Comment composer avec la pénurie de fleurs importées ?

Parmi les filières victimes du Covid, le marché des fleurs. Voilà des mois que le plus important importateur de Nouvelle-Calédonie ne peut plus s'approvisionner en Nouvelle-Zélande. Les professionnels se rabattent sur les fleurs locales ou séchées, mais ça ne suffit pas à garantir leur activité.
En temps normal, René Gervolino importe de Nouvelle-Zélande 200 kilos de fleurs fraîches par semaine. Mais depuis le mois de février, il ne peut plus le faire. Son activité s'avère au point mort.
 

Je ne vois pas pourquoi on ne peut pas faire un vol sur la Nouvelle-Zélande, alors que le Vanuatu va aller nous chercher des fleurs, de Port-Vila à Auckland, pour retour à Port-Vila, et on va les acheminer avec un ATR, de Port-Vila sur Nouméa. Normalement, fin septembre, je devrais avoir des fleurs. Je suis étonné de cette manœuvre. 
- René Gervolino, importateur de fleurs depuis 1986

 
 

Coût et délais

Importer des fleurs de Métropole, de Thaïlande ou de l’Equateur coûte trop cher et peut s’avérer très long, en termes d'acheminement. Les fleuristes calédoniens n’ont pas d’autres choix que de composer avec des produits locaux. Principalement des roses, des gerberas et des anthuriums.
 

On a moins de clientèle, donc une diminution du chiffre d'affaires, c'est sûr. Encore heureux qu'on a des fleurs locales parce qu'autrement, on serait à l'arrêt de notre profession. Sans fleur, pas de fleuriste ! 
- Mireille Lévy, gérante d'un commerce de vente de fleurs

 

Pas du fret prioritaire

Pour le gouvernement et la compagnie Aircalin, cette situation est due au contexte de pandémie du coronavirus. Les rotations sont passées d'une trentaine d'avions à sept par semaine. Concernant le fret, les produits médicaux et alimentaires sont prioritaires. 
 
 

Risques de fermeture

Cette autre fleuriste ne cache pas son désarroi. Pour s’en sortir, Elisabeth Rivière a misé sur les fleurs séchées. Mais dans ce contexte, elle va tout de même devoir fermer une de ses boutiques.
 

On entend bien qu'il y a cette difficulté, et qu'il y a des priorités. Mais il faut aussi que l'on puisse travailler. Même si on doit avoir une importation par mois, voire deux, au lieu d'en avoir une par semaine, je pense qu'on fera avec. Mais il nous faut quand même un peu d'aide. 
- Elisabeth Rivière, gérante d'un commerce de vente de fleurs

 

Même la production locale

A plus ou moins long terme, le principal producteur de fleurs locales pourrait être également rattrapé par cette situation. Ses plants-mères doivent être régulièrement renouvelés. Mais il ne peut plus en importer. L'avenir du secteur ne s'annonce pas florissant...

Un reportage de Natacha Lassauce-Cognard et Gaël Detcheverry :
©nouvellecaledonie