En mettant la planète à l’arrêt, notamment le secteur de l’aérien, la pandémie de Covid-19 a mis au chômage forcé de nombreux employés de la compagnie Aircalin. Certains ont dû se résoudre à la reconversion. Témoignages de deux d'entre eux.
Il y a un an et demi encore, sa vie professionnelle était toute tracée. Ludmilla Colomina était en charge de la gestion des passagers VIP à Aircalin. Elle travaillait depuis huit ans pour la compagnie, quand la crise sanitaire a chamboulé le transport aérien international. Et ses projets. "J’adorais mon métier !", confie la jeune femme. "Malheureusement, voilà... C’est comme ça."
Une centaine d'employés concernés
Comme une centaine d’employés d’Aircalin, Ludmilla a bénéficié d’un plan de départs volontaires, moyennant une prime. Forcée à la remise en question, elle a choisi d’investir dans l’entreprise familiale et de devenir primeure à Nouméa. Un changement de vie radical, qu’elle n’avait pas envisagé jusque-là.
S’il n’y avait pas eu de crise, je serais toujours chez Aircalin. Je ne me posais même pas la question de changer de métier. Je pense que j’avais un bel avenir, c’est ça qui est un peu triste dans cette histoire. Mais je me dis que j’ai quand même réussi à rebondir.
Nouveau projet de vie
"On est en co-gérance, avec maman", ajoute-t-elle. "Je sais que j’ai quelque chose chose à moi, pour lequel me battre et qui va, j’espère, durer." Le projet semble bien engagé. En l’espace de quelques mois, la nouvelle gérante, âgée de 29 ans, a développé la communication de la société familiale sur les réseaux sociaux, gagné de nouveaux clients, et triplé le chiffre d’affaires. Une recrue de choix, pour sa mère Liana.
De steward à restaurateur
Autre virage à 180 degrés, sans sortie de route, celui d’Yvan Dufour, aujourd’hui auto-entrepreneur dans la restauration. Hier, steward. "Le contact clientèle, c’était vraiment ce qui me plaisait à bord des avions", compare-t-il. "Au niveau du management, comme j’étais chef de cabine, je retrouve une équipe à gérer. C’est ce qui me plait aussi. Et les petits coups de bourre, de rush…"
Un vieux rêve
A la tête de deux snacks à Nouméa, et de six employés, Yvan réalise un vieux rêve qu’il n’aurait jamais pensé concrétiser. Rien ne le poussait à sortir de sa zone de confort… jusqu’à ce que la pandémie ne mette son employeur à genoux.
La situation économique d’Aircalin commençait à devenir compliquée. Ils ont commencé à faire un plan social et ils ont proposé un plan de départs volontaires, que j’ai accepté. Ça a été une décision super compliquée car c’était un métier de passion.
Crise à long terme de l'aérien
Un changement de cap difficile, qui a aussi permis de se découvrir des ressources insoupçonnées. En résistant à la crise de tout un secteur, qui ne devrait pas retrouver son niveau normal avant 2024.
Des portraits croisés signés Loreleï Aubry et Cédric Michaut :