Le gouvernement conservateur australien devra attendre au moins deux mois pour savoir si sa très courte majorité à la chambre des Représentants sera remise en cause par l'affaire de la double nationalité de certains membres.
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En Australie, sept parlementaires issus de plusieurs partis se sont retrouvés piégés par une clause obscure de la Constitution. Une clause qui interdit aux titulaires d'une double nationalité de siéger au Parlement. La coalition conservatrice du Premier ministre Malcolm Turnbul ne détient qu'un siège de majorité à la chambre basse. Or, le Premier ministre adjoint Barnaby Joyce, un représentant, s'est découvert une nationalité néo-zélandaise.
Le gouvernement pourrait être renversé
La Haute cour, qui a commencé à examiner le dossier jeudi, a décidé de le renvoyer au 10 octobre, avec une audience prévue sur trois jours. Si la justice disqualifiait Barnaby Joyce, le gouvernement pourrait être renversé. «Il est de toute évidence urgent d'éclaircir la situation», a déclaré à la presse le ministre de la Justice, George Brandis. La Haute cour avait été saisie de cinq cas de parlementaires qui se sont retrouvés à leur insu dans l'illégalité. Mais deux autres cas s'ajouteront au dossier à l'audience d'octobre, a-t-il précisé.
Héritée
Barnaby Joyce a annoncé il y a quelques jours qu'il était détenteur d'une nationalité néo-zélandaise héritée automatiquement de son père. Le Premier ministre adjoint, né en Australie, a refusé de démissionner. Deux autres membres du gouvernement sont concernés, les sénateurs Fiona Nash et Matt Canavan. Ce dernier a démissionné de son poste de ministre des Ressources après s'être découvert une nationalité italienne. La coalition conservatrice est déjà minoritaire au Sénat. La saga avait commencé en juillet avec la démission du sénateur vert Scott Ludman, également titulaire de la nationalité néo-zélandaise.
Pour se garantir d'une «puissance étrangère»
La clause sur la double nationalité a été introduite dans la Constitution de 1901 afin d'assurer que les parlementaires n'aient «aucune adhésion à une puissance étrangère». Cette disposition date d'une époque où les Australiens pensaient encore qu'ils devaient en premier lieu fidélité à la couronne britannique. Dans un pays où 50% de la population est née à l'étranger ou est née de parents immigrés, elle apparaît de plus en plus archaïque.
Coalition fragilisée
Le sénateur indépendant Nick Xenophon, piégé par sa nationalité britannique, a exigé que le statut de tous les parlementaires australiens soit passé au crible. «Si j'ai des problèmes, alors des dizaines d'autres au Parlement ont des problèmes», a-t-il déclaré sur Sky News mercredi. En dépit du danger qui menace la coalition formée par le Parti libéral du Premier ministre et le Parti national, Malcolm Turnbull s'est quant à lui dit confiant.