de francs] dégagés par l'État depuis le début de la crise. C'est énorme, mais c'est aussi insuffisant. On a besoin d'avoir un chômage partiel et un fonds de solidarité [pour les entreprises et les patentés] jusqu’à la fin de l’année."

Enfin, les Calédoniens souhaitent davantage de "simplification", notamment sur la question fiscale. "On a 130 [types d’]impôts en Nouvelle Calédonie pour 270 000 habitants. On peut passer à des impôts à assiette large qui baissent la pression fiscale, notamment sur les classes moyennes et sur les classes qui travaillent."

Face au mille-feuille d'institutions et de collectivités, les Calédoniens attentent aussi des pouvoirs publics qu’ils "soient plus efficaces", relève Christopher Gygès.


Aller sur le terrain plutôt que d’imiter l’Hexagone

Le membre du gouvernement reconnaît qu’"il y a eu des échecs ces 30 dernières années", même si “aucune idéologie, aucune situation sociale ne peuvent justifier ce qui s'est passé". Les politiques publiques calédoniennes ont fait trop de "copiés-collés de la Métropole", estime Christopher Gygès.

"On peut faire mieux, faire plus de terrain et avoir un modèle institutionnel qui réponde mieux à des problématiques géographiques", indique le membre du gouvernement, en faisant référence indirectement au projet "d’autonomisation des provinces”" de Sonia Backès.

Comment faire société, alors qu’une partie du pays a été détruite pendant cette insurrection ? Pour Christopher Gygès, "le clivage n’est pas entre indépendantistes et non-indépendantistes mais entre ceux qui veulent détruire ceux qui veulent construire".


Retrouver une unité au sein de la famille non-indépendantiste

Et pour reconstruire la Nouvelle-Calédonie, notamment sur le volet institutionnel, Christopher Gygès estime qu’il n’est "jamais bon de discuter avec plusieurs interlocuteurs". "On préférerait discuter avec un FLNKS uni", précise le membre du gouvernement face aux dissensions actuelles au sein du front.

Ce besoin d’unité s’applique aussi aux non-indépendantistes, ajoute-t-il. "On souhaite partir unis aux prochaines discussions (..) Ça fait plusieurs réunions où l’on se voit entre non-indépendantistes pour travailler sur un projet commun et avoir une parole commune à Paris."

Après vingt ans de divisions au sein de la famille loyaliste, Christopher Gygès appelle les non-indépendantistes à "retrouver un peu l'esprit de 1977 (..) et à s’unir réellement à travers une force commune pour l’avenir". Référence au grand rassemblement organisé par Jacques Lafleur le 17 avril 1977. Près de 5 000 personnes s’étaient réunies au vélodrome Brunelet à Nouméa pour concrétiser l’union de plusieurs petites formations non-indépendantistes, au sein d’un même mouvement, face à la  revendication d’indépendance portée par l'Union Calédonienne.


Projet Starlink et cyberattaques

Christopher Gygès a également fait le point sur quelques gros dossiers relevant du numérique. Il espère que le projet Starlink, dont les satellites permettent un accès à Internet partout dans le monde, aboutira en Nouvelle-Calédonie "le rapidement possible". Adopté en deuxième lecture par le gouvernement il y a quelques semaines, ce projet sera bientôt présenté au Congrès, a-t-il rappelé. "Ça permet d'offrir du choix aux consommateurs (..). Il y a eu un avis favorable du CESE, du Conseil d'État. Donc le Congrès doit prendre ses responsabilités." 

Concernant les récentes cyberattaques dont ont été victimes l’OPT en mai, puis le fournisseur d’accès à Internet Lagoon en août, Christopher Gygès indique que les enquêtes "sont toujours en cours". Mais il estime aussi que la Nouvelle Calédonie "a de la chance d’être le centre de cyber-ressources du Pacifique” et qu’elle "est apte à gérer les cyberattaques".