Le cours du nickel hésite, résiste et entame 2019 dans le vert

Mineur calédonien sur le massif de nickel du Koniambo en Nouvelle-Calédonie
À la Bourse des métaux de Londres, le nickel a tenu bon pour cette première séance de l’année. Il gagne 1,40 % mais a perdu plus de 12 % sur un an. L’activité manufacturière en baisse et les tensions internationales freinent toute reprise, au moins dans l'immédiat...
 
Les métaux de base sont sous pression. L’industrie mondiale de l’acier inoxydable subit l’effet de la guerre commerciale entre Etats-Unis et Chine et le ralentissement de la demande en métaux industriels. Les investisseurs redoutent un atterrissage brutal des économies asiatiques mais rien n'est certain...

Le nickel est tombé à 10.550 dollars mercredi matin à Londres, retrouvant ainsi son niveau d’octobre 2017, avant de remonter à 10.827 dollars la tonne en soirée. "Le nickel subit des ventes fortes à la Bourse des métaux de Londres, elles ont augmenté de 19 %, les investisseurs ont tendance à alléger leur portefeuille" a indiqué Alastair Munro, analyste de Marex Spectron à la Bourse des métaux de Londres. Ces ventes ont pesé sur les cours, qui se sont inscrits dans le rouge en matinée, avant de se reprendre mercredi en fin de journée : " Les prix du nickel ne sont tout simplement pas à un niveau durable et acceptable, ils sont trop bas, incohérents et susceptibles d’achats opportunistes" a estimé Oryx Commodities, une agence d’analyse des matières premières basée à Genève.

La publication, mercredi matin, des chiffres du secteur industriel en Chine au mois de décembre a pesé sur le moral des marchés. L’indicateur manufacturier chinois (PMI) se situe de nouveau en repli à des creux jamais vus depuis mai 2017. L’indice de référence de la Bourse de Hong Kong (Hang Seng) a chuté de 2,8 % pour sa première séance de l’année, son pire démarrage depuis 2016, année de la crise du nickel. La production chinoise a pourtant légèrement augmenté fin 2018, après deux mois de stagnation. Mais les nouvelles commandes se sont infléchies pour la première fois depuis juin 2016, conséquence d'une demande plus faible. Pour le deuxième mois consécutif, les entreprises ont diminué leur production et leurs importations de matières premières. La croissance du produit intérieur brut de la Chine est ainsi tombée à 6,5 % au troisième trimestre 2018, contre 6,7 % le trimestre précédent.

En Allemagne, au Royaume-Uni et au Japon, les indices PMI de productions industrielles connaissent aussi des creux significatifs. Seul l’indice manufacturier PMI de Chicago baisse moins que prévu.

Dans ce contexte déjà tendu où l’activité du secteur manufacturier se dégrade, la Chine hausse le ton avec Taïwan et annonce qu’elle ne renoncera pas au recours à la force pour réunifier le pays. La Chine considère toujours Taïwan comme une de ses provinces. Le président chinois a averti que Pékin se réservait "le droit de prendre toutes les mesures nécessaires". Les tensions entre les deux pays, qui sont des acheteurs très importants de nickel calédonien, constituent un nouvel élément négatif pour le commerce mondial, un de plus. La Chine a importé de Nouméa près de 20.000 tonnes de nickel métal (ferronickel) et Taïwan 5.359 tonnes, sur les 9 premiers mois de 2018, selon les dernières statistiques mondiales du nickel publiées par l’INSG. "Le marché du nickel est étroit, on souffle le chaud et le froid, la Chine ralentit mais c'est relatif, elle se cherche un exutoire et c'est Taïwan" conclut Jean-François Lambert, consultant chez Lambert Commodities et expert du cercle Cyclope.

Nickel cours à trois mois le 3-01-2019 10.827 dollars la tonne +1,40 %. Londres 17:40 PM