Congrès, calendrier politique, comité des signataires, Ruamm… Ce qu'on peut retenir de l'entretien de Milakulo Tukumuli, président de l'Eveil océanien

Milakulo Tukumuli invité du JT le dimanche 31 juillet 2022.
Depuis trois ans, l’Eveil océanien joue les arbitres de la politique en Nouvelle-Calédonie. Comment se positionnera-t-il à la fin du mois, pour le renouvellement de la présidence au Congrès ? Quel est son regard sur l’avenir institutionnel en général et le comité des signataires en particulier ? Ou sur une éventuelle chute du gouvernement Mapou ? Auatnt de sujets abordés avec le président de l’EO, Milakulo Tukumuli, ce dimanche sur NC la 1ère.

Trois élus boulevard Vauban, un membre du gouvernement, des conseillers municipaux dans les quatre premières villes de Calédonie. Et la capacité, plusieurs fois éprouvée au Congrès, de faire basculer la majorité dans un sens ou l'autre. "L’Eveil océanien porte beaucoup de responsabilités", a posé son président dimanche soir, dans le JT de NC la 1ère. Voici ce qu'on peut retenir de l'interview.

"Aucune décision arrêtée" pour la présidence du Congrès

Le parti de Milakulo Tukumuli sera attendu au tournant, à la fin du mois, quand il s'agira d'élire le nouveau bureau du Congrès. L'EO va-t-il donner une fois encore ses voix aux indépendantistes ? Réponse de son président, par ailleurs à la tête de la commission permanente : "Les discussions vont se faire et je pense qu'aucune décision aujourd'hui n'est arrêtée." Et plutôt que le terme de "stratégie", l'invité parle de "volonté" : "stabiliser nos institutions parce que dans quelques semaines va s'ouvrir l'un des chapitres les plus importants de notre Histoire, c'est parler de notre avenir. Il faut qu'au niveau institutionnel, en tout cas localement, les choses soient apaisées."

Depuis trois ans maintenant, nous organisons le paysage politique institutionnel. C’est une lourde responsabilité quand on est charnière. Il faut l’aborder avec beaucoup d’humilité, de sagesse et d’intelligence. 

Milakulo Tukumuli, président de l'Eveil océanien

Concernant une éventuelle chute du gouvernement Mapou, dont un membre est Vaimu'a Muliava de l'EO, "je n'ai pas à être pour ou contre", déclare Milakulo Tukumuli. Mais serait-ce une bonne chose ? "Ça dépend pour faire quoi après. Quelle majorité pour remonter, quel programme, quelle visibilité, quelle lisibilité nous donnons au pays... Quelle image nous donnons aux Calédoniens à l'heure où nous devons trouver un consensus sur l'avenir institutionnel."

Nous devons collectivement sortir des postures politiques. Localement, ça marche. Mais quand il s'agit de construire l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants, nous devons sortir des postures politiques.

Milakulo Tukumuli

Des inquiétudes sur le calendrier

Interrogé sur sa position concernant l'avenir institutionnel, le président de l'Eveil océanien se dit "très inquiet d'un point de vue du calendrier. Le référendum s'est tenu en partie le 12 décembre 2021 pour avoir dix-huit mois pour discuter et trouver un consensus. Le constat, c'est que depuis le 12 décembre (…), il n'y a rien qui se passe. Nous devons trouver un consensus politique avant juin 2023 et ensuite, transformer cet accord politique en accord juridique, parce que des élections vont avoir lieu en mai 2024." 

On milite pour trouver une solution calédonienne, entre partenaires politiques calédoniens. En tout cas dessiner les 80 % de convergence sur l'avenir institutionnel. Et ensuite aller le présenter à l'Etat et discuter éventuellement des points de divergence.

Milakulo Tukumuli

Comité des signataires : "une très bonne chose"

Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer l'a annoncé à la mi-juillet, le comité des signataires doit faire son retour, à Paris, en septembre. "Une très bonne chose", estime Milakulo Tukumuli. "Si le comité des signataires se tient dans des conditions normales où tout le monde est autour de la table, bien sûr, on ira", ajoute-t-il, avant de glisser : "Je crois comprendre que début de semaine, courant de semaine, il y aura des contacts téléphoniques en haut lieu avec Paris pour discuter du fond, de la forme, etc."

Cette remarque en passant : "Je constate que ces dernières semaines, il y a eu trois petites maladresses avec le faux départ de Braun-Pivet pour venir en tant que ministre des Outre-mer, pareil avec Ms Darmanin et Carenco. Et puis avec cette convocation au comité des signataires."

"Quasiment un alignement entre l'Etat et les loyalistes"

Le dimanche précédent, le président du Rassemblement démocratique océanien s'exprimait pour le FLNKS sur notre plateau. Aloisio Sako a déclaré en substance que les loyalistes devaient désormais s'écarter et lasser la place à la représentation nationale. "Les Accords de Matignon ont été signés avec trois partenaires, que sont les loyalistes, les indépendantistes et l'Etat censé être impartial et neutre", répond Milakulo Tukumuli non sans un petit rire. "Avec les récents événements, et notamment la nomination de la présidente de la province Sud comme secrétaire d'Etat, je peux comprendre que les indépendantistes [se posent] des questions, parce qu'il y a quasiment un alignement entre l'Etat et les loyalistes."

Regard sur les législatives

La Calédonie sort d'une séquence politique - les législatives - durant laquelle l'Eveil océanien n'a pas donné de consigne à ses électeurs. Son président a toutefois émis "une position personnelle" : le souhait que la Calédonie ait un député indépendantiste et un député loyaliste. "Oui, j'avais fait cette déclaration, toujours dans l'ADN du mouvement, qui consiste à dire que nous ne pouvons pas faire (…) sans l'autre", a-t-il développé dimanche. "Nous sommes condamnés à vivre, à travailler, à imaginer le futur, ensemble."  

Il me paraissait normal, au vu des résultats des trois référendums, où on a l'impression que la Calédonie est coupée presqu'en deux parts égales, d'avoir ces deux sensibilités.

Milakulo Tukumuli

Rappelons qu'au terme du scrutin, les deux sièges sont revenus aux candidats, loyalistes, de la majorité présidentielle. 

L'urgence de sauver le Ruamm

Au chapitre des dossiers jugés prioritaires, l'invité du JT estime qu'"il y a beaucoup d'urgences en termes de politiques publiques". A commencer par "sauver le Ruamm" et "réaugmenter les recettes fiscales qui vont abonder l'ensemble des collectivités". Les propositions des élus Eveil océanien quant au déficit du Ruamm ne sont d'ailleurs pas passées inaperçues.

"L'inter-patronale m'accusait de venir 'péricliter' le travail concernant la réforme fiscale. Je considère que le travail que nous avions fait à l'Eveil océanien vient au contraire compléter la réflexion", défend Milakulo Tukumuli. "C'est un travail qui existe, il n'est pas parfait. Il demande à avoir les partenaires associés pour abonder, améliorer le texte. C'est le consensus que nous avons trouvé", et d'annoncer une rencontre cette semaine. "On réunira les partenaires. À la fois du patronat, des salariés et du gouvernement pour regarder comment, sur cette base de travail, on arrive à trouver un consensus global."

Face à la pénurie des professionnels de santé

"Comment inciter les professionnels de santé à s'installer en Calédonie ?", demande un internaute. "Le système de santé calédonien fonctionne très bien, c'est son système de financement qui fonctionne très mal", lance le président de l'EO. "C'est pourquoi nous avons déposé notre texte sur le Ruamm. La première réponse est celle-là, il faut déjà avoir les moyens de payer nos personnels de santé pour rendre attractif. 2, je crois comprendre que de manière globale, nous avons des problèmes de sécurité. Il faudra travaille une concertation avec les provinces le haut-commissaire aussi, pour regarder comment on arrive à améliorer ces conditions. Et enfin reparler du numerus clausus concernant les professionnels de santé."


Autre question posée via notre page Facebook : "Souhaitez-vous instaurer une taxe sur l'extraction minière et sur l'exportation du minerai plutôt que de taxer les Calédoniens ? " Réponse dans l'entretien complet avec Steeven Gnipate :

©nouvellecaledonie