Le programme d'enseignement des langues Kanak au collège a été officialisé, mardi 22 mars. Vocabulaire, grammaire, orthographe ou encore conjugaison, les cours ainsi élaborés sont désormais mieux structurés.
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Ils sont écrits en A’jië, en Paicî, en Nengone ou encore en Drehu. Ces quatres nouveaux supports pédagogiques limités à ces quatre langues kanak sont des outils d’apprentissage qui viennent enrichir les cours de langues dispensés au collège.
Or depuis l’application de la loi Deixone, en 1992, relative à l’enseignement des langues et dialectes locaux, il n’existait pas de programme officiel d’enseignement dans le second degrè.
Invitée dans le journal du mardi 22 mars, Danielle Guaenere, chef du service enseignement langues et culture kanak au vice-rectorat précise que « dans le second degrè, il y a 11 langues qui sont enseignées mais seules, ces quatre langues ont été retenues puisqu’elles figurent comme option au baccalauréat.»
Désormais, les établissements scolaires seront obligés de proposer cet enseignement, même si, les langues vernaculaires restent facultatives.
Les cours de langues et de culture kanak seront mieux structurés avec un programme officiel pour tous les collèges.
Il aura fallu quatre années de travail en concertation avec les enseignants locuteurs concepteurs pour élaborer ces supports pédagogiques.
Ces outils ont été validés par l’académie des langues kanak puis par l’inspection générale et enfin par le ministère de l’éducation nationale.
Cette reconnaissance s’inscrit dans le droit fil de l’Accord de Nouméa.
Mais le chemin aura été long depuis la création du Bureau des Langues vernaculaires en 1979.
Kemjié Selefen est l’un des plus anciens professeurs de langues. Il a enseigné le Drehu pendant 20 ans dans les collèges et lycées de Nouméa, avant d’intégrer le vice-rectorat en 2010.
Kemjié Selefen au micro de Malia Noukouan
L’instauration de ce programme est certes un évènement marquant mais pas un aboutissement.
A terme, l’objectif est de consolider les enseignements de l’école maternelle au lycée et d’assurer un véritable statut aux intervenants locuteurs.
Le reportage de Sylvie Hmeun et Robert Tamanogi au collège Francis Carco à Koutio
D’une part, cela signifie que désormais, le A’jië Aro, le Paicî, le Nengone et le Drehu sont des langues d’enseignement inscrites dans le programme de langues vivantes du ministère de l’éducation nationale.
Et d’autre part, le CECRL : cadre européen commun de référence pour les langues, fixe les objectifs des établissements en matière d’apprentissage des langues régionales, en l’occurrence, celle des quatre langues kanak.
Pour ce faire, le conseil de l’Europe a développé une base commune pour les programmes de langues, les examens etc.
Ses principes :
A terme, le second palier qui fixe les niveaux attendus en fin de collège sera mis en place par le service enseignement langues et culture kanak au vice-rectorat dirigée par Danielle Guaenere.
Primaire
Elles sont enseignées depuis 2005, à l’école primaire, au niveau de la maternelle, en Province Sud.
Les provinces Nord et Îles mettent en place l’enseignement des langues maternelles dans leurs écoles depuis 1992.
Lycée
Les quatre langues kanak qui comptent le plus grand nombre de locuteur, au regard des chiffres du recensement de 2009, sont introduites dans les épreuves orales et écrites du baccalauréat : Drehu, Nengoné, Paicî et le A’jië.
Elles demeurent optionnelles. Elles sont enseignées à l'université.
DREHU : plus de 15 500 locuteurs- 2009 (ISEE)
NENGONE : plus de 8 000 locuteurs -2009 (ISEE)
PAICÎ : plus de 7000 locuteurs - 2009 (ISEE)
A’JIË ARO : plus de 5 000 locuteurs - 2009 (ISEE)
Ce programme d’enseignement des langues kanak au collège est le fruit de textes de lois successifs issus des accords de Matignon de 1988.
Avec l’Accord de Nouméa de 1998, le cadre juridique et institutionnel attribue aux langues kanak, « le statut de langues d’enseignement au même titre que le français ».
Ces langues vernaculaires, autrefois proscrites, sont désormais reconnues comme « langues d’enseignement et de culture ».
On peut lire, au point 1.3.3 du préambule de l’Accord de Nouméa que :
« Les langues kanak sont, avec le français, des langues d’enseignement et de culture en Nouvelle-Calédonie. Leur place dans l’enseignement et les médias doit donc être accrue et faire l’objet d’une réflexion approfondie. Une recherche scientifique et un enseignement universitaire doivent être organisés en Nouvelle-Calédonie. L’institut national des langues et civilisations orientales y jouera un rôle essentiel. Pour que ces langues trouvent la place qui leur revient dans l’enseignement primaire et secondaire, un effort important sera fait sur la formation des formateurs. »
Dans un article publié sur le site du vice-rectorat, Jacques Vernaudon et Léonard Sam, écrivait ceci : « L’enseignement des langues et de la culture kanak doit aider à développer les capacités à se connaître soi-même pour mieux s’ouvrir aux différences, à prendre conscience au travers des cultures de ce qui nous unit et de ce qui nous sépare et que la culture n’est pas un héritage figé mais une construction permanente.
Cet enseignement doit lutter contre les préjugés qui découlent de l’ignorance de la culture de l’autre, sources de la plupart des conflits. »
En Nouvelle-Calédonie, 15 langues kanak sont répertoriées dans l'Atlas des langues en danger.
L’UNESCO a publié un « Atlas des langues en danger dans le monde ». Cet ouvrage « vise à susciter une prise de conscience de la part des autorités, des communautés de locuteurs et du public en général à propos des menaces pesant sur les langues et du besoin de sauvegarder la diversité linguistique mondiale.
La dernière édition de l’Atlas (2010, disponible en anglais, français et espagnol par les Editions UNESCO ), répertorie environ 2 500 langues (dont 230 éteintes depuis 1950), chiffre qui s’approche de celui généralement accepté d’environ 3 000 langues en danger dans le monde. »
Moseley, Christopher (ed.). 2010. Atlas des langues en danger dans le monde, 3ème edn. Paris, Editions UNESCO.
Version en ligne:http://www.unesco.org/culture/en/endangeredlanguages/atlas
Or depuis l’application de la loi Deixone, en 1992, relative à l’enseignement des langues et dialectes locaux, il n’existait pas de programme officiel d’enseignement dans le second degrè.
Invitée dans le journal du mardi 22 mars, Danielle Guaenere, chef du service enseignement langues et culture kanak au vice-rectorat précise que « dans le second degrè, il y a 11 langues qui sont enseignées mais seules, ces quatre langues ont été retenues puisqu’elles figurent comme option au baccalauréat.»
Une première dans le système éducatif calédonien
Désormais, les établissements scolaires seront obligés de proposer cet enseignement, même si, les langues vernaculaires restent facultatives.
Les cours de langues et de culture kanak seront mieux structurés avec un programme officiel pour tous les collèges.
Il aura fallu quatre années de travail en concertation avec les enseignants locuteurs concepteurs pour élaborer ces supports pédagogiques.
Ces outils ont été validés par l’académie des langues kanak puis par l’inspection générale et enfin par le ministère de l’éducation nationale.
Cette reconnaissance s’inscrit dans le droit fil de l’Accord de Nouméa.
Mais le chemin aura été long depuis la création du Bureau des Langues vernaculaires en 1979.
Kemjié Selefen est l’un des plus anciens professeurs de langues. Il a enseigné le Drehu pendant 20 ans dans les collèges et lycées de Nouméa, avant d’intégrer le vice-rectorat en 2010.
Kemjié Selefen au micro de Malia Noukouan
Kemjié Selefen
L’instauration de ce programme est certes un évènement marquant mais pas un aboutissement.
A terme, l’objectif est de consolider les enseignements de l’école maternelle au lycée et d’assurer un véritable statut aux intervenants locuteurs.
Le reportage de Sylvie Hmeun et Robert Tamanogi au collège Francis Carco à Koutio
Le programme d’enseignement organisé en deux paliers
Ces quatre nouveaux outils se conforment au programme de palier 1 du CECRL.D’une part, cela signifie que désormais, le A’jië Aro, le Paicî, le Nengone et le Drehu sont des langues d’enseignement inscrites dans le programme de langues vivantes du ministère de l’éducation nationale.
Et d’autre part, le CECRL : cadre européen commun de référence pour les langues, fixe les objectifs des établissements en matière d’apprentissage des langues régionales, en l’occurrence, celle des quatre langues kanak.
Pour ce faire, le conseil de l’Europe a développé une base commune pour les programmes de langues, les examens etc.
Ses principes :
- apprendre une langue au travers de réalisations concrètes en classe et,
- accorder la primauté à la pratique de l'oral en classe
A terme, le second palier qui fixe les niveaux attendus en fin de collège sera mis en place par le service enseignement langues et culture kanak au vice-rectorat dirigée par Danielle Guaenere.
Nouvelle- Calédonie : coofficialité des deux langues
Primaire
Elles sont enseignées depuis 2005, à l’école primaire, au niveau de la maternelle, en Province Sud.
Les provinces Nord et Îles mettent en place l’enseignement des langues maternelles dans leurs écoles depuis 1992.
Lycée
Les quatre langues kanak qui comptent le plus grand nombre de locuteur, au regard des chiffres du recensement de 2009, sont introduites dans les épreuves orales et écrites du baccalauréat : Drehu, Nengoné, Paicî et le A’jië.
Elles demeurent optionnelles. Elles sont enseignées à l'université.
DREHU : plus de 15 500 locuteurs- 2009 (ISEE)
NENGONE : plus de 8 000 locuteurs -2009 (ISEE)
PAICÎ : plus de 7000 locuteurs - 2009 (ISEE)
A’JIË ARO : plus de 5 000 locuteurs - 2009 (ISEE)
Vers le destin commun
Ce programme d’enseignement des langues kanak au collège est le fruit de textes de lois successifs issus des accords de Matignon de 1988.A l’échelle nationale, en 1992 : la loi Deixone - loi 51-46 du 11 janvier 1992 - relative à l’enseignement des langues et dialectes locaux, est étendue au pays.Danielle Guaenere « les langues kanak ne doivent plus faire peur ».
Avec l’Accord de Nouméa de 1998, le cadre juridique et institutionnel attribue aux langues kanak, « le statut de langues d’enseignement au même titre que le français ».
Ces langues vernaculaires, autrefois proscrites, sont désormais reconnues comme « langues d’enseignement et de culture ».
On peut lire, au point 1.3.3 du préambule de l’Accord de Nouméa que :
« Les langues kanak sont, avec le français, des langues d’enseignement et de culture en Nouvelle-Calédonie. Leur place dans l’enseignement et les médias doit donc être accrue et faire l’objet d’une réflexion approfondie. Une recherche scientifique et un enseignement universitaire doivent être organisés en Nouvelle-Calédonie. L’institut national des langues et civilisations orientales y jouera un rôle essentiel. Pour que ces langues trouvent la place qui leur revient dans l’enseignement primaire et secondaire, un effort important sera fait sur la formation des formateurs. »
Dans un article publié sur le site du vice-rectorat, Jacques Vernaudon et Léonard Sam, écrivait ceci : « L’enseignement des langues et de la culture kanak doit aider à développer les capacités à se connaître soi-même pour mieux s’ouvrir aux différences, à prendre conscience au travers des cultures de ce qui nous unit et de ce qui nous sépare et que la culture n’est pas un héritage figé mais une construction permanente.
Cet enseignement doit lutter contre les préjugés qui découlent de l’ignorance de la culture de l’autre, sources de la plupart des conflits. »
Contexte mondial : reconnaissance des langues minoritaires
Cette reconnaissance des langues minoritaires s’inscrit une démarche à l'échelle mondiale.En Nouvelle-Calédonie, 15 langues kanak sont répertoriées dans l'Atlas des langues en danger.
L’UNESCO a publié un « Atlas des langues en danger dans le monde ». Cet ouvrage « vise à susciter une prise de conscience de la part des autorités, des communautés de locuteurs et du public en général à propos des menaces pesant sur les langues et du besoin de sauvegarder la diversité linguistique mondiale.
La dernière édition de l’Atlas (2010, disponible en anglais, français et espagnol par les Editions UNESCO ), répertorie environ 2 500 langues (dont 230 éteintes depuis 1950), chiffre qui s’approche de celui généralement accepté d’environ 3 000 langues en danger dans le monde. »
Moseley, Christopher (ed.). 2010. Atlas des langues en danger dans le monde, 3ème edn. Paris, Editions UNESCO.
Version en ligne:http://www.unesco.org/culture/en/endangeredlanguages/atlas