Entre les mains de François, la facture des frais d'obsèques de son cousin, terrassé par le coronavirus à la fin du mois de septembre, au Médipôle. A coté de lui, la soeur du défunt. Ils ne sont pas encore remis du choc engendré par ce décès, mais veulent régler au plus vite le coût des funérailles.
"Différence de coûts"
Il y a trois mois, ils étaient déjà confrontés à pareille situation. "Je compare un peu les frais. Ma mère a été enterrée sur Nengone. Le grand frère a été enterré là", explique François en montrant un cimetière de Nouméa. "Eh bien, i y a une sacrée différence, en termes de coût. C'est comme s'il était mort hier, il a été enterré aujourd'hui, on a pour plus de 300 000 F de frais. Ma maman, c'était le transfert jusqu'à Maré", ainsi que les frais consécutifs. "Avec l'aide de la province et de la commune, il ne nous restait à payer que 275 000F."
Grâce au soutien financier de la famille, il a pu payer une partie de la facture due à l'opérateur funéraire. Restait à s'acquitter de 133 000F, à laquelle devaient s'ajouter le prix de la concession et les prestations liées à la salle de veille du centre municipal de Nouméa.
"Déjà, c'est dur et en plus..."
En ces temps d'épidémie, c'est une situation difficile à vivre, pour les familles qui font la douloureuse expérience de perdre un ou plusieurs proches. "Déjà, c'est dur pour nous de perdre un être cher dans la famille ", souffle François avec émotion, "mais en plus on doit payer cher pour le mettre sous terre."
Seule consolation pour cette famille, l'épouse du défunt, qu'une équipe de NC la 1ere avait rencontrée dans une unité Covid du Médipôle, va mieux. Elle a été transférée en hospitel. Et sa fille aînée, également malade du Covid, est tirée d'affaire.
Un reportage de Thérèse Waïa et Cédric Michaut :
"On a préféré le paiement en plusieurs fois"
Autre histoire, parmi d'autres, celle de cette jeune femme qui a perdu sa grand-mère et son grand-père du coronavirus en moins d'une semaine. Au-delà de la souffrance, sa famille a vite été confrontée à une autre réalité, financière cette fois.
Pour acquérir un cercueil et transporter une dépouille vers la morgue, elle évoque ainsi une somme d'"environ 375 000F". "On a préféré le paiement en plusieurs fois et se donner la main entre les enfants et les petits-enfants", a-t-elle raconté à NC la 1ere.
Faute de coutume, la solidarité familiale organisée autrement
Alice a pour sa part perdu son oncle le 16 septembre, en plein confinement. Et s'il n'est pas décédé du Covid, la prise en charge du défunt a été affectée par la crise sanitaire : la dépouille du défunt, originaire de Lifou, a due être conservée sur Nouméa pendant une quinzaine de jours.
"Ça fait deux semaine qu'il repose à la morgue", a-t-elle témoigné dans un reportage diffusé sur NC la 1ere lundi 4 octobre. "On s'attend à une grosse facture et là, c'est la solidarité familiale qui va jouer."
Or, l'impossibilité d'organiser, comme à l'habitude, des cérémonies coutumières a compliqué les choses. "On ne peut pas se rassembler pour la coutume. Du coup, on se fait des virements. Au niveau de notre famille, on a demandé à tous ceux qui travaillent de cotiser, tous les cousins, cousines, neveux et nièces.".
Frais d'obsèques par temps de Covid, deux témoignages recueillis par Alix Madec.