Le Congrès révise la retraite des fonctionnaires territoriaux

Le Congrès a adopté ce jeudi une délibération portant sur le régime de retraite des fonctionnaires territoriaux. S'ils le désirent, ils pourront travailler jusqu'à 67 ans au lieu de 65 aujourd’hui et bénéficier, sous conditions, de retraites indexées, même au delà de six mois d’absence.

Travailler jusqu’à 67 ans s’ils le souhaitent 

67 ans, c’est l’âge auquel les fonctionnaires territoriaux pourront désormais partir à la retraite. Jusqu’à présent, l’âge limite était fixé à 65 ans. Désormais, les salariés de la fonction publique de la Nouvelle-Calédonie qui en font la demande pourront, certificat médical à l’appui, exercer leur activité deux ans de plus. Une mesure « conforme au train de l’histoire » qui prend en compte l’allongement de la durée de vie pour l’Avenir en Confiance et Calédonie Ensemble, mais préoccupante pour l’emploi des jeunes pour Nicolas Metzdorf qui a donc choisi de s’abstenir.
« Si on décale l’âge de départ à la retraite de deux ans, c’est des postes qu’on gèle en plus pour des jeunes calédoniens qui arrivent sur le marché du travail et qui ne trouvent pas de travail » explique l’élu sans étiquette. «  On ne peut pas dire dans chaque campagne électorale que la jeunesse, c’est important, il faut du travail pour nos jeunes et ne pas évaluer l’impact négatif qu’a le recul de l’âge de départ à la retraite dans la fonction publique ».
 

Le maintien de l’indexation logique pour les uns

Autre volet de cette délibération : la modulation de la suspension de l’indemnité de résidence, autrement dit de l’indexation, pour les retraités qui s’absentent plus de 183 jours ou qui quittent définitivement le territoire.
Jusqu’à présent, les premiers perdaient la totalité de leur indemnité de résidence au-delà de six mois d’absence et pendant le délai de carence de trois mois après leur retour.  Quant aux seconds, l’indemnité était suspendue dès le premier jour du départ définitif.
Dorénavant la suspension de l’indemnité se fera à compter du 183ème jour, au prorata des années travaillées après 2005. A partir de cette date là, les fonctionnaires territoriaux ont payé leurs cotisations sur les salaires indexés.
Les retraités pourront donc ainsi désormais conserver la partie de leur indemnité correspondant aux cotisations sur les années travaillées après 2005.  
«  Les fonctionnaires territoriaux cotisent tout au long de leur vie sur leurs salaires indexés. Aujourd’hui, il est important qu’ils gardent cette indexation qui participe aussi à leur pouvoir d’achat et qui est important en Nouvelle-Calédonie aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle nous avons réaffirmé notre positionnement de maintien de cette indexation pour les fonctionnaires territoriaux » indique Virginie Ruffenach, chef du groupe Avenir en confiance. 
 

Favoriser la fuite des capitaux pour les autres

Les élus indépendantistes, notamment ceux de l’UNI, ont voté contre cette mesure estimant qu’elle encourage les retraités à vivre hors du pays et favorise « la fuite des capitaux hors du circuit économique et au détriment donc des intérêts de notre pays ». 
« Ceux qui sont concernés là sont ceux qui ont cotisé sur la base d’un salaire indexé. Leur donner la possibilité de pouvoir bénéficier d’une retraite indexée à l’extérieur, çà me semble beaucoup, compte tenu du fait notamment que l’écart du coût de la vie à l’extérieur est souvent moindre » expliquait lors des débats Louis Mapou, chef du groupe UNI. 
D'autant que mathématiquement, les fonctionnaires qui n'auront cotisé qu'à partir de 2005, au moment de prendre leur retraite, n'auront plus de conditions de résidence à remplir pour toucher une retraite indexée pleine. Ils pourront alors choisir de vivre où bon leur semble. 
Au-delà du cas spécifique des retraités en exil, cette délibération relance, une fois de plus, le débat de fond de l’indexation.
Le reportage de Caroline Antic-Martin et Gaël Detcheverry 
©nouvellecaledonie
L’indexation de la retraite, un exemple chiffré
Prenons l'exemple d'un retraité qui touche une indemnité de résidence de 100 000 francs répartie en 70 000 francs pour les années travaillées avant 2005 et 30 000 francs pour les années post 2005.

-Si le retraité quitte définitivement la Nouvelle-Calédonie, au lieu de perdre 100 000 francs d’indemnités, il ne perdra que 70 000 francs.
-Si le retraité s’est absenté par exemple huit mois de la Nouvelle-Calédonie :
Son indemnité sera suspendue (pour les années travaillées avant 2005) sur les septième et huitième mois soit 70 000 francs par mois, 
Plus un délai de carence de trois mois durant lesquels il perdra 70 000 francs au lieu de 100 000 auparavant.
Et au terme du délai de carence, si le retraité n’est pas reparti entre temps, il percevra à nouveau son indemnité complète de 100 000 francs.